lundi 28 mars 2011

Quelle est votre philosophie, monsieur Martin ?

http://ruefrontenac.com/mleclerc/35519-martin-leclerc-jacaques-martin

La chronique de Martin Leclerc
Dimanche, 27 mars 2011 13:27
Comment trouvez-vous Jacques Martin par le temps qui court ? Personnellement, je le trouve très digne.
Voilà une équipe qui a perdu des membres importants de sa brigade défensive très tôt au cours de la saison. Brigade défensive qu’on a dû regarnir et réinventer à la va-vite en concluant quelques transactions à rabais.
Le corps défensif du Canadien repose depuis longtemps sur une recrue (P.K. Subban) et un vétéran qu’on surutilise (Roman Hamrlik). Et pourtant, le CH figure toujours parmi les bonnes équipes défensives de la LNH.
Voilà aussi une équipe qui mise sur un noyau d’attaquants expérimentés, mais très ordinaires. Et jusqu’à la dernière semaine, à peu près tout le monde s’en accommodait fort bien.
Le Canadien est à peu près assuré d’une place en séries, mais il vient de se faire blanchir trois fois de suite pour la première fois depuis 1949. Ce n’est quand même pas anodin. Il y a des blessés, il y a des joueurs qui endossent l’uniforme même s’ils sont mal en point. Mais ça ne peut expliquer une telle façon de jouer et un niveau d’engagement aussi faible.
On dirait que le Canadien a un problème de philosophie. De philosophie d’équipe et de philosophie d’entreprise.
Pour mieux illustrer mon propos, je vous soumets cette citation que j’ai prise dans le livre Leading with the Heart, de Mike Krzyzewski. « Coach K », comme on le surnomme, est le légendaire entraîneur des Blue Devils de Duke, l’une des plus grandes équipes de basket-ball universitaire américain. Et Krzyzewski est peut-être le plus grand entraîneur de sa génération.
Je consomme énormément de biographies et d’ouvrages rédigés par des entraîneurs. J’aime connaître leur philosophie, leur façon d’aborder les moments décisifs dans la vie d’une équipe et leur façon de mener des hommes. Et ce passage du livre de Coach K m’est toujours resté en mémoire.
Et je cite :
La seule promesse que je puisse faire à un joueur, c’est que je vais être honnête et juste, et qu’il sera récompensé en fonction de ses performances. « Juste mais pas égaux », c’est ma philosophie.
Je serai juste dans tout ce que je ferai, mais les joueurs ne seront pas égaux en ce qui concerne le temps de jeu. Si je répartissais le temps de jeu de façon égale entre chaque joueur, je ne serais pas juste envers l’équipe dans son ensemble. Parce qu’il se peut fort bien que le groupe soit plus efficace si tel joueur dispute 30 minutes de jeu et que tel autre en joue seulement dix.
Répartir le temps de jeu de façon égale serait aussi injuste envers certains individus qui font partie de l’équipe. Si, par son travail acharné et l’excellence de ses performances, un joueur démontre qu’il mérite 30 minutes de temps de jeu, il doit donc obtenir 30 minutes de temps de jeu.
Les gens qui méritent plus doivent en faire plus.
Cet accord avec mes joueurs, que je conclus d’une poignée de main, est un contrat clair et honnête. Il n’y a rien de caché. Tout est sur la table et rien n’est fait à l’insu de qui que ce soit.
Fin de la citation.
Je ne m’étendrai pas sur les performances de chaque vétéran ou de chaque membre du soi-disant noyau du Canadien. Ce serait ridiculement long. Je ne parlerai même pas de Scott Gomez.
Mais avez-vous l’impression qu’un pacte semblable à celui de « Coach K » existe chez le Canadien ?
À peu près tous les gens qui suivent cette équipe se rendent compte que la répartition du temps d’utilisation des joueurs est à la fois injuste envers l’équipe et injuste envers les athlètes qui démontrent qu’ils méritent plus et qu’on devrait leur en demander plus.
Je trouve Jacques Martin très digne, donc, d’avoir rigoureusement suivi le plan de développement de l’organisation jusqu’ici. Je le trouve aussi très bon d’avoir tenté de protéger les considérables investissements faits par la direction sur un groupe d’attaquants qui ne produit pas de façon constante et dont les contrats sont encore valides pour plusieurs années. Et Martin mérite le respect pour avoir témoigné d’une telle loyauté envers ses vétérans durant tout de temps.
Mais là, il faut que ça finisse.
Qui est dans la course au Vézina ?
