mercredi 6 avril 2011

Baptême au Centre Bell pour Corey Crawford

MONTRÉAL - À 23 ans, on peut dire que Carey Price a fait sa place dans la LNH à un âge précoce. Corey Crawford, lui, a dû attendre bien plus longtemps pour obtenir la chance de prouver qu'il peut exceller au plus haut niveau.
Crawford a dû patienter plus de sept ans, après avoir été repêché au deuxième tour en 2003, avant de décrocher le poste de gardien no 1 chez les Blackhawks de Chicago.

À 26 ans, l'athlète de Châteauguay est maintenant considéré comme l'un des candidats au trophée Calder, remis à la recrue de l'année dans la LNH. Il serait surprenant qu'il l'emporte. Ce qui est moins étonnant, c'est qu'un gardien perce à un âge aussi avancé. Après tout, Ed Belfour avait 25 ans quand il a remporté le Calder avec les Blackhawks en 1991. Tout comme Evgeni Nabokov, en 2001, avec les Sharks de San Jose.

« C'est vrai qu'au fil des années, on a vu bien des gardiens qui ont connu du succès dans cette ligue après avoir mis du temps à trouver leur voie », a affirmé le vétéran gardien des Blackhawks Marty Turco, mardi, quelques heures avant de voir Crawford y aller de son baptême de feu au Centre Bell face au
Canadien.

« C'est la position la plus difficile à apprivoiser mentalement. Il y a plusieurs raisons à cela, a indiqué Turco. La plus évidente étant qu'il faut du temps pour peaufiner son style, et pour transposer tout ça sur la glace. Puis, vient un moment où ça clique, où tu finis par comprendre ce que ça prend pour avoir du succès. Et où tu es plus calme. Il y a aussi le fait que les dirigeants du hockey croient dur comme fer qu'il faut plus de temps pour qu'un gardien se développe. Ils vont donc être très patients avant de le mettre au coeur de l'action, a ajouté Turco. Ce n'est que depuis quelques années que les jeunes gardiens jouent autant, et c'est davantage en raison du plafond salarial. »

Dans le cas de Crawford, les Blackhawks ont tellement patienté qu'ils sont venus à quelques mois près de le perdre. Celui qui devait obtenir un 24e départ d'affilée, mardi soir, a reconnu qu'il aurait lorgné l'Europe cet été si les choses n'avaient pas débloqué pour lui cette saison.

« Si ça ne s'était pas bien passé cette année, peut-être que j'y aurais pensé à ce moment-là », a affirmé celui qui en est à la dernière année d'un contrat qui lui vaut 850 000 $ US cette saison, et qui pourrait devenir joueur autonome avec compensation le 1er juillet.

« Mais je n'y pensais pas vraiment cette année en m'amenant au camp, a souligné Crawford. J'ai toujours cru que j'avais encore une chance de faire le saut dans la Ligue nationale. »

Et ce, même si les Blackhawks ont misé sur l'embauche de Turco pour combler le départ d'Antti Niemi.

« Au début de la saison, je n'étais pas sûr de mes chances parce que Marty était avec nous, a reconnu Crawford. C'est un bon gardien. Je visais juste d'être prêt pour les moments où j'obtiendrais du temps de glace. Petit à petit, le contexte a changé et je suis content d'avoir autant de temps de glace maintenant. »

Le résultat, c'est que Crawford avait 31 victoires en 53 matchs, avec une moyenne de 2,27 et un pourcentage d'arrêts de ,918, avant d'affronter le Tricolore. Et aussi, qu'on le considère comme un candidat au trophée Calder, quoiqu'à titre de négligé.

« Ça, c'est incroyable, a-t-il dit du fait qu'on le considère parmi les meilleures recrues de la LNH. Moi qui espérais juste disputer une vingtaine de matchs cette saison! Il y a d'autres recrues qui ont connu de bonnes saisons. Je me considère chanceux de jouer dans une équipe comme celle des Blackhawks, qui joue très bien. (Le Calder) serait pas mal comme honneur, mais on verra... »

Dur sur le moral

Le fait de jouer aussi souvent reste une belle récompense pour Crawford. Il a maintenant la preuve qu'il a bien fait de persister.

« C'était dur, la saison dernière dans la Ligue américaine, de rester concentré sur le hockey, de ne pas relâcher un peu mentalement », a dit l'ancien des Wildcats de Moncton, qui avant cette saison avait disputé huit matchs dans la LNH en cinq saisons dans les rangs professionnels _ et 255 dans la Ligue américaine.

Jeff Skinner, des Hurricanes de la Caroline, a probablement plus de chances de remporter le Calder que Crawford, mais Joel Quenneville est bien content du joueur qu'il a sous la main.

« On ne se plaint pas, on aime ce qu'on a. Il va être un excellent gardien pendant longtemps, a déclaré l'entraîneur des Blackhawks. J'aime sa constance et son approche. Compte-tenu de l'attitude qu'il a, il devrait continuer à s'améliorer. C'est remarquable à quel point il a appris à bien gérer les départs consécutifs, a ajouté Quenneville. Il se développe bien et il cherche constamment à apprendre au fil des matchs. »