jeudi 10 mars 2011

Chara: que la justice s’en mêle

http://blogues.cyberpresse.ca/boisvert/2011/03/08/chara-que-la-justice-sen-mele/

Yves Boisvert - Auteur
  • Yves Boisvert           


  • Je viens de voir l’agression dont a été victime Max Pacioretty aux dépens de Zdeno Chara.

    Franchement, au hockey, c’est dans la catégorie du très dégueulasse.
    Remarquez, on a l’embarras du choix dans le rayon de l’agression gratuite et tolérée par cette ligue de morons.

    À l’heure qu’il est, on ne sait pas ce qu’il adviendra de Max Pacioretty, un des joueurs les plus prometteurs du Canadien. C’est au minimum une commotion cérébrale majeure.

    C’était écrit dans le ciel, dans les journaux, dans les chambres de joueurs, partout, ça devait arriver. C’est arrivé.

    On pourrait dire que c’était prémédité, tellement la ligue n’a pris aucune mesure pour empêcher ce genre de choses.

    Mais n’attendons rien de cette ligue de morons.

    C’est un cas pour la justice.

    Il faut ouvrir une enquête criminelle sur cet événement.

    C’est potentiellement des “voies de fait causant des lésions corporelles” ou, selon la gravité des blessures, des “voies de fait graves”.
    Quoi?

    Chara ne voulait probablement pas le blesser aussi sérieusement?
    Soyons sérieux.

    Chara mesure 2m06 (6′9”) et pèse 116 kg. S’il pousse un joueur contre un coin de baie vitrée à pleine vitesse, il devrait savoir quelles conséquences ça peut avoir.

    De toute manière, les tribunaux nous ont donné la réponse à cet argument depuis longtemps.
    Je cite le Code criminel annoté de Guy Cournoyer et Gilles Ouimet (Éditions Yvon Blais):

    “Lors d’une accusation de voies de fait infligeant des lésions corporelles, la poursuite n’a pas à établir que l’accusé savait subjectivement que ses gestes comportaient un risque sérieux de causer des lésions corporelles à la victime.”

    Il suffit que l’accusé ait été “insouciant que ses gestes entraînent des blessures chez la victime”.
    Dans le cas des voies de fait graves (défigurer, mutiler ou mettre la vie en danger), c’est la “prévision objective de blessures corporelles” qui compte.

    Il n’est pas du tout nécessaire que l’accusé ait eu effectivement l’intention de causer ces graves blessures.
    C’est ainsi qu’on accuse l’homme de la rue. C’est ainsi qu’il peut faire face à une peine d’emprisonnement.
    C’est ainsi qu’il faut enquêter sur cet incident. Selon les mêmes critères.

    Certes, un joueur de hockey accepte certains risques inhérents à la pratique d’un sport de contact.
    Mais s’il est victime d’un geste illégal, d’une faute du point de vue sportif, on ne peut pas dire qu’il s’agit d’un risque inhérent.
    Alors, gens de justice, à qui la chance?