Alors que s’écoulent les derniers matchs du calendrier régulier, le débat entourant l’identité du lauréat du trophée Vézina suscite encore des discussions animées aux quatre coins de l’Amérique du Nord.
Mettons un peu de côté la sentimentalité et les discussions de taverne et tenons-nous en aux faits.
• Depuis 2005-2006, tous les lauréats du trophée Vézina ont remporté au moins 41 victoires, sauf Tim Thomas (2008-2009), qui avait signé 36 gains en 54 sorties seulement.
• Durant cette période, tous les lauréats du trophée Vézina ont maintenu une fiche d’au moins 11 matchs au-dessus de la barre de ,500.
• Tous les gardiens qui ont reçu ce trophée au cours des cinq dernières saisons avaient bouclé le calendrier au premier ou au second rang en ce qui a trait à la moyenne de buts alloués ou à la moyenne d’efficacité. La seule exception étant Martin Brodeur en 2007-2008, qui avait terminé au quatrième rang dans les deux catégories, mais qui avait récolté un impressionnant total de 44 victoires.
Cette saison, pour la première fois depuis le lock-out, il pourrait n’y avoir aucun gagnant de 40 matchs parmi les gardiens de la LNH. En écartant le critère des 40 victoires, on se rend compte que trois gardiens seulement connaissent une saison répondant aux standards d’excellence maintenus par les lauréats du trophée Vézina au cours des cinq dernières années. Les voici :
Tout juste derrière Thomas, Rinne et Luongo, on retrouve un autre groupe de cinq gardiens qui connaissent aussi une excellente saison et qui présentent des statistiques qui se valent. Mais aucun ne répond aux critères mentionnés plus haut.
Hockey-Québec et ses représailles : c’est reparti !
J’ai publié l’an dernier cette chronique qui avait soulevé une véritable tempête d’indignation à l’endroit de Hockey-Québec.
Cette chronique racontait l’histoire du programme de hockey du Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, qui était extrêmement innovateur et bien structuré, mais qui évoluait à l’extérieur des cadres de Hockey-Québec.
Les dirigeants de la fédération avaient alors multiplié les manœuvres pour nuire au bon fonctionnement de ce programme. Ils avaient été jusqu’à intervenir pour empêcher l’équipe du SSJ de louer des heures de glace. On avait même fait exclure l’équipe du SSJ de tournois disputés aux États-Unis. Aussi, on avait menacé d’exclusion ou de suspension d’un an les joueurs qui faisaient partie de cette équipe et qui auraient pu être tentés, la saison suivante, de réintégrer les rangs d’une équipe affiliée à Hockey-Québec.
Résultat : quelques-uns des plus beaux talents québécois avaient plié bagages pour aller porter les couleurs du collège Notre Dame… en Saskatchewan.
Ce week-end, des lecteurs m’ont fait remarquer qu’il y a de vieux réflexes qui ne se perdent pas au sein de la fédération. Voici le texte qu’on retrouve sur la page d’accueil des Conquérants AA, une organisation de la Rive-Nord qui supervise les meilleurs hockeyeurs de Terrebonne, Lachenaie et Blainville, entre autres :
Résolution 2011-001. Il est proposé par M. Denis Sarazzin, président de l’AHM Terrebonne et seconder (sic) par M. Philipe Magenat président de l’AHM Blainville la résolution suivante : Seul un joueur (euse) ayant évolué pour une équipe fédérée en 2010-2011 pourrait recevoir une invitation pour participer aux camps des Conquérants. Adopter (sic) à Lachenaie le 5 mars 2011 à l’unanimité des représentants de la concession des Conquérants.
À quoi rime cette résolution ? Depuis quelques années, il existe à Terrebonne un programme de hockey (le programme Ulysse) qui n’est pas lié à Hockey-Québec et qui est extrêmement bien structuré. Et parce que nous vivons dans une société libre, de nombreux joueurs ont décidé ces dernières années de quitter les rangs de Hockey-Québec pour adhérer au programme d’Ulysse.
Et voilà que les mêmes menaces d’exclusion refont surface. Hockey-Québec est-elle une secte dont on ne peut sortir pour aller voir ailleurs ? La mission des Conquérants consiste-t-elle à choisir leurs joueurs en fonction de leur fidélité envers Hockey-Québec ou à choisir les meilleurs talents disponibles pour les développer et former les meilleures équipes possible ?
Il y a un an, le directeur général de Hockey-Québec, Sylvain Lalonde, me jurait que des jeunes hockeyeurs n’allaient jamais être victimes de telles représailles au sein de la fédération. Voilà pour lui une belle occasion de le rappeler à ses membres.