lundi 4 avril 2011

La censure et les trophées de la LNH

La chronique de Martin Leclerc
Dimanche, 03 avril 2011 11:15
Les journalistes affectés à la couverture des trois équipes de la LNH dans la région de New York sont en train de servir une gênante leçon de rigueur et de solidarité à leurs confrères des quatre coins de l’Amérique.
Les membres de l’Association des journalistes de hockey professionnel d’Amérique (AJHPA) affectés à la couverture des Islanders, des Rangers et des Devils ont en effet décidé (par vote) de ne pas remplir les bulletins visant à déterminer les lauréats des trophées Hart (joueur le plus utile), Calder (recrue par excellence), Lady Bing (gentleman par excellence), Norris (meilleur défenseur) et Selke (meilleur attaquant défensif).
Ils veulent ainsi protester contre une décision des Islanders de New York, qui ont décidé l’automne dernier de refuser tout accès média au journaliste Chris Botta, qui était alors à l’emploi de AOL Fanhouse. Ce dernier dirigeait auparavant le département des relations publiques des Islanders.
Une fois passé dans le camp des journalistes, Botta a formulé de nombreuses critiques envers son ancienne organisation (qui est quand même l’une des plus mal en point de la LNH). Et pour le faire taire, les Islanders lui ont tout simplement retiré son accréditation.
De la censure pure et simple. Comme ça, dans la métropole des États-Unis. En 2011.

Ceux qui veulent avoir plus de détails sur cette ridicule histoire peuvent consulter le blogue du confrère Andrew Gross, qui est affecté à la couverture des Rangers.

Des leaders de la communauté journalistique new-yorkaise, entre autres Larry Brooks, implacable columnist du New York Post, ont pris position et incité les journalistes à se rebeller. Si bien que la LNH se retrouve aujourd’hui dans une drôle de position. Les journalistes couvrant le plus grand marché de la LNH (et le plus grand marché des États-Unis) refusent de participer à l’élection des lauréats des plus prestigieux trophées parce que la ligue tolère la censure !

Après avoir balayé cette affaire sous le tapis durant des mois, la LNH finira-t-elle par bouger ? On le saura lundi, semble-t-il.

Je salue donc les confrères de New York pour leur rigueur et leur solidarité sur une question tellement fondamentale qu’elle ne devrait même pas faire l’objet d’un début de commencement de débat. Surtout au sein d’un groupe de journalistes !

Cependant, l’attitude des 27 autres chapitres de l’AJHPA laisse extrêmement songeur.
Le président de l’organisme, le journaliste Kevin Allen, du USA Today, a déclaré qu’il avait écarté la possibilité d’organiser un boycott général parce que les journalistes des 27 autres villes considèrent plus important de voter pour l’obtention des trophées que pour tuer dans l’œuf l’inacceptable précédent dont Chris Botta a été victime.
Réveillez-moi quelqu’un !

Imaginez ce qui se passerait si, demain matin, toutes les équipes de la LNH se mettaient à choisir l’identité des journalistes affectés à leur couverture !
Pour l’instant, soit les confrères de Montréal dorment au gaz comme les autres, ce qui serait gênant, soit le président de l’AJHPA ne les a jamais contactés pour leur demander leur avis sur la question. Ce qui serait aussi très gênant.

Je vous reviendrai là-dessus…
(NOTE : Je ne fais pas partie de l’AJHPA. On m’a proposé une carte il y a quelques années, mais je ne l’ai pas signée parce que je ne voyais pas en quoi les cotisations exigées allaient améliorer les conditions dans lesquelles je pratique mon métier dans la LNH.)
La LNH, un rêve possible ?

Les éditions Hurtubise ont organisé un lancement de première classe cette semaine pour souligner la parution du deuxième tome du livre La LNH, un rêve possible, qui a été rédigé par le confrère Luc Gélinas, de RDS.

Dans cette deuxième œuvre, Luc a choisi de faire découvrir aux lecteurs les différents chemins parcourus par Michael Cammalleri, Scott Gomez, Brian Gionta, David Perron, Alex Kovalev et Georges Laraque pour atteindre la LNH. Il a aussi eu la bonne idée de consacrer un chapitre à Kim Saint-Pierre, qui s’est illustrée à titre de gardien de l’équipe nationale féminine.

Le grand succès (et la grande victoire) du premier tome de La LNH, un rêve possible avait été sa grande popularité auprès des jeunes garçons, qui lisent malheureusement trop peu. De nombreux professeurs québécois ont le plaisir de voir ce bouquin traîner sur les pupitres de leurs élèves au cours des dernières années.
Souhaitons que le deuxième tome suscite le même genre d’engouement. Il suffit parfois d’un témoignage de persévérance significatif pour changer la vie d’un enfant, que ce soit à l’école, au hockey ou ailleurs.