lundi 7 mars 2011

Vers un troisième Jack Adams pour Jacques Lemaire

http://blogues.cyberpresse.ca/gagnon/2011/03/07/vers-un-troisieme-jack-adams-pour-jacques-lemaire/

Jamais encore depuis que le titre d’entraîneur de l’année a été créé, en 1974, n’a-t-on remis le trophée Jack Adams à l’entraîneur d’une équipe qui ne s’est pas rendu en séries éliminatoires.
 

Sa victoire, en fusillade, dimanche, aux dépens des Islanders à Uniondale, était la 20e de son équipe en 24 matchs. Mieux, les Devils ont récolté des points dans 22 de ces 24 parties (20-2-2).
Et c’est un peu normal.

Mais à cause de Jacques Lemaire et du renversement de situation complet qu’il a orchestré depuis qu’il a repris le contrôle d’une équipe en pleine dérive au New Jersey, on pourrait vivre une première cette année.
Lemaire a hérité des Devils le 23 décembre dernier. Ils étaient 29es au classement général avec une récolte de 20 points seulement après 33 matchs (9-22-2).

Limité à une seule victoire après ses huit premières parties (1-7-0), Lemaire ne semblait pas en mesure de sortir les Devils de chez le diable.
Et bien non!

D’une fiche de 10-29-2 après les 41 premiers matchs de la saison, les Devils sont passés à une fiche de 20-2-2 jusqu’ici en deuxième portion de calendrier.
Renversant!

Comme quoi, il est bon d’avoir des bons joueurs de hockey, mais il est mieux encore d’avoir un coach pour les bien diriger. Martin Brodeur est meilleur depuis que les Devils jouent autrement qu’un club de ligue de garage.

Même Ilya Kovalchuk tire profit des responsabilités défensives imposées par son coach. Car si bien du monde rit de Jacques Martin, de Jacques Lemaire et des autres coachs qui insistent sur l’importance de bien jouer sans la rondelle, c’est qu’il faut d’abord être bon en défensive pour récupérer la petite noire et marquer des buts lorsqu’on l’a.

Kovalchuk, un magicien lorsqu’il est en possession de la rondelle, a d’ailleurs qualifié de magique l’intervention de Lemaire dans les plans de match qu’il impose à son équipe.

Mais bon! C’est tellement plus facile de rire du monde…

Les séries : un rêve possible

Quoi? Vous dites que les Devils ont encore des chances d’accéder aux séries?
Mathématiquement c’est vrai puisqu’ils ne sont qu’à huit points des Sabres de Buffalo qui ont chassé les Hurricanes de la Caroline du huitième rang hier.
Des Sabres à qui on ne donnait pas beaucoup de chance, pour ne pas dire aucune chance, d’accéder aux séries. Et avec 17 matchs à disputer, les Devils peuvent combler l’écart qui les sépare des séries. C’est un fait.

Mais, et c’est un gros mais, les Devils doivent non seulement rejoindre et dépasser les Sabres, ils doivent aussi rejoindre et dépasser Atlanta, Toronto et la Caroline.

Rejoindre et dépasser un adversaire, c’est possible. Surtout quand tu joues et gagnes comme les Devils jouent et gagnent depuis deux mois.
Pour y arriver, il faut que ton rival casse. Et il arrive qu’un rival casse dans le dernier droit.

Mais dans le cas des Devils, il faudrait que quatre clubs cassent en même temps. Et comme ils joueront l’un contre l’autre de temps en temps, ça minera les chances du New Jersey.

Si les Devils n’y accèdent pas aux fichues séries, Lou Lamoriello n’aura que lui à blâmer. Car s’il avait été aussi impatient avec John McLean qu’il ne l’a été avec Claude Julien, Jacques Lemaire aurait eu le temps pour remonter jusqu’au sein du groupe des huit…

L’exception confirmant la règle

Cela dit, si les Devils n’accèdent pas aux séries, est-ce que les collègues descripteurs et analystes des matchs de la LNH, ceux qui votent pour l’entraîneur de l’année, pourraient faire de Jacques Lemaire la première exception de l’histoire.

Des candidats intéressants se signalent autour de la LNH.

Guy Boucher à Tampa vient certainement en tête de liste, tout comme Peter Laviolette à Philadelphie. Si Dan Bylsma garde les Penguins la tête hors de l’eau sans Sidney Crosby et Evgeni Malkin, il prouvera hors de tout doute que ses talents de coach n’étaient pas redevables seulement à ces deux surdoués.
À l’autre bout du spectre, Alain Vigneault compte sur une équipe de premier plan. Mais il a su garder le contrôle de son équipe et surtout faire face à des blessures en séries. Il pourrait obtenir le trophée lui aussi.
Jacques Martin a beaucoup de détracteurs à Montréal, mais il a aussi beaucoup de supporteurs aux quatre coins de la LNH qui reconnaissent la valeur du système qu’il impose à une équipe privée de son meilleur joueur, Andrei Markov, et de deux défenseurs importants, afin de maximiser le travail de son gardien.

Mais ce ne sera pas assez pour faire contrepoids aux autres candidatures, dont celle de Lemaire.

Si les Devils accèdent aux séries, il est déjà acquis que Lemaire obtiendra un troisième trophée Jack Adams. Pas mal comme cadeau de retraite…

Il rejoindrait ainsi Pat Burns qui est le seul autre coach de l’histoire à l’avoir soulevé trois fois. Burns l’a fait avec trois équipes différentes : Montréal, Toronto et Boston. Et il a gagné le plus important des trophées, la coupe Stanley, avec les Devils.

Lemaire a gagné ses deux premiers trophées à Jersey et au Minnesota.
Il deviendrait aussi le troisième entraineur à mettre la main sur cet honneur après être entré en scène au cours de la saison.
Jacques Demers à la barre des Red Wings de Detroit.
Jacques Demers à la barre des Red Wings de Detroit.

Bruce Boudreau, en 2007-2008, venu en relève à Glen Hanlon, a privé Guy Carbonneau d’un premier titre de Jack Adams en complétant une remontée qui a permis aux Caps de se rendre en séries.

Bill Barber, en relève à Craig Ramsay, à Philadelphie en 2000-2001, est le seul autre à avoir réalisé l’exploit.

Jacques Demers est aussi le seul à avoir soulevé le Jack Adams deux années de suite.

De fait, quand on regarde le tableau, on se rend compte que 11 titres ont récompensé des entraineurs du Québec, car aux Demers, Lemaire, Vigneault, Burns et Bowman, il faut ajouter le nom de Bryan Murray qui est originaire de Shawville, une petite localité du Pontiac dans le nord-ouest de l’Outaouais.
Et il ne faudrait pas oublier les noms de Claude Julien et Jacques Martin qui sont de l’Est-ontarien.
Bobby Kromm
Bobby Kromm

Dans la liste des récipiendaire, on remarque le nom de Bobby Kromm qui, en 1977-1978, a causé l’un des plus gros renversement de situation de l’histoire. Kromm a guidé les Red Wings de Detroit en séries après une absence de sept années consécutives. Mais les Wings n’y sont pas retournés cinq ans de suite après la victoire de Kronn.

Et vous, vous lui donnez à Jacques Lemaire le Jack Adams? Peu importe que les Devils accèdent ou non aux séries? Quels sont vos autres candidats?