dimanche 1 mai 2011

Bilan de la première ronde : l'instinct du tueur existe-t-il encore?

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publié le 1 mai 2011 à 12h52 par Guillaume Claude  (Guillaume Claude)


Dans l'Est

Dans trois des quatre séries de cette première ronde, l'affrontement aurait pu se solder beaucoup plus tôt. La faute à qui? La parité entre les équipes certes, mais aussi ce fameux manque d'"instinct du tueur" qui fait la marque des grands champions.

Prenez Buffalo, qui aurait pu en finir lors du sixième match qu'il menait devant ses partisans. Prenez Montréal qui revient devant son public avec une avance de deux matchs à zéro et qui laisse filer cette avance pour ensuite regarder les Bruins finir leur saison. Pour finir, prenez les Penguins qui se laissent bêtement remonter alors qu'ils menaient 3 victoires à 1 dans leur série.

Non, l'instinct du tueur n'est plus... dans l'Est en tout cas.
Prenez l'exemple de Detroit, une équipe avec une culture de la victoire, formée du même noyau de joueurs depuis des années. Ces joueurs l'ont, cet instinct du tueur. Prenant les devants 3 parties à 0 dans leur série, ils ne se sont pas fait prier pour infliger une correction 6-3 aux pauvres Coyotes et s'en aller se reposer en attendant leurs futurs adversaires.

Voici les enseignements de cette première ronde... Savoir en finir rapidement!

Série Washington-New-York
Victoire des Capitals de Washington par 4 victoires à 1.

Dans la même situation de favoris que l'an passé, les coéquipiers d'Alex Ovechkin n'ont pas flanché cette fois et ont facilement disposé de leurs rivaux new-yorkais en cinq parties. La grosse évolution avec les Capitals de 2011 par rapport à l'équipe qui s'était effondrée en première ronde l'an passé face au Canadien, c'est la défensive. 
Cette année, coach Boudreau a fait le nécessaire pour vendre un système défensif aux jeunes canons offensifs de Washington, habituellement plus intéressés par leur fiche de production offensive que par la dévotion et le sacrifice à un système défensif d'équipe.

Cette métamorphose est d'ailleurs portée en premier lieu par la superstar russe et capitaine de cette formation, Alex Ovechkin. De par le fait même, il tire dans son sillage toute la bande de jeunes joueurs des "Caps" et les Backstrom, Johansson ou Semin de ce monde se mettent à jouer ensemble en défense, regroupés devant le jeune Neuvirth qui multiplie les arrêts, ce qui donne une redoutable équipe de séries éliminatoires.

De plus, dans cette première ronde, on n'a pas eu l'impression que ce groupe de jeunes joueurs que forment les Capitals ait laissé beaucoup de force dans la bataille. Ne perdant qu'une partie aux "Blue Shirts", les joueurs de la capitale américaine n'ont jamais semblé devoir accélérer la machine pour se défaire de leurs rivaux du premier tour. Pour la deuxième ronde, face aux joueurs du Lightning qui ont dû batailler sept parties pour se défaire de Pittsburgh, cela pourrait s'avérer payant, car comme chacun sait que pour gagner la coupe, il faut jouer le moins de matchs possible.

Série Philadelphie-Buffalo

Victoire des Flyers de Philadelphie par 4 victoires à 3.
Une fois encore, les gardiens des Flyers ont causé des maux de tête aux dirigeants de la formation. Brian Boucher, Sergei Bobrovsky ou encore Michael Leigthton ont dû être utilisés par Peter Laviolette pour se défaire de l'équipe ayant terminé au septième rang dans l'Est, les Sabres de Buffalo.

Malgré les déboires de leurs derniers remparts, les joueurs de Flyers ont su s'appuyer sur leur formidable attaque pour arriver à bout de l'équipe du coach Lindy Ruff en sept parties, mais ça a été dur. De plus, les Flyers auraient bien pu voir leurs rêves de grandeur être réduits à néant, alors que tirant de l'arrière 2 matchs à 3 dans la série, ils se retrouvaient en prolongation dans la 6e partie à Buffalo, un but des Sabres aurait pu envoyer "Philly" en vacances, et cela, bien plus tôt qu'on ne l'attendait.

