Comme tout le monde, j'ai été renversé lorsque Gauthier a cédé Halak aux Blues de Saint Louis en retour de Lars Eller et Ian Schultz.

Pour tout dire, j'ai failli passer par-dessus bord du paquebot sur lequel je me trouvais dans la mer du Pacifique!

Je pensais que le directeur général du Canadien se donnerait jusqu'au milieu de la présente saison pour trancher. Gauthier estimait quant à lui que les deux jeunes gardiens ne pouvaient cohabiter plus longtemps.

Je n'ai pas condamné son choix car je n'avais pas lancé l'éponge avec Price. Il avait montré trop de belles choses à son arrivée dans l'organisation du Tricolore pour avoir perdu soudainement tous ses moyens.

Mes nombreuses années passées sur la couverture du hockey m'ont appris qu'il faut faire montre de patience avec les jeunes joueurs.

Price était toutefois arrivé à un carrefour important. Il devait remplir ses promesses.  Halak parti, le ballon lui revenait et il ne pouvait se permettre de l'échapper.

Price savait qu'il devait se prendre en main. En apprenant à se comporter comme un vrai professionnel, il s'est donné la chance de renouer avec le succès.

Comme les gardiens qui sont passés à Montréal depuis une quinzaine d'années, il s'affirme maintenant comme le joueur le plus utile à son équipe.

Le sort du Canadien repose en grande partie sur ses épaules.

Trophée Vézina? 

Mon confrère Benoît Brunet en fait son choix au trophée Vézina attribué au gardien par excellence de la Ligue nationale, titre décerné par les directeurs généraux du circuit.

Pourquoi pas?

Price peut prétendre à cet honneur, mais il n'est pas seul. Tim Thomas va recevoir plusieurs votes, et pour cause.

Après avoir connu, lui aussi, une saison désastreuse l'an dernier, le vétéran gardien des Bruins présente une moyenne de buts accordés inférieure à deux buts par match (1,95), et un formidable pourcentage d'arrêts de ,940!

Si vous voulez mon avis, c'est presque dans la poche pour Thomas. Ça n'enlève quand même rien au brio de Price.

Le temps se chargera de l'histoire

Depuis sa plus récente victoire contre les Panthers de la Floride, il reçoit quantité d'accolades.

Les passionnés de statistiques mêlent son nom aux grands gardiens qui ont marqué l'histoire du Canadien comme Jacques Plante et Ken Dryden.

Ça fait partie du jeu.

Price est le premier gardien de l'équipe depuis José Théodore en 2003-2004 à franchir le cap des 30 victoires en une saison. Il s'agit d'une première pour lui.

Le dernier gardien du Tricolore à avoir inscrit sept jeux blancs au cours d'une même saison avant lui fut Cristobal Huet, lors de la saison 2006-2007.

Aucun gardien ne s'est rendu à huit depuis 1976-77 alors que Ken Dryden en avait totalisé 10. C'était deux de plus que le nombre de défaites subies par le Canadien cette saison-là.

Il est trop tôt pour statuer sur la place que Price occupera dans l'histoire du Tricolore.

Le jeune homme est le premier à rejeter toutes comparaisons, mais il peut être fier de ce qu'il accomplit cette saison.

Il a réalisé qu'un athlète ne peut se fier uniquement à son talent pour connaître du succès.