samedi 12 février 2011

Gauthier se gargarise-t-il de somnifères ?

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Blogues - Mario Leclerc sur le trottoir
Vendredi, 11 février 2011 09:41

J’ai été plongé dans les cercles de la Ligue nationale de hockey pendant une vingtaine d’années, pendant lesquelles j’ai suivi au quotidien les péripéties des Nordiques à Québec, puis du Canadien à Montréal. J’ai couvert sur place plus de 1 200 matchs tant à Québec et Montréal que dans toutes les villes du circuit Bettman.

Et ce que j’ai vu à la télévision mercredi en provenance de Boston m’a scié les jambes. En 25 ans, je ne me souviens pas d’un match où les Nordiques ou le Canadien se soient fait manger la laine sur le dos comme ce fut le cas du Tricolore face aux Bruins mercredi.
J’ai beau chercher, il n’y a rien qui se compare dans mes souvenirs à ce véritable festival de la claque sur la gueule. Un festival dans lequel le Canadien jouait le rôle de l’encaisseur, et les Bruins, celui du cogneur. Le casting était parfait : d’un côté les petits, de l’autre les gros-qui-tapochent-les-petits. Une logique qui a été scrupuleusement respectée dans l’enceinte des Bruins !
Soyons directs : le Canadien en a mangé toute une. Les joueurs se sont fait secouer le pommier. Pauvre Spacek. Pauvre Pyatt. Pauvre Gill. Pauvre tout le monde.
Les Bruins ont vaincu à tous points de vue dans cette épreuve d’intimidation, pour ne pas dire dans ce derby de démolition. À un moment donné, j’ai presque souhaité qu’un des joueurs du Tricolore hisse le drapeau blanc, en guise de reddition, avant le son final de la sirène. C’était à ce point inégal.
Pierre Gauthier doit apporter du renfort à son entraîneur Jacques Martin, même si ce dernier compose très mal avec l'élément robustesse dans un match de hockey. Photo d'archives Catherine Lefebvre
Une équipe frileuse démasquée

Un match très éprouvant pour nos glorieux, donc. On risque de s’en souvenir encore longtemps comme étant l’un des matchs les plus embarrassants de l’histoire moderne de l’équipe.

À plus court terme, ce match laissera des traces partout à travers la LNH. Désormais, le Canadien est démasqué par tous ses rivaux. Tous les entraîneurs du circuit ont maintenant le plan de match parfait pour affronter la petite troupe frileuse de Jacques Martin. Les Bruins ont éprouvé la recette et les images sont disponibles partout.

Alors, attachez vos tuques pour le reste de la saison, car on devrait voir très régulièrement des épaules amochées, des visages tuméfiés et des yeux de raton-laveur chez les joueurs du Canadien. J’ai bien peur que ça va être souffrant pour eux. On se dirige vers une fin de saison laborieuse.

Du renfort au plus sacrant

Ce pourrait être moins éprouvant si Pierre Gauthier agissait prestement. Gauthier peut-il changer les choses à cette période-ci de la saison ? Certainement.

Le veut-il ? On en est moins sûr.
Idem pour son divertissant entraîneur. Ce Martin n’a jamais été habile à composer avec l’élément robustesse dans un match de hockey. Ce n’est pas sa tasse de thé.

Martin ne mettra donc aucune pression sur son patron pour ajouter du muscle à l’équipe, mais c’est à Gauthier de dénicher les éléments manquants à sa formation et à s’organiser pour que Martin les dirige adéquatement.

D’ailleurs, Gauthier n’a pas des mois devant lui pour rectifier le tir et éviter que la situation ne dégénère et devienne encore plus gênante. Son équipe a besoin de joueurs plus robustes « right now », tout de suite.

Lorsque Tomas Plekanec soutient que ce serait « extraordinaire » d’avoir du renfort au niveau de la robustesse, c’est que ça grenouille chez les joueurs depuis longtemps. D’ordinaire, les joueurs ne discutent pas de ces choses publiquement. Surtout pas à Montréal. C’est signe que la situation est devenue intolérable pour eux.
Gauthier va-t-il donc écouter ses propres joueurs qui ne se cachent même plus pour demander de l’aide en ce sens ?

Des schtroumpfs intimidables

Le directeur général est-il le seul à ne pas voir que son équipe de schtroumpfs est intimidable ?
Pense-t-il encore après la rebuffade de mercredi qu’il va gagner plus de combats qu’il va en perdre avec des Gionta, Desharnais, Plekanec,

Cammalleri, Gomez, Pyatt, Halpern, Weber et autres joueurs à petit gabarit ?
Sans parler des Gill, Eller, Moen, Kostitsyn et cie qui en imposent physiquement, mais qui se font très petits dans le feu de l’action.
Pour le moment, le seul geste qu’a posé le directeur général, c’est de faire appel jeudi à Ryan White de son club-école de Hamilton. Encore que Gauthier a manqué le bateau dans le dossier de White.

Certains lui reprochent d’avoir agi trop tard. J’en suis. White aurait dû être rappelé pour le match de mercredi à Boston plutôt que celui de jeudi contre les Islanders. C’est contre les Bruins qu’il aurait été le plus utile.

Gauthier a fermé l’œil sur celle-là. Il s’est trompé.
Je préfère penser qu’il a commis une simple erreur de parcours. C’est à lui de nous démontrer dans les prochains jours qu’il a bien lu la situation et qu’il la corrige sans plus attendre.

Sinon, il faudra en conclure que Gauthier se gargarise avec les mêmes somnifères que son prédécesseur Bob Gainey et donnera du poids à l’adage voulant que « plus ça change, plus c’est pareil ».