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Yvon Pedneault
22/01/2011 16h15
Le groupe Quebecor et son président, Pierre Karl Péladeau, ont officiellement déposé une offre auprès de la Ville de Québec dans l’espoir de prendre une part active dans la construction d’un nouvel amphithéâtre.
Aucune entente n’est encore intervenue entre les deux groupes. Vendredi, le vice-président du Comité exécutif de la Ville de Québec, Richard Côté, confirmait que le financement était «réglé» afin de doter la ville d’un amphithéâtre ultra-moderne.
Même si M. Côté, aussi président du conseil d’administration d’ExpoCité, a voulu plus tard dans la journée nuancer ses propos, il reste que le dossier progresse et on s’attend à ce que le maire Labeaume dévoile les grandes lignes du projet dans un avenir très rapproché.
La proposition du Groupe Quebecor représente un investissement de plusieurs dizaines de millions de dollars et elle est directement liée à la gestion de ce nouveau centre, autant au niveau des propriétés sportives qu’au chapitre des spectacles.
Au cours des derniers mois, le président de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, a multiplié les rencontres avec les décideurs de la Ligue nationale de hockey afin de s’assurer que son modèle d’affaires correspond exactement à ce que convoite la LNH. Parallèlement aux négociations avec les décideurs du hockey professionnel, le groupe Quebecor déposait quelques jours avant l’événement de la «Marche bleue», un document dans lequel il garantit un appui financier fort important.
Le nouveau contexte économique de l’exploitation d’une concession de la
Ligue nationale ne permet plus d’être locataire d’un amphithéâtre. Les coûts d’opération ont bien changé depuis le dernier lock-out. Les équipes doivent se soumettre à un plafond salarial et aussi à un plancher salarial. Par conséquent, la ligue favorisera toujours un groupe exerçant le plein contrôle de l’amphithéâtre.
Cette saison, par exemple, les équipes peuvent dépenser jusqu’à 59,4 millions $ en salaires et elles doivent s’assurer d’investir un minimum de 43,4 millions $. Dans un tel contexte, la LNH préfère maintenant s’associer avec des entreprises ou encore à des propriétaires ayant plusieurs sources de revenus autres que le hockey.
Contrairement aux grandes disciplines sportives, telles que le baseball, le football et le basketball, la Ligue nationale de hockey ne bénéficie pas d’un lucratif contrat avec la télévision américaine. La semaine dernière, à titre s’exemple, on soulignait que ESPN, la plus grande chaîne sportive aux États-Unis, s’apprêtait à signer une nouvelle entente avec le football américain pour la somme de 20 milliards $ alors que le réseau Versus verse des «peanuts» aux propriétaires du hockey professionnel.
La Ligue nationale doit donc, de son côté, s’en remettre en grande partie à la vente des billets. S’il n’y a pas achalandage aux tourniquets, une équipe ne peut pas survivre bien longtemps. Présentement, les propriétaires des concessions d’Atlanta, des Islanders, de la Floride, de Nashville, de Tampa Bay, entre autres, ont englouti des sommes d’argent colossales. Même la Ligue nationale accuse des pertes importantes dans le dossier des Coyotes de Phoenix.
La ville de Québec, on n’en doute pas, est un marché de hockey. Les Québécois adorent le sport, ils souhaitent ardemment le retour d’une équipe majeure, mais on est loin des mêmes conditions qu’en 1995. Une concession compétitive doit consacrer au moins 50 millions $ et peut-être plus aux salaires. Une équipe ne peut pas faire ses frais strictement avec les revenus aux guichets.
Par conséquent, une équipe de hockey professionnel à Québec, qui évoluerait alors dans le plus petit marché de la ligue, constitue un gros risque financier pour tout investisseur. Pourquoi Quebecor propose de gérer le secteur spectacle? Tout le monde sait que la société possède déjà une solide expertise et qu’elle compte des gens d’une grande notoriété tels que René Angelil et Julie Snyder dans son giron.
Autre élément à ne pas négliger : la Ligue nationale recherche avant tout des investisseurs ayant un impact important dans le milieu des affaires et des gens qui connaissent parfaitement le marché dans lequel évoluera une équipe.
Si on regarde tout ce qui se passe à travers la ligue, on voit de plus en plus de grandes sociétés s’impliquer dans le sport professionnel. Les Flyers de Philadelphie appartiennent à Comcast qui vient de faire l’acquisition du réseau NBC. Les Rangers sont la propriété de MSG, le câblodistributeur de la grande région de New York. Le réseau NESN joue un grand rôle dans le modèle d’affaires des Bruins de Boston.
Ted Leonsis, le propriétaire des Capitals, est devenu l’homme le plus influent de la grande région de Washington surtout après avoir acheté les propriétés sportives du regretté Abe Pollin, c’est-à-dire le Verizon Centre et les Wizards de l'Association nationale de basketball. Leonsis est toujours très impliqué dans le domaine du web.
Le groupe Quebecor a fait une bonne impression auprès des décideurs de la ligue, particulièrement avec les perspectives d’avenir qu’offre la société. Téléphonie, télévision, la création d’une nouvelle chaîne sportive, câblodistribution, le plus important réseau de journaux à travers le Canada, etc.
Reste à savoir si ligue envisage le transfert d’une concession?
Publiquement, les décideurs diront non.
Dans les bureaux, c’est une autre histoire. Les propriétaires des Thrashers d’Atlanta ne cachent pas qu’ils accepteraient une offre intéressante. Ils vont rechercher avant tout des acheteurs locaux, mais on ne se bouscule pas à la porte. La situation n’est guère encourageante en Floride.
Le Groupe Quebecor semble avoir gagné la confiance des dirigeants de la ligue. On apprécie la démarche de la société dans l’espoir d’obtenir une concession pour la ville de Québec.
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