lundi 9 mai 2011

Le CH peut-il ignorer un surdoué comme Benoît Groulx ?

http://www.ruefrontenac.com/sports/37288/37288



Chroniqueurs - La chronique de Martin Leclerc


Écrit par Martin Leclerc

Dimanche, 08 mai 2011 19:53

Mise à jour le Dimanche, 08 mai 2011 22:45

Les jeunes entraîneurs d’exception ne courent pas les rues dans le monde du hockey.









Un peu malgré eux, les dirigeants du Canadien ont laissé l’un de ces très rares spécimens leur glisser entre les doigts l’an dernier quand Guy Boucher a mis le cap sur Tampa Bay. Et ce départ rapide a laissé l’organisation à découvert pour assurer la relève de Jacques Martin.



La solution à cette lacune se trouve peut-être à Gatineau, où l’on retrouve un coach de métier qui n’est âgé que de 43 ans et qui possède un curriculum vitae au moins aussi impressionnant – sinon plus ! – que celui de Boucher.



Benoît Groulx, l’entraîneur des Olympiques dans la LHJMQ, possède cette très rare faculté de faire gagner ses équipes en séries éliminatoires et de déconstruire, pièce par pièce, les alignements adverses. Ceux qui ont le malheur de l’affronter et de laisser dépasser un seul fil finissent la majorité du temps par y laisser leur chemise.



Parlez-en aux Voltigeurs de Drummondville et aux Remparts de Québec, qui détenaient respectivement des avances de 2-0 et de 3-1 dans leur série contre Gatineau et qui ont fini par subir l’élimination au cours des dernières semaines...



Chasse aux records



Six saisons et demie ont suffi à Groulx pour établir le record de tous les temps dans la LHJMQ pour le plus grand nombre de coupes du Président (3) remportées par un entraîneur. Et il n’est pas impossible qu’il porte cette marque à quatre cette année puisque son équipe est présentement à égalité (1-1) avec les Sea Dogs de Saint-Jean (la grande puissance de la ligue) en grande finale.



Samedi soir, les étonnants Olympiques (5es au classement de la saison régulière) sont parvenus à infliger un revers aux Sea Dogs sur leur propre patinoire. Saint-Jean n’avait été vaincu sur sa patinoire qu’une seule fois depuis le début de la saison.



Benoît Groulx a déjà remporté 77 victoires en séries éliminatoires dans la LHJMQ. Il ne lui en manque que deux pour égaler le record de tous les temps (79) que détient Guy Chouinard. Pour atteindre cette marque, Chouinard avait eu besoin de 17 campagnes derrière le banc !



En plus, Groulx compte déjà deux saisons d’expérience dans la Ligue américaine. Au cours des deux dernières campagnes, il a dirigé les Americans de Rochester (le club-école des Panthers de la Floride), qu’il a fait passer du 28e au 10e rang de la ligue au classement général.



Et celui qui l’avait embauché pour occuper ces fonctions dans l’organisation des Panthers était nul autre que… Jacques Martin !



Groulx n’a toutefois jamais eu de marge de manœuvre à Rochester. Les Americans appartiennent à un groupe de cigarettiers autochtones dont l’homme de confiance est Ted Nolan. Et cet ancien entraîneur de la LNH, dit-on dans les coulisses de la LNH, n’a jamais cessé de miner le climat dans l’espoir de finir par diriger l’équipe à sa guise.



Nolan est le même homme qui s’était fait virer à Buffalo après avoir connu beaucoup de succès en tant qu’entraîneur. Il avait toutefois tenté de faire congédier son patron (et directeur général) John Muckler. C’est le genre de faute qu’on ne pardonne pas dans la LNH.



La créativité



Le plus dommage, c’est que Groulx avait dû renoncer à son titre d’entraîneur en chef d’Équipe Canada Junior (un honneur qu’on ne réserve à peu près jamais aux entraîneurs québécois) pour vivre cette expérience dans la LAH. Il estime toutefois avoir enrichi son bagage durant ces deux années chez les pros.



« Je suis le même entraîneur, mais je laisse maintenant davantage mes joueurs faire appel à leur créativité, dit-il. Les joueurs doivent toujours respecter le système, c’est certain. Mais ils peuvent davantage le faire à leur manière. »



En tous les cas, la recette semble fonctionner.



Au deuxième tour éliminatoire, l’électrisant duo Ondrej Palat/Sean Couturier, des Voltigeurs de Drummondville, a été limité à seulement trois buts dans une série de six rencontres. Et en demi-finale, les deux meilleurs marqueurs des Remparts, Jonathan Audy-Marchessault et Joël Champagne, ont été limités à cinq buts en sept rencontres.



Jusqu’à présent en grande finale, le plus électrisant attaquant de la LHJMQ, Jonathan Huberdeau, a été limité à une petite mention d’aide en deux matchs…



Si une feuille de route comme celle-là ne finit pas par permettre à Benoît Groulx de perpétuer la grande tradition des anciens entraîneurs des Olympiques dans la LNH, il faudra alors parler d’une incroyable injustice.



Pat Burns, Alain Vigneault et Claude Julien ont tous livré la marchandise de brillante façon dans la LNH. Et Benoît Groulx ne semble rien avoir à leur envier.