samedi 8 octobre 2011

Diaz rêve les yeux grands ouverts

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On ne sait pas où la carrière de Raphael Diaz va le mener avec le Canadien, mais pour le moment, il en apprécie chaque seconde. Il fallait le voir dans les heures précédant son baptême officiel dans la Ligue nationale, jeudi à Toronto. On aurait dit un enfant à qui on vient de dire de se servir dans un magasin de bonbons.
«Voilà que je joue avec des joueurs dont j'épiais les moindres faits et gestes à la télévision et qui me paraissaient tellement talentueux», disait-il le sourire fendu jusqu'aux oreilles.
«J'ai l'impression de rêver, du moins pour le moment.»
Car malgré la grande joie qui l'anime, le défenseur de nationalité suisse trouve le moyen de s'amarrer à la réalité. Il sait que tout pourrait basculer soudainement.
«Si les circonstances devaient faire que je doive aller à Hamilton pour améliorer mon jeu, je comprendrais», a-t-il affirmé.
Cela pourrait se produire lorsqu'une place devra être faite pour Andrei Markov à son retour au jeu.
Mais peut-être bien que non aussi, car il n'a pas gagné son poste par défaut.
Devant son copain Weber
Le sort a voulu qu'il devance son ami Yannick Weber pour le poste de sixième défenseur ainsi qu'Alexei Yemelin et Jeff Woywitka, parti depuis pour New York.
Ironiquement, son émergence a placé Weber dans la même position que Mark Streit, premier Suisse allemand à avoir porté les couleurs du Tricolore, lors des deux premières saisons de celui-ci à Montréal.
Incapable de fournir des performances soutenues à la ligne bleue, Streit était souvent utilisé à l'avant.
«Yannick et moi demeurons amis malgré la compétition qui nous oppose», raconte Diaz.

«Notre amitié remonte à plusieurs années. Nous avons joué ensemble dans les rangs juniors de même que dans des tournois pour joueurs de moins de 20 ans. Nous travaillons tous les deux pour jouer dans la Ligue nationale. J'ai remporté la lutte pour le sixième poste de défenseur, mais l'inverse aurait très bien pu se produire.»
Diaz s'est assez bien tiré d'affaire dans l'ensemble, à son premier match contre les Maple Leafs, mais il n'est assuré de rien.
Si les entraîneurs l'encouragent à continuer dans la même veine, la direction ne lui a pas encore dit de se trouver un appartement. Il habite à l'hôtel.
Pris par surprise
Son embauche s'est faite sensiblement dans les mêmes circonstances, le printemps dernier.
Diaz est tombé des nues lorsqu'un éclaireur du Canadien lui a confié que son organisation s'intéressait à lui après sa saison dans la Ligue nationale A de Suisse.
«J'étais surpris», continue Diaz. «J'ai répondu: c'est bien, tout en me disant que ce recruteur racontait peut-être la même chose à d'autres joueurs. Mais j'étais vraiment content quand ça s'est réalisé après ma participation au Championnat du monde.»
Il va sans dire que la nouvelle a été bien accueillie dans les cercles du hockey suisse, qui fait montre d'une belle progression depuis quelques années.

On compte six joueurs de ce pays dans la LNH, soit Jonas Hiller et Luca Sbisa, qui font carrière avec les Ducks d'Anaheim, Nino Niederreiter, dont le nom figure sur la liste des blessés des Islanders de New York, ainsi que Streit, Weber et Diaz.
Quelques autres font leur apprentissage dans les ligues mineures ou les rangs juniors.
Surfaces nord-américaines
Diaz cite deux facteurs pour expliquer le phénomène.
«Depuis deux ans, il se bâtit beaucoup d'amphithéâtres aux dimensions nordaméricaines dans notre pays», indique-t-il.
«D'autre part, les succès connus par Streit ont provoqué des effets positifs auprès des jeunes hockeyeurs de chez nous. Ils sont plusieurs à rêver à une carrière dans la Ligue nationale.»
Dans sa jeunesse, Diaz avait des ambitions plus modestes. Il voulait jouer avec l'équipe de Zoug, ville voisine de la municipalité de Baar, où il a vu le jour.
«À 16 ans, reprend-il, j'ai eu la chance d'entrer dans une école qui conciliait les études et le sport, une nouveauté à l'époque.»
«À 17 ans, on doit choisir entre le sport ou le travail. J'allais à l'école deux jours et je jouais au hockey le reste de la semaine.»
Diaz ne sait pas ce qu'il aurait fait dans la vie s'il n'avait pas joué au hockey. C'est la seule question à laquelle il a été incapable de répondre lors de notre rencontre.
Le jeune homme a du charisme et une gueule de chérubin qui va probablement en faire une figure populaire auprès des jeunes femmes. Il vous parle en vous regardant toujours droit dans les yeux et sourit tout le temps.
Comme vous l'avez sûrement constaté, son nom ne sonne pas allemand. Son père, qui est d'origine espagnole, a immigré en Suisse allemande à 20 ans pour y trouver une vie meilleure.

Détenteur des deux citoyennetés comme son paternel, Raphael Diaz parle l'allemand, l'anglais et un peu le français. Il ne s'exprime pas en espagnol, mais dit le comprendre parfaitement.
Mais ce qui l'intéresse par-dessus tout, c'est le hockey.
On va le regarder aller.