mardi 5 avril 2011

Un Canadien heureux

BROSSARD - Il y a quelques mois à peine, le statut de Mathieu Darche restait précaire chez le Canadien. Mais à force de travail, de patience et de détermination, il a réussi à se forger une place parmi les joueurs-clés de l'équipe.
Darche n'est pas du genre à se décourager. Même si, pour la première fois en 11 ans de carrière, il a finalement obtenu un contrat à un seul volet en vue de la saison 2010-11, il été retranché de la formation dans quatre des six premiers matchs de la présente campagne. Il a toutefois gagné la confiance de Jacques Martin par la suite et voilà qu'à 34 ans, il connaît la meilleure saison de sa carrière.

Les 12 buts et 24 points qu'il affiche à l'heure actuelle sont en effet des sommets personnels.

Darche ne s'est pas laissé décourager parce qu'il n'en était pas à son premier défi. Mis à part la saison 2007-08, au cours de laquelle il a disputé 73 matchs avec le Lightning de Tampa Bay, il a toujours passé le plus clair de son temps dans la Ligue américaine, ne faisant que quelques saucettes dans la LNH. Même à sa première saison avec le Canadien, l'hiver dernier.

« Ton poste n'est jamais complètement en sécurité dans ce métier-là, a souligné Darche, lundi, deux jours après avoir réalisé son deuxième doublé dans l'uniforme du CH, qui fait en sorte que le club montréalais n'est maintenant qu'à une autre victoire de se qualifier pour les séries. Je me vois encore comme quelqu'un qui doit continuer de prouver sa valeur, a-t-il indiqué. Comme joueur, il faut d'abord que tu prouves que tu mérites d'être retenu dans l'alignement. Puis après, tu dois prouver que tu mérites ton temps de glace.

« Là, en ce moment, ça va bien avec Brian (Gionta) et Scott (Gomez), mais je dois maintenant prouver que je mérite de rester là, a ajouté Darche, qui a trois buts à ses trois plus récentes rencontres. Bref, il y a toujours quelque chose à prouver. Il faut que tu gagnes la confiance de ton entraîneur et je pense que je l'ai fait, mais c'est un processus continu. Tu peux la perdre vite, cette confiance. »

Bien d'autres joueurs dans la même situation que Darche auraient pris leur retraite à la mi-vingtaine, en se disant que les entraîneurs sont des idiots qui refusent de reconnaître ses mérites. Mais pas lui. Il a toujours continué de faire son petit bonhomme de chemin, en ayant la patience d'attendre que quelqu'un, quelque part, finisse par l'apprécier.

« Je me suis toujours concentré sur ce que je contrôlais, c'est-à-dire ma façon de jouer, a noté Darche. Je ne suis pas un joueur que les gens vont toujours remarquer. Mais les entraîneurs disent souvent aux joueurs d'aller au filet, de faire des choses comme ça, ce qui justement fait partie de mon travail. Les entraîneurs, eux, remarquent ces choses-là. Après un bout de temps, tu finis par gagner la confiance de ton entraîneur. »

Ç'a été le cas de John Tortorella à Tampa et de Martin cet hiver.

L'entraîneur du CH a d'ailleurs souligné, lundi, que la décision d'accorder un nouveau contrat à Darche, cette saison, s'est avérée la bonne.

« Il a disputé une demi-saison avec nous la saison dernière, alors on a eu l'occasion de voir quel genre de joueur il est, comment il pouvait s'insérer dans la formation et ce qu'il pouvait nous amener », a indiqué Martin.

« Et lorsque tu regardes du côté des joueurs aptes à jouer un rôle de soutien chez les attaquants, tu regardes les aspects moins tangibles qu'ils peuvent apporter, sur la glace et en dehors. Mathieu en est l'exemple parfait, a ajouté l'entraîneur. Il a passé beaucoup de temps dans la Ligue américaine et il a dû travailler extrêmement fort pour se rendre jusqu'à la Ligue nationale. Ça montre son dévouement. Sa façon de jouer est un bel exemple pour nos jeunes joueurs.

« C'est un joueur qui a ses limites, mais qui peut être très efficace lorsqu'il joue selon ses forces, a par ailleurs résumé Martin, qui estime que la récente période de repos de 17 matchs de Darche, qui lui a été imposée par une blessure à l'aine, a été salutaire à l'attaquant de six pieds un pouce et 207 livres.

« Il n'est peut-être pas le patineur le plus rapide, mais il comprend bien le jeu. Il fait les choses qu'on lui demande de faire et il est présentement récompensé pour ça. »

Pas tout de suite

Darche pourrait devenir joueur autonome sans compensation cet été. Celui qui empoche un salaire de 500 000 $ US, cette saison, espère évidemment prolonger son séjour à Montréal. Sauf qu'aucune négociation n'a été entamée et il ne veut pas en entendre parler pour l'instant.

« Rien ne va se faire pour le moment, alors ça ne vaut même pas la peine d'y penser, encore moins de s'en inquiéter ou d'en parler à mon agent. On va se pencher là-dessus à la fin de la saison », a-t-il dit.

Entre-temps, Darche savoure chaque journée qu'il passe dans l'organisation du Canadien.

« Souvent, dans les pratiques, je patine, je regarde le logo sur mon chandail et je me dis, 'hé, je joue pour le Canadien', a-t-il raconté. C'est sûr que je l'apprécie, mais en même temps si tu t'asseois et que tu passes trop de temps à le savourer, la parade va passer et tu vas te faire avoir. »