vendredi 10 juin 2011

Ingérence… ou pouvoir limité ?

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Yvon Pedneault
10/06/2011 00h06 


Ainsi donc, si je me fie aux propos que tenait Roland Melanson à notre collègue Marc De Foy, ce n’est finalement pas Bob Gainey qui tenait à garder Carey Price à Montréal, à sa première saison complète chez les professionnels.
 
C’étaient plutôt les gens du marketing, ting, ting, et les hautes instances de l’équipe.
Selon Melanson, comme l’équipe s’apprêtait à célébrer le 100e anniversaire de la concession, on voulait un autre Patrick Roy. Le profil correspondait parfaitement à Price.
 
Melanson stipule que Guy Carbonneau et lui avaient discuté avec Gainey et le consensus voulait que Price passe une saison dans la Ligue américaine.
 
Une idée intéressante.
 
Les propos de Melanson rejoignent en somme ceux que tenait Pierre Boivin, l’ex-président des Canadiens, en entrevue à CKAC Sports, il y a environ trois semaines.
 
«Dans les faits, personne ne possède le privilège d’avoir carte blanche. Ça n’existe pas dans la vie. On a toujours quelqu’un à qui on doit se rapporter. Donc, il est faux de prétendre qu’une telle personne possède carte blanche.»
 
Cela veut dire que Gainey n’avait pas carte blanche sur les décisions touchant le personnel des joueurs et des entraîneurs. André Savard et Réjean Houle ne possédaient pas de tels pouvoirs non plus.
 
Est-ce à dire que la haute direction faisait preuve d’ingérence dans les opérations quotidiennes de l’équipe? «Le plus difficile pour un chef d’entreprise, c’est de ne pas faire de l’ingérence, avait souligné Boivin. Comme chef d’entreprise, tu as des personnes en place pour s’assurer que tout fonctionne parfaitement. Mais, le chef d’entreprise doit poser des questions. Il veut savoir pourquoi l’équipe connaît une baisse de régime. Pourquoi on ne parvient pas à rencontrer les objectifs.»
 
Boivin précise plutôt que de faire de l’ingérence alors que les dossiers deviennent passablement complexes et surtout très chauds, il vaut mieux apporter des changements administratifs. Par conséquent, on congédie l’entraîneur.
 
Ou on congédie le directeur général. Il faut croire qu’au cours de son règne, Boivin a été bien tenté de s’immiscer dans les affaires de Gainey, ou encore dans les dossiers de Savard ou dans les décisions que voulait prendre Houle.
 
Le licenciement de Carbonneau peut donc s’expliquer par l’intervention de Boivin auprès de Gainey.
 
Quelques jours au préalable, Gainey avait pourtant affirmé que son coup le plus important et le plus gratifiant pour lui fut justement l’embauche de son bon ami et ex-coéquipier, Carbonneau. Comment, en l’espace de quelques jours, a-t-il pu en venir à la décision de relever Carbo de ses fonctions?
 
On m’a déjà raconté qu’à l’occasion d’une réunion du conseil d’administration des Canadiens, les hautes instances de l’organisation avait questionné Gainey sur les commentaires d’après-match de Carbonneau affirmant qu’il ne savait plus quoi faire avec les joueurs. Qu’il était à bout de ressources.
 
«Qu’entends-tu faire Bob pour remédier à la situation?» Une question directe et qui demande une réponse franche.
 
«Tu ne peux pas laisser l’équipe dans un tel désordre. Et il faut participer aux séries éliminatoires, c’est un must.»
 
Gainey opta pour l’impensable.
 
Dehors Carbo et bienvenue Bob.
 
Ingérence ou pouvoir? Le propriétaire ou son fondé de pouvoir décident et les hommes de confiance exécutent.
 
Mais, il y a quand même une logique à respecter. Depuis quand les gens du marketing doivent-ils décider du statut des joueurs? Depuis quand le marketing a priorité sur les décisions au niveau du personnel des joueurs?
 
Les propos de Melanson m’étonnent. Je croyais que Gainey avait un incroyable pouvoir de persuasion.
 
Or, alors si cela avait été le cas, Carbonneau aurait sûrement demeuré en place.
 
Mais si je reviens aux commentaires de Pierre Boivin. Assumant, qu’il exige qu’on règle sur le champ les problèmes au sein de l’équipe, mais que Gainey s’objecte à ce que
Carbonneau soit congédié, est-ce à dire que Gainey aurait pris le bord?
Sous la direction de Boivin, je vous rappelle que cinq entraîneurs ont défilé derrière le banc et quatre directeurs généraux sont passés dans les bureaux administratifs. Il faut croire qu’on était souvent en désaccord…
 
Que fait-on de la stabilité d’une organisation?
 
Parfois quand le marketing, ting, ting, a priorité…
 
Des Bruins dominants
 
Impressionnantes les deux dernières prestations des Bruins de Boston. Et cette série finale, égale 2-2, pourrait bien être à l’avantage des représentants de l’association de l’Est. Boston méritait un meilleur résultat que 0-2 lors des deux premières rencontres à Vancouver.
 
Les Bruins ont été dominants à tous les points de vue lors des deux derniers matchs.
Douze à un au chapitre des buts. Dominants sur l’aspect physique. Dominants au niveau des unités spéciales.
 
Comment une équipe peut-elle dominer aussi outrageusement en finale de la coupe Stanley? Surtout contre la meilleure formation du calendrier régulier?
 
Doit-on y voir une certaine intimidation?
 
Assurément.
 
Tim Thomas a été intimidant. Les défenseurs des Bruins ont été intimidants en s’acharnant sur les jumeaux Sedin. Les attaquants ont été intimidants en taillant en pièces la défense des Canucks et en faisant très mal paraître le gardien Roberto Luongo.
 
Les Bruins ont plongé les Canucks dans le doute. Les champions de l’Ouest ont perdu leur concentration, ils n’ont jamais pu pratiquer le style qui leur avait permis d’atteindre de hauts sommets, celui d’être une équipe excellant dans le jeu de passes et dans le déploiement de l’attaque en territoire adverse.
 
À Boston, les Canucks ont frappé un mur en Thomas, mais ils se sont également heurtés à des défenseurs combatifs, ne laissant que peu d’espace de manœuvre aux jumeaux et à Ryan Kesler.
 
Il va falloir que les Canucks trouvent des solutions… et rapidement.
 
Ça commence avec une solide prestation de la part de Roberto Luongo.

Ça commence avec une plus grande force de caractère.