lundi 18 avril 2011

Julien ira-t-il jusqu’à l’abattoir avec Thomas ?

Chroniqueurs - La chronique de Martin Leclerc
Écrit par Martin Leclerc   
Dimanche, 17 avril 2011 12:08
Mise à jour le Dimanche, 17 avril 2011 19:10
Plaçons-nous un instant dans les souliers de Claude Julien. Dans une main, vous tenez votre formulaire d’inscription au chômage. Et dans l’autre, vous avez la feuille d’alignement du troisième match de cette foutue série contre le Canadien. Sur quel gardien misez-vous ?
Si vous étiez Claude Julien, miseriez-vous votre avenir professionnel et l’avenir de votre famille sur Tim Thomas ?
Personnellement, je serais très surpris de revoir Thomas revêtir son masque, son bouclier et sa mitaine dans cette série.
Vous vous rappelez le fameux soir de l’incident Chara-Pacioretty ? Il s’est dit bien des choses dans les couloirs du Centre Bell après cette rencontre.
Lors de ce fameux match, c’est Tuukka Raask qui était devant le filet des Bruins au Centre Bell. Et quelques heures avant la première mise au jeu, une rumeur voulant que Thomas soit aux prises avec un malaise quelconque avait circulé dans l’entourage de l’équipe.
Après le match, Julien s’était évidemment fait bombarder de questions à propos des agissements de Chara et de la possibilité de le voir servir une longue suspension. Le point de presse s’éternisait, et il ne restait plus grand monde quand un scribe de Boston s’était inquiété de l’état de santé de Thomas.
La réponse de Julien m’avait presque fait échapper mon micro. De toute évidence, il n’avait aucune confiance en son vétéran pour vaincre le Tricolore.
« Contre le Canadien, Thomas présente probablement une pire moyenne de buts alloués que contre toutes les autres équipes réunies. Nous sentions que c’était une opportunité pour Tuukka de nous donner une chance de gagner à Montréal. Nous avons pris cette décision et nous sommes confortables avec. Et nous vivons avec », avait martelé l’entraîneur avec énormément de conviction.
Après avoir vu Thomas distribuer les retours au rythme d’un joueur de tennis de table et se battre avec les tirs les plus anodins du Canadien, même ceux qu’il recevait en plein plastron, je ne peux donc pas croire que Claude Julien laissera Thomas retourner entre les poteaux et décider de son avenir comme entraîneur.
Brasser les cartes
Les Bruins ont besoin de brasser les cartes et de trouver un momentum, exactement comme les Hurricanes de la Caroline l’avaient fait en 2006. Leur gardien numéro un, Martin Gerber, jouait alors de façon aussi hésitante que Thomas. Et Peter Laviolette n’avait pas hésité à le retirer de la circulation pour faire place à un jeune de 22 ans, un certain Cam Ward.
On connaît l’histoire. Le Canadien s’était forgé une avance de 2-0 dans cette série et on flairait le balayage. Quatre matchs plus tard, les hommes de Bob Gainey étaient pourtant en vacances. Les Hurricanes, eux, avaient poursuivi leur chemin et remporté la coupe. Et Cam Ward s’était vu décerner le trophée Conn-Smythe.
Je ne dis pas que les Bruins vont renverser le Canadien s’ils procèdent à un changement de gardien. Mais ils s’en iront directement vers l’abattoir si leur entraîneur ne démontre pas qu’il est capable de prendre des décisions drastiques pour gagner.
Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas réinsérer le jeune Tyler Seguin dans l’alignement ?
Ce jeune homme a été le deuxième choix au total du dernier repêchage de la LNH. C’est un surdoué que les Bruins ont surprotégé et qui a connu une première saison fort respectable.
Compte tenu du dynamisme dont les Bruins font preuve en attaque, Julien ferait peut-être mieux de miser sur le talent qu’il a à sa disposition plutôt que sur les bras de ses valeureux plombiers.
Tim Thomas joue de façon hésitante depuis le début de la série. Photo d'archives Reuters