| Blogues - Mario Leclerc sur le trottoir | ||||||||
| Vendredi, 07 janvier 2011 07:24 | ||||||||
Je suis parfois cynique. Même que ça m’arrive trop souvent malheureusement.
Tenez. Jeudi soir, lorsque j’ai vu Pierre Gauthier annoncer la perte du défenseur Josh Gorges pour le reste de la saison, j’ai cru déceler chez lui un léger soupir de satisfaction, malgré la gravité du moment. Pour dire vrai, Gauthier ne m’était pas encore apparu aussi bien dans ses bottines de DG du Canadien. Il me semblait soulagé. J’ai senti dans sa nouvelle contenance une certaine aisance. Il apparaissait décadenassé de son carcan. Celui portant sur l’obligation de participer aux séries. L’objectif de participer aux séries reste le même certes, mais désormais, Gauthier a trouvé son alibi si jamais l’actuelle descente se poursuit trop longtemps. Il saura sur qui se tourner pour expliquer l’exclusion des séries. Un langage qui parle Jeudi, le langage non verbal du directeur général du Tricolore parlait. Il disait tout de la tonne de pression qu’il n’a maintenant plus à supporter sur ses frêles épaules. Gauthier, qui traîne d’ordinaire un air de condamné à mort, était calme, voire radieux. Je n’irais pas jusqu’à prétendre qu’il était heureux de la tournure des événements. Ce serait malhonnête. Mais disons que la situation l’arrange un peu. Il a désormais dans sa poche arrière une raison valable pour justifier un éventuel échec.
Au moment où l’on se parle, le Canadien n’a plus de défenseur régulier stable au sein de sa brigade, sauf peut-être le nouveau venu James Wisniewski. Jaroslav Spacek et Hall Gill sont lents comme des tortues et ils sont au seuil de la retraite, pendant que P.K. Subban, Alexandre Picard et Yannick Weber sont jeunes, inexpérimentés et représentent un risque dans les moments critiques d’un match. Gauthier est conscient de tout cela. Conséquemment, il sait que la tâche sera très exigeante pour terminer parmi les huit premières places donnant accès aux séries dans l’Est. À Price de jouer Mais Gauthier a encore un atout dans son jeu. Son gardien Carey Price. C’est sur lui que le patron du département hockey du Canadien a tout misé à l’été, malgré les grandeurs de Jaroslav Halak et les misères de Price au cours de la saison précédente. Dans la controverse, Gauthier est allé au front pour son gardien cowboy et lui a laissé toute la place. Il s’est même débarrassé de Cédric Desjardins dans les rangs mineurs pour ne pas créer de distraction dans l’esprit de Price. Gauthier lui a même adjoint un auxiliaire de deuxième catégorie en Alex Auld pour éviter tout grenouillage. Bref, Gauthier a mis sa bûche sur le billot pour Price. La deuxième moitié de saison s’amorce samedi face aux Bruins de Boston, et c’est maintenant au tour de Price de retourner l’ascenseur à Gauthier. Le temps ne pourrait être mieux choisi. Sa mission est identique à celle de son prédécesseur Halak en seconde demie l’an dernier. Halak n’avait subi que sept défaites en 28 décisions dans le dernier droit de la saison (Price n’avait remporté que quatre victoires en 13 décisions). Grâce au brio de Halak, le Canadien avait terminé au 8e rang et avait participé à la « grande danse » du printemps.
Malgré un léger passage à vide, reconnaissons que Price a plus que répondu aux attentes depuis le début de la présente saison. Il a été exceptionnel devant son filet et exemplaire dans sa vie d’athlète. Mais cela ne veut pas dire pour autant que sa dette est remboursée envers Gauthier. Ce n’est pas une demi-saison, fut-elle sans tache, qui justifie une quittance. Maintenant qu’on lui a donné les clefs du job le plus prestigieux du hockey, celui de gardien numéro un du Canadien de Montréal, Price doit assumer ses responsabilités dans le dernier droit, là où, dit-on, on sépare les hommes des enfants. L’an dernier, Halak a gagné sans Markov et avec devant lui Marc-André Bergeron, l’un des défenseurs les plus à risque dans la LNH. Price pourra-t-il en faire autant cette année dans des conditions similaires ? Plusieurs l’en croient capable. Pierre Gauthier le premier. À Price de lui donner raison ! Si toutefois il ne réussissait pas, Gauthier pourra toujours sortir son alibi de sa poche arrière et faire valoir que les pertes de Markov, de Gorges et même de Hamrlik ont été si lourdes pour l’équipe que l’opération était quasi impossible sans eux. D’une certaine manière, Gauthier aura raison. Mais d’un autre côté, il devra en venir à la conclusion que Price, en bout de ligne, ne s’est pas avéré l’homme des grandes occasions sur qui il avait joué sa réputation. Une telle conclusion pourrait faire mal autant à Price qu’à Gauthier, son plus grand allié. |
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