dimanche 13 mars 2011

Est-ce moralement acceptable?

http://www.fanatique.ca/canadiens/est-ce-moralement-acceptable+8186.html

publié le 12 mars 2011 à 20h18 par Rémi Villemure  (Rémi Villemure)


L'incident Max Pacioretty a fait beaucoup jaser cette semaine, si bien que le lendemain, on était déjà tanné d'en entendre parler. Pourtant, il y a des leçons à tirer de cette « mise en échec légale ». Des leçons, mais surtout un message assez clair lancé par Gary Bettman jeudi. Le commissaire de la Ligue nationale de hockey (LNH) a livré sa version des faits deux jours après les événements et en a profité pour émettre un commentaire très controversé : « Ça fait partie du jeu » a-t-il dit.
Michael Cammalleri, du Canadien de Montréal,  s'est confié à Marc-Antoine Godin de La Presse hier et il résumait très bien la problématique : « Ce qui me dérange, c'est le message qu'envoie la Ligue en ne suspendant pas Chara, a dit Cammalleri. C'est comme si l'on disait: c'est correct de tuer un gars, en autant que tu le tues à l'intérieur du cadre de nos règlements »
La LNH a décidé de ne pas punir Zdeno Chara parce que selon le livre des règlements, il a agi de manière sécuritaire. On ne peut donc pas punir un joueur sous prétexte qu'il a clairement eu l'intention d'en blesser un autre? Parce qu'à l'exception de Zdeno Chara et de ses coéquipiers – un gros bravo sarcastique à Patrice Bergeron qui remporte la palme de l'hypocrisie cette semaine – tout le monde s'est entendu pour dire que Chara avait pour objectif de diriger la tête de Pacioretty vers le poteau. Dans cette optique, il est peut-être temps pour la LNH de mettre sur pied un comité à l'éthique. Un comité formé de membres chargés d'apporter un second jugement à des gestes dangereux, comme celui de Chara.
Le plus pathétique dans tout cela, c'est qu'on soit obligé d'en arriver là et qu'on commence à aborder le sujet après qu'un joueur ait frôlé la paraplégie. Cessons deux minutes de parler de démission ou même de congédiement de Gary Bettman – il a accepté une prolongation de contrat de cinq ans faudrait-il dire – cela n'arrivera pas parce que les propriétaires n'ont pas l'intention de se mouiller. Ils font de l'argent et pour la quasi-totalité d'entre eux, c'est la seule chose qui compte.
Ne soyez pas surpris de constater que seuls Mario Lemieux et Geoff Molson, deux hommes de hockey, ont osé critiquer les hauts-dirigeants et les intérêts de la ligue. Colin Campbell, préfet de discipline,  semble toujours l'homme de la situation aux yeux de Gary Bettman et après tout, c'est tout ce qui compte à ses yeux. Bettman se fout complètement de ce que l'on pense de Campbell ou de Mike Murphy. S'il apprécie leurs services, tout roule dans sa tête. C'est un petit peu comme la dictature…
Revenons à l'incident. Si l'on suit la logique de la ligue, Chara a commis un geste légal et cela fait partie du jeu. Aux yeux de M. Bettman, si l'action est conforme aux règlements, il n'y a pas de problème. Aurait-il oublié un petit détail? Un détail très important, devrais-je dire : la vie. La vie de Pacioretty a été en danger pendant quelques minutes mardi. Oublions le geste deux instants et concentrons-nous plutôt sur l'essence-même d'une décision.
 Est-ce moralement acceptable de permettre à des joueurs de s'entretuer sur la glace dans la mesure où ils respectent les règlements? « Euh…» serait la réponse de Gary Bettman, mais la vôtre et celle du comité à l'éthique fictif : quelle est-elle?

Ah non, pardonnez-moi,  j'oubliais un détail moi aussi : on se fout complètement de ce que vous avez à dire, de votre opinion et de votre perception. C'est un petit peu comme la dictature…