samedi 30 avril 2011

Chronique - Gomez, à prendre ou à laisser

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Yvon Pedneault
29/04/2011 03h34 - Mise à jour 29/04/2011 09h00


Supposons qu’on puisse s’introduire dans les bureaux administratifs du Centre Bell.
«Alors, Pierre, comment entends-tu améliorer l’équipe?» «Geoff, désirez-vous gagner la coupe Stanley dans les plus brefs délais?»
On peut imaginer que le propriétaire des Canadiens ne fera pas attendre sa réponse.
«Oui.»
 
Gauthier passe à l’action.
 
«Pour pouvoir compétitionner au même niveau que les autres grandes formations de la Ligue nationale, il nous faudra prendre des décisions lourdes de conséquences sur le plan monétaire.
 
«Ça veut dire quoi au juste?»
 
«Nous avons le dossier Scott Gomez qu’on doit absolument regarder avec attention.»
 
«Il a encore trois autres saisons à son entente.»

«Très juste Geoff. Pour les trois prochaines saisons, il va coûter à l’organisation 17,5 millions $. Mais, pour répondre aux exigences du plafond salarial, nous devrons inscrire sur notre masse salariale, la somme de 7 357 143 $.»

«Et alors, quel est le plan?»
 
«Je vais cogner à bien des portes mais je risque de faire chou blanc. C’est un lourd contrat pour un joueur qui semble rendu à la croisée des chemins.»
«Donc…»
 
«Nous avons trois options. On tente de l’échanger et comme je le précisais, nos chances sont nulles. Ou encore, on imite les Rangers dans le cas de Wade Redden, on soumet Gomez au ballottage, personne ne va le réclamer, c’est bien évident et on le cède aux Bulldogs de Hamilton. Ou on le garde avec nous. Mais, il faut se rendre à l’évidence qu’on ne peut pas progresser comme on le désire avec autant de contraintes sur le plan monétaire et aussi sur la surface de jeu. Gagner la coupe Stanley avec Gomez dans le rôle de premier ou deuxième joueur de centre, c’est impensable.»

«Ouais… je veux bien croire qu’il a connu une saison en deça de nos attentes, bien en deça de ce qu’on prévoyais mais a-t-il atteint le point de non-retour? Qui dit qu’il n’a pas encore quelques bonnes saisons dans le système?» «Je pense que les décideurs du personnel hockey sont tous d’accord que la réponse est non. Jacques (Martin) a tout fait pendant la saison pour lui permettre de s’affirmer. Je n’ai pas à rappeler qu’on a modifié nos lignes d’attaque, on lui a fourni de bons ailiers…»

«Mais quand Pacioretty était là, ça fonctionnait bien…»
 
«Pas suffisamment pour résoudre notre problème.»
 
«Cependant, je vais me faire l’avocat du diable puisque vous me demandez de prendre 17,5 millions $, en principe, et de l’expédier à Hamilton. Supposons que Pacioretty avait participé à la série contre les Bruins et que nous aurions gagné la série, est-ce qu’on tiendrait le même language. Si Markov et Gorges avaient joué, ainsi que Pacioretty, et que nous aurions gagné la série, serions-nous en train de discuter du dossier Gomez?» «Sans doute.»
 
«C’est d’accord, je veux bien vous donner le feu vert mais assurez-vous que nous aurons une équipe nettement supérieure si on décide de prendre 7,5 millions $ et d’envoyer le joueur à Hamilton. Assurez-vous que nous pourrons récupérer ce manque à gagner.»

On sait très bien que le manque à gagner est comblé par plusieurs matchs en séries éliminatoires. Ce serait alors un défi de taille pour Gauthier et Martin. Où trouveront-ils un patineur pour remplacer Gomez? Le marché des joueurs autonomes est une option.

Mais cette saison, parce que les équipes ont toutes des ententes de plusieurs saisons avec leurs meilleurs effectifs, ce n’est pas tellement reluisant. Il y a Erik Cole, il y a Curtis Glencross, il y a Simon Gagné. Mais celui qui pourrait vraiment répondre aux besoins des Canadiens est Brooks Laich, des Capitals de Washington. Il sera épié par plusieurs formations de la Ligue nationale.

Donc, le dossier Gomez retiendra l’attention.
 
Dans le cas de Benoit Pouliot, on peut présumer qu’il ne jouera plus à Montréal. Tom Pyatt et Alexandre Picard également. Il est temps pour les Canadiens de se donner un joueur robuste et efficace pour la quatrième ligne d’attaque.
 
On ne peut pas écarter le fait que le Canadien est une petite équipe. Qu’elle doit ajouter des joueurs avec de bon garabit. On a beau dire que les Canadiens ont perdu dans le match ultime contre les Bruins… mais c’est à égalité numérique qu’il a été incapable de s’imposer. Pourquoi? L’aspect physique. L’endurance.
 
Reste maintenant la brigade défensive. Doit-on offrir un contrat à Markov? Oui mais tout dépend du nombre d’années qu’il exigera et le salaire. Et Roman Hamrlik? À 37 ans, il ne peut pas espérer obtenir le même salaire et le même contrat. Deux ans à raison de 3,5 million $? Peut-être.
 
Des joueurs comme Brent Sopel et Paul Mara ne seront pas de retour. Hal Gill? Si les Canadiens peuvent s’améliorer sur le marché des joueurs autonomes, des défenseurs comme Ken Bieksa, Joni Pitkanen, Christian Ehrhoff, Scott Hannan, Eric Brewer sont des cas intéressants.
 
James Wisniewski? La décision que prendra Pierre Gauthier dans le dossier Markov influencera directement le statut de Wisniewski avec les Canadiens. Il a 27 ans, Markov a 32 ans et représente un risque au niveau de la santé. Entre-temps, les Canadiens se doivent d’accorder une chance à Yannick Weber. Qu’on ne commette pas la même erreur comme ce fut le cas avec Mark Streit.
 
Un été intéressant… des décisions importantes pour Pierre Gauthier.

Et aussi pour Geoff Molson!
On se transporte à la mi-mai, et dans la salle de conférence sont réunis les décideurs de l’organisation, entre autres le propriétaire Geoff Molson et Pierre Gauthier, le vice-président et directeur général de l’équipe.
 
Au lendemain de l’élimination de la formation, Gauthier, devant les membres de la presse, a dressé un bilan de la dernière saison, il n’a pas élaboré plus qu’il ne faut sur les décisions qu’il entend prendre au cours des prochaines semaines. Il a surtout précisé qu’il était fier de son équipe, qu’il aimait bien les joueurs qui évoluent à Montréal présentement.
 
Il a surtout insisté sur le fait qu’il était beaucoup trop tôt pour penser en fonction de l’an prochain, que les dirigeants de l’équipe se donneront quelques jours, peut-être quelques semaines pour avoir une évaluation plus éclairée des effectifs et que, par la suite, selon le directeur général, il y aura d’importantes réunions pour déterminer quel plan la haute direction entend mettre en place. Et les priorités? On va les déterminer après avoir étudié quoi faire pour améliorer cette formation.

Mais, dans la salle de conférence, on peut s’imaginer que Gauthier a ouvert son grand livre. Qu’il a exposé à son patron, son plan de relance en vue de la prochaine saison.