vendredi 7 octobre 2011

Chronique - Tombé de son piédestal

http://lejournaldemontreal.canoe.ca/journaldemontreal/sports/hockey/archives/2011/10/20111007-031306.html


Les Maple Leafs de Toronto ne craignent pas leurs démons. Comme troisième chandail cette saison, ils porteront une réplique de leur uniforme de 1967, année de leur dernière conquête de la coupe Stanley.
Ils l’étrennaient hier soir face au Canadien, qu’ils avaient battu en finale l’année de l’Exposition universelle de Montréal.
Le geste paraît audacieux dans la mesure où il ne se passe plus un jour sans qu’on leur remette sur le nez leur longue disette sans championnat et qu’on n’en perçoit toujours pas la fin.
Pas sûr que les dirigeants du Canadien auraient fait ça.
La pression se fait encore plus lourde sur les Leafs depuis que les Blackhawks de Chicago ont remporté un premier titre en 49 ans, il y a deux ans, et que les Bruins de Boston ont procuré une première coupe en 39 ans à leurs chauds partisans, en juin dernier.
Pour cette raison, le directeur général Brian Burke a jugé bon de dire à ses joueurs, dans son message de bienvenu au camp d’entraînement, qu’ils n’ont pas à supporter le poids des 44 ans d’infortune de l’organisation.
Burke a raison là-dessus.
Le doyen de son vestiaire, le défenseur John-Michael Liles, a vu le jour plus de 13 ans après la dernière coupe Stanley des Leafs.
Son entraîneur Ron Wilson et lui-même, nés à un mois d’intervalle la même année où Elvis Presley prit d’assaut le hit parade, étaient à l’école élémentaire. Les deux n’avaient pas encore 12 ans.
Par contre, Burke a rappelé à ses joueurs qu’ils devaient assumer leurs responsabilités et qu’à ce titre, ils devaient se sentir investis de l’obligation d’en faire plus.

18 millions pour six ans
On ne sait pas s’il a pris sa part du blâme, mais la vénération que lui portaient les médias et les partisans des Leafs à son arrivée fracassante dans la Ville reine, il y aura trois à la fin de novembre, s’estompe.
Certains chroniqueurs lui font la vie dure. Ceux-ci ne manquent pas de dire que la riche organisation torontoise s’est engagée à lui verser 18 millions de dollars sur une période de six ans quand elle l’a arraché aux Ducks d’Anaheim et qu’à mi-chemin de son mandat, les Leafs n’ont pas encore participé aux séries.
Difficile de penser à la coupe Stanley dans ces circonstances et ça dure depuis le retour du lock-out ! Six ans sans séries, inutile de dire qu’il s’agit de la plus longue séquence du genre dans l’histoire de cette organisation, qui, à l’instar du Canadien, fait partie de la Ligue nationale depuis sa fondation, en 1917.
Burke assure que les choses vont changer cette saison, mais les huit équipes de l’Est s’étant qualifiées pour les séries la saison dernière ne se sont pas affaiblies.
Pour leur part, les Hurricanes de la Caroline et les Devils du New Jersey, qui ont terminé 9es et 11es respectivement au classement, sont appelés à connaître de meilleures saisons.

Près du plafond salarial
Burke n’est soumis à aucune restriction salariale par son employeur, mais comme dans les mauvaises années du Canadien, les joueurs autonomes ne sont pas intéressés à poursuivre leur carrière à Toronto.
En juillet, il aurait bien aimé mettre la main sur Brad Richards pour en faire le centre de son premier trio, mais il a dû se contenter de Tim Connolly, joueur reconnu pour sa fragilité à qui il a consenti un contrat de deux ans d’une valeur de 9,5 millions. Déjà blessé, Connolly n’est d’ailleurs pas en mesure de commencer la saison.
D’autre part, Burke a accordé une entente de 10,5 millions pour trois ans à Matthew Lombardi, dont la dernière saison a été charcutée par une commotion cérébrale.
La masse salariale des Leafs s’élève à près de 64,2 millions, soit environ 1,1 million sous le plafond. Seuls les Capitals, les Canucks, les Sabres et les Flyers montrent une plus grosse masse salariale.

Un échange qui le suit
Par ailleurs, Burke a beau dire qu’il referait la transaction dans laquelle il a cédé deux choix de première ronde et un autre de deuxième tour en échange de Phil Kessel, les dissidents demeurent nombreux.
Les Bruins en ont profité pour repêcher Tyler Seguin, deuxième choix de la cuvée de 2010 derrière Taylor Hall, qui s’est pour sa part retrouvé avec les Oilers d’Edmonton.
Cette année, les champions en titre se sont prévalus du premier choix des Leafs pour sélectionner Dougie Hamilton, un défenseur faisant six pieds quatre pouces. Pendant que les Bruins misent sur un bon mélange de vétérans et de jeunes, la relève est plutôt mince chez les Leafs.
Heureusement, Luke Schenn, deuxième défenseur de l’équipe derrière le capitaine Dion Phaneuf, remplit ses promesses depuis ses débuts professionnels.
Le jeune joueur de centre Nazim Kadri a partagé sa première saison entre la Ligue américaine et la Ligue nationale et lui aussi est présentement tenu à l’écart du jeu en raison d’une blessure.
Le gardien Jonas Gustavsson, dit le Monstre, n’a pas paru aussi imposant qu’il en a l’air à ses deux premières saisons.
À sa défense, il a éprouvé des ennuis de santé à un certain moment, mais n’en a pas moins été devancé par James Reimer, qui venait loin derrière Jean- Sébastien Giguère et lui dans les plans de la direction, à pareille date l’an dernier.
Or, Burke a trouvé le moyen de lancer à Reimer qu’il espérait qu’il ne connaisse pas une carrière semblable à celles de Steve Penney et de Jim Carey, deux gardiens qui ont été des étoiles filantes de la LNH.
Personnellement, j’aime bien Burke. L’homme est direct, disponible et généreux avec les journalistes, mais il aurait pu s’abstenir de ce commentaire à l’endroit du jeune Reimer.
Mais à son tour, il constate qu’il est difficile d’être sur la sellette.
Vaut parfois mieux être le roi d’un petit royaume.