Le sort a voulu que Ville Leno marque après cinq minutes dans la prolongation et envoie tout le monde dans un septième affrontement à Philadelphie. Ultime affrontement qui se révéla à sens unique (victoire 5-2) pour finir, les Flyers jouant à la hauteur d'une équipe ayant fini au deuxième rang de l'Est en saison régulière.

Les Flyers, qui ont laissé passablement de force dans la bataille, se préparent à affronter les Bruins de Boston qui ont aussi eux à batailler longtemps pour arriver à bout de leurs rivaux de première ronde. Cette série entre deux équipes robustes s'annonce explosive.
Reste à savoir si les deux équipes auront les réserves suffisantes pour nous offrir le spectacle espéré. Le retour au jeu du général Pronger en défense pourrait faire pencher la balance du côté des Flyers.

Série Boston-Montréal

Victoire des Bruins de Boston par 4 victoires à 3.
Dans une série au scénario digne des meilleurs films à suspense, les Bruins de Boston ont finalement réussi à éliminer leurs éternels rivaux de section en sept parties interminables (trois se sont soldées en prolongation). Après avoir perdu les deux premières rencontres à leur domicile, les joueurs de Claude Julien ont réussi à se regrouper et aller battre deux fois les Canadiens devant leurs partisans.

Malgré un premier trio absent, un Chara encore blessé ou malade qui n'était que l'ombre d'un défenseur candidat au trophée Norris et un avantage numérique improductif (0 en 21 occasions) les Bruins ont su se sortir du piège montréalais en s'appuyant sur leurs deuxième et troisième trios (trio de Ryder et trio de Bergeron).
Toutefois, les Bruins auront de gros ajustements à faire s'ils veulent pouvoir rivaliser avec l'équipe qui les avait éliminés l'an dernier alors qu'ils menaient la série 3 matchs à 0. Le traumatisme de la remontée historique de l'an dernier, jumelé aux déboires de certains de leurs meilleurs éléments (Lucic, Kaberle et Chara) pourraient parler en défaveur des Bruins dans l'affrontement face aux Flyers.

Série Pittsburgh-Tampa Bay

Victoire du Lightning de Tampa Bay par 4 victoires à 3.

L'absence prolongée de deux de leurs meilleurs joueurs (Crosby et Malkin) aura fini par rattraper les Penguins de Pittsburgh qui ont finalement dû s'avouer vaincu face à l'armada offensive de Tampa Bay. Grâce au meilleur avantage numérique des présentes séries, les joueurs de Guy Boucher ont réussi à combler un déficit de 3 victoires à 1 pour finalement remporter cet affrontement de première ronde face à Pittsburgh. La victoire de 8 à 2 dans le cinquième match de la série aura certainement été un point tournant dans cette confrontation de quart de finale d'association.

Les jeunes canons du Lightning (Hedman et Stamkos) qui en étaient à leurs premières expériences des séries ont profité de cette cinquième rencontre pour exploser et enfin jouer à leur plein potentiel (Stamkos : 2 buts, 1 passe). Cette large victoire, abstenue sur la route de surcroit, permit à toute l'attaque floridienne de se libérer dans les matchs suivants.
En deuxième ronde, l'affrontement contre Washington risque d'être prometteur, entre deux superbes attaques, les défenses auront du boulot plein les bras.

Dans l'Ouest

Série Vancouver-Chicago

Victoire des Canucks de Vancouver par 4 victoires à 3.
Bourreau des Canucks au cours des deux derniers printemps, Chicago a bien failli rejouer le même tour à l'équipe de l'heure dans la LNH. Toutefois, les Canucks d'Alain Vignault se sont sauvés avec les honneurs de la série et ont, du même coup, exorcisé leurs vieux démons, mais que ça a été dur!

