samedi 12 février 2011

Nouveau Colisée : le maire Labeaume invoque l’urgence d’agir

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Écrit par Yves Chartrand   
Jeudi, 10 février 2011 12:07
Mise à jour le Jeudi, 10 février 2011 22:28

QUÉBEC – Régis Labeaume et Jean Charest ont annoncé jeudi matin un partenariat en parts égales pour construire un nouveau Colisée, évalué à 400 millions et dont le maire de Québec espère l’ouverture pour septembre 2015. Selon Régis Labeaume, il faut faire vite si sa ville espère obtenir un club de hockey dans la Ligue nationale. La « fenêtre d’opportunité » est encore ouverte pour un an tout au plus, dit-il.

« J’annoncerai dans les prochaines heures au commissaire de la LNH, M. Gary Bettman, que la Ville de Québec ira de l'avant avec la construction d’un nouvel amphithéâtre multi-fonctionnel en partenariat avec le gouvernement du Québec », a indiqué Labeaume en conférence de presse dans le
Colisée actuel, qu’il considère presque bon pour le pic des démolisseurs.

Même s’il a répété à maintes reprises que son engagement lors de la dernière campagne électorale municipale était de livrer un nouvelle amphithéâtre multifonctionnel et non d’obtenir un club de hockey, Régis Labeaume n’a tout de même pas caché son désir profond.

Régis Labeaume a expliqué que sa Ville a déjà commencé à se livrer à un ambitieux projet de réduction des dépenses de 22 millions par année et d’une suppression par attrition de 500 postes d’employés municipaux. Photo Yvan Tremblay

« Il nous manque quelque chose à Québec, dans notre cœur, c’est un amphithéâtre et aujourd’hui, on part, dit-il. Ça va être ouvert en septembre 2015 et on va avoir des partenaires privés avec qui on va signer et qui vont tout faire pour avoir une équipe de hockey professionnel. »

Québec ne peut plus attendre qu’Ottawa se décide pour démarrer, dit Régis Labeaume. Toutes les conditions économiques sont réunies pour la réalisation, avec le partenariat du gouvernement du Québec et une ville en pleine santé et dont les citoyens font corps derrière le projet, selon lui.

Mais surtout, ajoute le maire, « la fenêtre d’opportunité pour pouvoir attirer une équipe de hockey ne va durer que quelques mois ». Dans un an, juge-t-il, « ça va être pas mal terminé ».

Les gens du milieu du hockey « avec qui je parle me disent que les propriétaires de club qui ont des difficultés aux États-Unis voudraient idéalement conserver leur club ». Pour garder leur « joujou », dit Labeaume, Québec pourrait devenir un choix alléchant maintenant que la construction de l’amphithéâtre est assurée.

« Comme gars de Québec et comme maire, ne me demandez pas de passer par-dessus cette opportunité. Je m’en voudrais pour le reste de mes jours de pas avoir fait tout ce qu’il fallait pour se donner la chance de faire revivre ici notre sport national. »

Plan de gestion rigoureux

Mais pour construire cet objet de désir tant attendu à Québec depuis plusieurs décennies en se passant d’une contribution fédérale, la Ville de Québec devra mettre sur la table un imposant 187 millions de dollars, au lieu des 50 millions prévus à l’origine. Les 13 autres millions provenant de l’organisme « J’ai ma place ».

Pour y parvenir, Régis Labeaume a expliqué que sa Ville a déjà commencé à se livrer à un ambitieux projet de réduction des dépenses de 22 millions par année et d’une suppression par attrition de 500 postes d’employés municipaux au cours des cinq prochaines années qui lui permettra de payer « comptant » 62 millions.

Ce plan de gestion rigoureux se fera, a-t-il insisté, sans affecter les services municipaux et sans augmenter les charges fiscales plus que l’inflation.
De plus, les 125 millions que la Ville empruntera sur le marché financier pour financer le projet auront un « impact minime » sur le service de la dette, dont le ratio sur les budgets devrait baisser en raison de l’intention de son administration de payer de plus en plus comptant ses dépenses d’immobilisation.

« Dans neuf ans, nous allons payer 71 pour cent de nos immobilisations comptant et emprunter seulement 21 pour cent sur le marché pour payer ce qu’on construit, soutient le maire Labeaume. Est-ce qu’on s’endette avec l’amphithéâtre ? La réponse est non. »

« Un bien public »

Par ailleurs, la Ville négocie actuellement avec des entreprises privées pour des investissements dans le projet, mais pas pour investir dans la construction.
« Il est impossible pour l’entreprise privée de connaître un rendement sur l’investissement qui justifierait un tel investissement. La rentabilité est impossible dans l’état actuel des choses », a reconnu Régis Labeaume.
De toute façon, ajoute-t-il, il est hors de question de laisser la propriété de cet équipement contre un investissement minoritaire d’une entreprise privée. Le futur aréna sera « un bien public », dit-il.

Jamais le maire de Québec n’a parlé du groupe Quebecor, dont le propriétaire Pierre Karl Péladeau a manifesté à plusieurs reprises son grand intérêt pour l’achat d’un club de hockey de la LNH. Au contraire, il a plutôt parlé d’une « saine compétition entre les entreprises qui veulent devenir partenaires dans ce projet ».

Si tout se déroule comme il l’entend, le nouveau Colisée sera construit à proximité de l’ancien, en bordure de l’autoroute 73 et du boulevard Hamel. La Ville compte se servir de ce projet pour redynamiser les quartiers avoisinants de Limoilou et de Vanier.

Un engagement électoral

L’entente conclue avec Québec prévoit que le projet évoluera dorénavant sous la responsabilité d’Infrastructure Québec, en partenariat avec la Ville de Québec. Les 45 pour cent, jusqu’à concurrence de 200 millions, promis par le gouvernement Charest iront à la dette de la province.
Jeudi, le premier ministre Jean Charest a rappelé que son gouvernement en avait fait un engagement électoral lors de la dernière campagne à l’automne 2008. Selon lui, « il n’est pas normal qu’une ville nordique comme Québec n’ait pas un complexe multifonctionnel » à sa disposition.

Le premier ministre a dit qu’à plus long terme, il ne faut pas oublier le projet d’une candidature pour des jeux olympiques d’hiver, où la future installation devient « essentielle ». Il a rappelé que son gouvernement a fait des investissements tout aussi importants à Montréal avec le Quartier des spectacles et la salle de l’Orchestre symphonique de Montréal.

Par ailleurs, le maire Régis Labeaume a été à la hauteur de son personnage en élevant le ton face à un journaliste qui lui demandait si cet investissement était éthique en regard de la situation financière difficile des administrations publiques, notamment dans le domaine de la santé.

« C’est extrêmement réducteur de le voir comme cela, a-t-il répliqué sèchement. Allez demander à la population ce qu’elle en pense : Québec veut un amphithéâtre. Je l’ai promis aux dernières élections et j’ai été élu à 80 pour cent. Me dites-vous que ceux qui ont voté pour moi n’ont pas eu d’éthique ? » s’est emporté Labeaume, jugeant la comparaison avec les hôpitaux « inappropriée ».