mercredi 4 mai 2011

Le CH n’en a pas eu pour son argent…







La chronique de Martin Leclerc
Mardi, 03 mai 2011 14:09
De nos jours dans la LNH, le travail d’un directeur général consiste à mieux dépenser son argent que les autres, à soutirer le maximum de rendement pour chaque dollar investi dans son équipe. Et ce n’est pas facile. Cette saison, en attaque du moins, les chiffres disent que le Canadien a nettement raté sa cible à ce chapitre.
« Depuis l’instauration du plafond salarial, toutes les fois que je regarde un match de hockey, je vois dans le dos de chaque joueur une étiquette sur laquelle figure un prix. Je passe désormais mon temps à me questionner sur ce que je serais prêt à débourser pour accueillir tel ou tel joueur au sein de mon équipe », me racontait Ken Holland, DG des Red Wings de Detroit, il y a quelques années.
« Si les exigences salariales d’un joueur excèdent le prix que je lui ai accolé, il ne m’intéresse plus, tout simplement. Parce que si je lui accorde plus d’argent qu’il n’en vaut, il finira par affaiblir mon club. »

Je pensais à cela jeudi dernier quand Pierre Gauthier tenait son traditionnel point de presse de fin de saison. Alors qu’on le mitraillait de questions quant à son appréciation du travail accompli par Scott Gomez, le directeur général du Canadien plaidait ce qui suit :
« Toutes les équipes ont des joueurs qui ne produisent pas à la hauteur de leur salaire et d'autres qui en donnent plus. Nous en avons nous aussi. Il faut trouver un équilibre là-dedans. »
Ce qui amène la question suivante : le Canadien en a-t-il eu pour son argent cette année ?

Pierre Gauthier : le portefeuille du Bleu-Blanc-Rouge est dans... le rouge !
Lorsqu’on compare la production des cinq plus hauts salariés du CH avec le nombre de points accumulés par les joueurs qui encaissaient des chèques de paie équivalents dans toute la LNH, on constate qu’il n’y a pas que Scott Gomez qui ait raté la cible cet hiver…
Scott Gomez (7,357 millions – 7 buts, 31 passes, 38 points) :
Du point de vue salarial, Gomez se compare à Marian Gaborik, Dany Heatley, Joe Thornton et Thomas Vanek, qui ont produit en moyenne 25 buts, 38 passes, 63 points.
Le déficit du CH par rapport à l’argent dépensé sur Gomez : 18 buts, 7 passes, 25 points.
Mike Cammalleri (6 millions – 23 buts, 34 passes, 57 points) :
Avec le salaire qu’il touche, Cammalleri se compare à Henrik Zetterberg, Henrik Sedin, Daniel Sedin, Patrick Elias et Alexander Semin, dont la production moyenne se situe à 27 buts, 52 passes, 79 points.
Le déficit du CH par rapport à l’argent dépensé sur Cammalleri : 4 buts, 18 passes, 22 points.
Tomas Plekanec (5 millions – 22 buts, 35 passes, 57 points) :
Le salaire de Plekanec le situe dans le même groupe que Bobby Ryan, Ryan Kesler, Brian Rolston, Jeff carter et Mike Ribeiro, qui montrent une production moyenne de 29 buts, 35 passes, 64 points.
Le déficit du CH par rapport à l’argent dépensé sur Plekanec : 7 buts.
Brian Gionta (5 millions – 29 buts, 17 passes, 46 points) :
Le salaire de Gionta le place en compétition avec les mêmes joueurs que Plekanec, dont la production moyenne fut de 29 buts, 35 passes et 64 points.
Le déficit du CH par rapport à l’argent dépensé sur Gionta : 18 passes.
Andrei Kostitsyn (3,25 millions – 20 buts, 25 passes, 45 points) :
Le célèbre et loquace AK-46 appartenait cette saison au même groupe de salariés que Dave Bolland, Matt Duchene, Rene Bourque, Mikko Koivu et Derrick Brassard, qui ont présenté une production moyenne de 21 buts, 32 passes, 53 points.
Le déficit du CH par rapport à l’argent dépensé sur Kostitsyn : 1 but, 7 passes, 8 points.

Les conclusions ?

Le déficit total de la production des cinq attaquants les mieux payés du CH par rapport aux joueurs appartenant à des échelles salariales comparables est de : 30 buts, 50 passes, 80 points ! Ce manque à gagner équivaut (cette saison) à la production d’une super-vedette comme Alex Ovechkin, Teemu Selanne, Henrik Zetterberg ou Brad Richards. Ce n’est pas rien !

Trente buts. C’est aussi la production perdue par le CH à chacune des deux dernières saisons, depuis que l’organisation a fait l’acquisition de Gomez, Cammalleri et Gionta pour renouveler son noyau offensif.

C’est vrai que des joueurs comme Mathieu Darche, Jeff Halpern et Max Pacioretty ont produit au-delà des attentes. Mais il y a des limites à ce que les jeunes ou les joueurs de soutien d’une formation peuvent livrer.

Les joueurs de soutien, en raison du temps de jeu qu’ils obtiennent, ne peuvent certainement pas « équilibrer » les choses comme le souhaite Pierre Gauthier.