samedi 23 avril 2011

Les Canadiens profitent de la manne

MONTRÉAL - Avec une liste d’attente de plus de 9000 personnes pour l’achat de billets de saison, les Canadiens de Montréal peuvent se payer le luxe de dicter leurs termes aux «fans» qui lorgnent ces billets. Ils maximisent leur encaisse à court terme et reportent au plus tard possible le remboursement de l’argent dû.
 
Un coup d’œil sur les conditions de l’achat de billets révèle que la gestion du paiement de ces abonnements assure un véritable fonds de roulement à la direction de l’équipe tricolore, qui évite ainsi de devoir puiser dans ses goussets pour payer des dépenses courantes.
 
D’entrée, le club réclame à l’aspirant acquéreur de billets des frais de 239 $ pour s’inscrire sur la liste d’attente.
 
De cette somme, 200 $ représentent un dépôt qui sera remboursé au moment de l’achat effectif des billets, lequel peut survenir plusieurs années plus tard.
 
Il n’a pas été possible vendredi de s’entretenir avec Donald Beauchamp, le responsable des communications des Canadiens, mais un préposé au Centre Bell a signalé que l’attente pour des billets de saison variait entre cinq et huit ans.
 
C’est donc dire qu’un aspirant acheteur de l’abonnement peut s’attendre à payer entre 200 $ et 320 $ en seuls frais administratifs pour sa patience.
 
Une paire: 17 000 $
 
Une fois qu’il obtient le droit d’acquérir des billets, l’acheteur doit prendre au minimum deux billets de saisons.

La paire la moins chère, pour la section des bleus, se vendait cette année 2426 $, alors que la plus chère, de catégorie platine, coûtait un peu moins que 17 000$.

Cela exclut le prix des billets de saison pour les séries, dont le coût est environ la moitié du prix payé pour la saison régulière. Dès le mois de mars, les acheteurs d’un abonnement pour les séries doivent se procurer des billets couvrant la totalité des séries éliminatoires, soit au maximum 16 matchs au Centre Bell.
 
En cas d’élimination précoce, les Canadiens mettent quelques semaines à rembourser ses partisans du paiement effectué en trop. Il est aussi possible de se faire créditer l’argent dû sur l’achat des billets de saison pour l’année suivante.
 
Le renouvellement est à faire obligatoirement en deux paiements à la mi-juin et au début août, soit bien avant le début de la saison régulière, ce qui a encore une fois pour effet de maximiser l’encaisse de l’équipe.
 
Risqué
 
En entrevue à Argent, le professeur de marketing sportif à l’Université Laval, André Richelieu, a jugé risquée cette stratégie de prépaiement exploitée au maximum, jumelée à des prix très élevés.
 
«C’est le propre des grands clubs de pouvoir imposer leurs conditions. Mais le danger est qu’à mettre autant de barrières financières, on atteigne un point de saturation», a-t-il dit.

M. Richelieu craint que les Canadiens au Centre Bell ne se déconnectent de leur base de partisans traditionnels pour devenir l’apanage d’une minorité fortunée.