lundi 9 mai 2011

L'adversité, Guy Boucher connaît ça

Pour la première fois depuis 2003, on retrouvera deux entraîneurs en chef francophones en finale de l’Est, soit la recrue Guy Boucher et le vétéran Claude Julien.


Il y a huit ans, on avait assisté à toute une confrontation entre Jacques Martin, des Sénateurs, et Pat Burns, des Devils.



Ceux-ci l’avaient emporté au bout de sept matchs âprement disputés pour ensuite filer vers la conquête de la coupe Stanley en triomphant des Ducks d’Anaheim, une fois de plus en sept rencontres.



Si Julien a sauvé son poste en menant les Bruins à leur première participation à la finale de l’Est depuis 1992, Boucher a réussi une entrée spectaculaire dans la LNH.



Il a pris les guides d’une équipe qui avait raté les séries au cours des trois années précédentes pour mener le Lightning vers une saison de 103 points et une première participation à la finale de l’Est depuis 2004, l’année de leur seule conquête de la coupe.



Aujourd’hui, Boucher a droit à un concert d’éloges à travers la ligue, lui qui est le plus jeune entraîneur du circuit à l’âge de 39 ans.



Système 1-3-1 efficace



Fin stratège, maniaque des détails, le détenteur d’un bac en histoire, d’une mineure en biologie et d’une maîtrise en psychologie sportive à l’Université McGill a littéralement mis Bruce Boudreau dans sa petite poche arrière, lorsque le Lightning a balayé les Capitals sur son passage.



Boudreau a été incapable de percer le système défensif 1-3-1 de Boucher, qui ne craint pas d’ajuster sa stratégie en cours de rencontre, selon le pointage.



Boucher pourra-t-il maintenant servir une leçon de « coaching » à Julien ?



La commande est de taille. Le pilote des Bruins est toujours très bien préparé pour ses matchs et son équipe n’a perdu qu’une seule de ses huit dernières rencontres.



C’est tout un revirement de situation auquel on assiste à Tampa.



Le Lightning tirait de l’arrière 1-3 dans sa série initiale contre les Penguins lorsque Boucher a su peser sur les bons boutons pour relancer son équipe, qui a décroché sept victoires d’affilée depuis, dont quatre à l’étranger.



Boucher est habitué de surmonter l’adversité, lui qui a dû franchir un bon nombre d’obstacles au cours de sa vie.



L’homme originaire de Notre-Dame-du- Lac, dans le Témiscouata, a vécu de très dures épreuves.



À l’âge de 17 ans, il a perdu son père Wilfred, qui est décédé en l’espace de quelques semaines d’un cancer des os. Étant l’aîné de la famille, il a dû occuper plusieurs boulots à temps partiel afin de subvenir aux besoins de la famille.



Frappé par la maladie à 25 ans Huit plus tard, Boucher vivait un autre malheur. Après avoir passé quelques saisons avec les Redmen de McGill et une saison avec le club de Viry, en France, il tentait sa chance avec les Rafales de Québec lorsqu’il s’est réveillé fort mal en point un matin.



Il avait le côté droit du corps engourdi et il ne voyait plus avec son oeil droit. Il se sentait extrêmement faible. Durant un an et demi, Boucher a passé tous les tests imaginables à l’hôpital. On croyait qu’il avait la sclérose en plaques ou une forme de cancer.



C’est finalement un virus qu’il avait contracté.



« J’ai cru que j’allais y passer, raconte Boucher. Ça m’a pris trois ans avant de me remettre complètement sur pieds. »



En mission



Aujourd’hui, un autre drame le touche de près puisque l’un de ses adjoints, Wayne Fleming, a été opéré mardi dernier pour l’ablation d’une tumeur maligne au cerveau.



« L’intervention chirurgicale a duré huit heures et s’est bien déroulée, mais une dure bataille attend Wayne dans sa remise en forme, a confié Boucher le lendemain. Il sait qu’il peut compter sur l’appui de toute l’équipe dans cette épreuve. »



Après la victoire de 1 à 0 du Lightning contre les Penguins lors du septième match de cette série, Boucher a pris soin de conserver la rondelle à la fin de la rencontre.



Il l’a montrée à ses joueurs dans le vestiaire, tout en tenant dans ses mains l’écriteau portant le nom de Fleming.



« Cette victoire, elle est pour Wayne », a lancé Boucher sous les applaudissements de ses joueurs.



Oui, le Lightning n’est pas une équipe comme les autres. C’est une formation qui semble être en mission. Un club dirigé d’une main de maître par un bonhomme brillant que le Canadien a malheureusement dû laisser filer, faute de place pour lui à Montréal à l’été 2010.