mardi 24 mai 2011

http://fr.canoe.ca/sports/chroniques/yvonpedneault/archives/2011/05/20110524-011546.html



Donc, la Ligue nationale commet une grave erreur en transférant la concession des Thrashers d’Atlanta à Winnipeg. C’est du moins l’opinion exprimée par plusieurs observateurs aux États-Unis.
 
Gary Bettman se tire une balle dans le pied, précise-t-on, ajoutant qu’il aurait dû trouver une ville américaine pour donner encore plus de crédibilité à son circuit.
 
Ma foi, il y a des gens de la presse qui ne réalisent pas encore que le dollar canadien est une devise plus courtisée présentement que le dollar américain. Ils ne réalisent pas que la situation économique est plus intéressante au Canada qu’aux États-Unis.
 
Que Winnipeg soit reconnue pour ses nuits longues et ses hivers sibériens, c’est une chose, mais on discute ici d’une concession de la Ligue nationale de hockey qui, pour la deuxième fois, confirme aux penseurs du hockey professionnel, qu’en Georgie, le hockey ça ne fonctionne pas.
 
Je ne comprends pas qu’on ne s’attarde justement pas à des concessions qui n’ont aucune affinité avec le hockey. La santé de la Ligue nationale passe avant tout par le Canada et ses équipes contribuant à près de 40% des revenus. Grâce à ses réseaux de télévision, le Canada engraisse les coffres de la ligue de plusieurs centaines de millions de dollars.
 
On a beau dire ce qu’on voudra de Winnipeg, on a beau décrire cette ville de 700 000 habitants comme étant le congélateur de l’Amérique du Nord, on a beau préciser que Winnipeg n’a pas une banlieue avec plusieurs résidants, il n’en demeure pas moins que cette concession sera dirigée par des entreprises capables de répondre aux exigences du hockey professionnel. Par le fait même, elle saura réaliser des profits.
 
Une situation à ne pas ignorer
 
S’il y a une situation qu’une ligue ne peut pas ignorer, c’est quand un propriétaire riche se pointe le nez. Il y a quelques années, les Ducks d’Anaheim et le Lightning de Tampa Bay avaient obtenu le droit d’évoluer dans la Ligue nationale, parce que Disney était derrière la formation d’Anaheim et Tampa était la propriété d’investisseurs japonais dont le porte-parole était Phil Esposito.
 
On croyait avoir réalisé un coup fumant avec Tampa et Esposito. Quelques années plus tard, les Japonais ont réalisé que le hockey n’était pas leur tasse de thé et c’est finalement la famille Davidson qui a sauvé la concession, le Lightning devant changer de mains deux fois depuis. Disney, à son tour, a vendu ses actions au couple Samueli. Comme on peut le constater, il est de plus en plus difficile pour un propriétaire de garder ses entreprises sportives en raison du plafond salarial, des salaires astronomiques et de la convention de travail.
 
Par conséquent, quand une ligue a la chance d’avoir une équipe dont les actions appartiennent à la famille la plus riche du Canada, c’est un actif pour un circuit, que l’équipe soit à Winnipeg ou dans le Dakota du Nord. La formation de Winnipeg pourra compétitionner au même niveau que les équipes des grands marchés, parce que son propriétaire est motivé et aussi, parce que l’équipe se produira dans une ville qui a des affinités avec le hockey.
 
C’est vrai que pour le marché de la télévision américaine, Winnipeg est à oublier quand viendra le moment de compléter le calendrier des matchs télévisés. Mais, à cet égard, combien de présences à la télévision américaine de la concession la plus prestigieuse de la Ligue nationale - et jusqu’à nouvel ordre, ça demeure les Canadiens - avez-vous notées au fil des ans? Pendant la saison régulière, j’entends.
 
Zéro. Même chose pour les Maple Leafs de Toronto. Même chose pour les Flames de Calgary, les Oilers d’Edmonton, les Sénateurs d’Ottawa et les Canucks de Vancouver.
 
Encore plus important, combien de matchs impliquant les Thrashers, les Panthers de la Floride, les Hurricanes de la Caroline, les Predators de Nashville ou les Blue Jackets de Columbus avez-vous vus au réseau NBC? Et également à Versus? Vous pouvez les compter sur les doigts d’une seule main.
 
Alors, quand on se lance dans le jeu des comparaisons, on devrait regarder plus loin que son nez et oublier son égo.

Au moins à Winnipeg, on fera salle comble alors qu’à Atlanta, les joueurs des Thrashers pouvaient appeler les spectateurs par leur prénom tellement ils étaient peu nombreux.