Après trois parties ponctuées de trois victoires sans histoire, Vancouver s'en allait tranquillement vers la deuxième ronde et poursuivant ainsi les promesses faites tout au long de sa glorieuse saison. Toutefois, une mise en échec douteuse et non sanctionnée assénée par Raffi Torres au défenseur Brent Seabrook des BlackHawks allait avoir des conséquences inimaginables pour les vainqueurs du trophée du Président (trophée remis à l'équipe qui remporte le calendrier régulier).
 Cette injustice aux yeux des joueurs de Chicago (Torres n'a pas été suspendu pour ce coup vicieux) allait être un élément rassembleur pour une équipe de champions piqués dans leur orgueil, Torres, sans le savoir, venait de réveiller la bête...

Cette équipe, qui n'allait nulle part avant "l'incident Seabrook", allait enchaîner trois victoires de suite de façon spectaculaire (7-2, 5-0 et victoire en prolongation) et forcer la présentation d'un septième et ultime match dans lequel elle faillit régler le cas des Canucks dans une prolongation de tous les dangers.
Morale de l'histoire : ne jamais réveiller la bête qui dort... surtout quand celle-ci est l'équipe championne en titre. Les Canucks et Alain Vignault, sur lequel on fonde beaucoup d'espoirs à Vancouver, et Roberto Luongo, ont eu chaud... Prochaine étape : Nashville!

Série Détroit-Phoenix

Victoire des Red Wings de Détroit par 4 victoires à 0.
S'il y a un endroit à travers la ligue où on sait ce que ça prend pour gagner, c'est bien ici à Detroit. L'équipe participe aux séries chaque année depuis près de 10 ans : elle a atteint la série finale trois fois dans les années 2000 et en a remporté 2. Et si elle ne s'y rend pas, elle atteint presque à chaque fois le dernier carré. Formidable stabilité qu'est cette franchise de Detroit.

Detroit, une équipe vieillissante est toujours là quand ça compte et, à l'image d'un grand vin, ces vétérans ont l'air de se bonifier avec le temps. À 40 ans passés, Nicklas Lidstrom est toujours dans le top-5 des meilleurs défenseurs de la Ligue. À 32 ans, Pavel Datsyuk domine ses jeunes coéquipiers au chapitre des points, alors que l'infatigable Holmstrom (38 ans) se défend pas trop mal avec ses 4 points en 4 matchs en ces débuts des séries.
Une fois de plus, il faudra compter sur Detroit cette année. La facilité avec laquelle les Wings se sont débarrassés des Coyotes en première ronde nous prouve qu'eux, ils l'ont cet "instinct du tueur" qui fait tant défaut chez certaines équipes de l'Est. Les vieux sages que forme l'équipe de Mike Babcock savent mieux que quiconque combien il est important de jouer le moins de matchs possible pour se rendre loin en séries.
Au tour de San Jose maintenant!

Série San Jose-Los Angeles

Victoire des Sharks de San Jose par 4 victoires à 2.
Dans une série qui fut, selon moi, l'une des plus spectaculaires à suivre, les Sharks de San Jose ont disposé des Kings de Los Angeles au terme d'une bataille qui aura duré 6 matchs. Comme un signe du destin, celui qui vint clouer le cercueil des Kings lors de la prolongation du sixième affrontement fut l'emblématique capitaine des Sharks, Joe Thornton, qui, si souvent par le passé, a déçu lors des séries de fin de saison. Il n'y avait qu'à voir se réaction après son but pour voir combien ce but l'avait libéré d'un poids qui devait lui peser sur les épaules depuis longtemps.
Après la finale de conférence perdue l'an dernier, cette saison pourrait bien être celle de ses Sharks libérés.

Série Anaheim-Nashville

Victoire des Prédateurs de Nashville par 4 victoires à 2.
L'absence de Jonas Hiller, gardien numéro un de l'équipe californienne, aura finalement coûté cher aux Ducks. Malgré la présence dans leurs rangs du meilleur marqueur de la saison (Corey Perry, 50 buts) et probablement du meilleur trio offensif de la ligue (Perry-Getzlaf-Ryan), les Ducks, composés des Suisses Sbisa et Hiller, ne purent rien faire face au collectif des joueurs de Barry Trotz. Dans cette série physique, les joueurs de Nashville prirent le dessus sur la fragile défensive d'Anaheim.
Le prochain défi pour les Prédateurs sera d'affronter les puissants Red Wings.
Guillaume Claude