Quelques secondes à peine après l'ouverture du marché des joueurs autonomes, Pierre Gauthier a affiché ses couleurs.
«Il m'a dit que Erik Cole était un joueur qui intéressait grandement le Canadien», raconte l'agent Steve Bartlett.
Et alors?
«On a amorcé les négociations.»
Et ça n'a pas trainé. Alors que Gauthier et Bartlett s'échangeaient des chiffres, pendant qu'on discutait des comparables, Erik Cole téléphona avec Brian Gionta qui, comme par hasard, est un client de Bartlett.
«Il m'a dit que jouer à Montréal, c'était une expérience unique, que les partisans de l'équipe étaient amoureux de leur formation et que, depuis son arrivée à Montréal, il n'avait que des bons mots pour la direction de l'équipe et pour les amateurs de hockey,» précise Cole.
Donc, le choix ne fut pas tellement difficile.
Y avait-il d'autres formations intéressées ?
Sûrement.
Mais combien étaient prêtes à verser 18 millions pour les quatre prochaines années à un joueur de 32 ans ?
«Il y avait d'autres formations qui avaient manifesté leur intérêt», se contente de dire Bartlett.
Pour vous dire qu'on se bousculait aux tourniquets, ce serait exagéré. Mais Cole a sûrement attiré l'attention de quelques équipes. Les marqueurs comme lui ne courent pas les rues et n'oublions pas que sa production de 26 buts lui conférait une position enviable chez les joueurs autonomes. Il était l'un des quatre patineurs exposés au marché des joueurs autonomes sans compensation à avoir franchi la barrière des 20 buts, l'an dernier.
Mais, à partir du moment où le Canadien en avait fait sa principale priorité, il est clair que le clan Cole n'a pas hésité à poursuivre les discussions.
BEAUCOUP D'ARGENT
Un contrat de 18 millions pour quatre ans, il faut reconnaître que c'est beaucoup de sous. Ce qu'on connaît de Cole, c'est qu'il aurait possiblement gagné le trophée Maurice-Richard, remis au meilleur buteur du circuit, s'il avait joué tous ses matchs au Centre Bell. Ce qu'on connaît de Cole, c'est qu'il avait inscrit 30 buts au retour du lock-out et qu'il avait surtout évolué aux côtés d'un des meilleurs joueurs de centre de la Ligue nationale, Eric Staal. Il n'y a pas un joueur aussi talentueux que Staal avec le Canadien.
Il faut comprendre cependant que la compétition est féroce quand vient le temps d'évaluer un joueur inscrit au marché des joueurs autonomes. Il y a des critères particuliers, notamment l'âge de l'athlète, son curriculum vitæ, le contexte dans lequel il offre ses services, et quel impact peut-il exercer au sein d'une nouvelle formation?
Erik Cole n'est pas un fabricant de jeux. Il est un marqueur. Un joueur qui, à l'occasion, peut servir de solides mises en échec.
Son effort au boulot ?
Les opinions sont partagées. Certaines estiment qu'il est un joueur capable de changer l'issue d'une rencontre. D'autres soutiennent qu'il lui arrive de plonger dans de profondes léthargies parce qu'il ne joue pas toujours avec intensité.
Lequel des deux Erik Cole verrons-nous ?
Relativement à la somme de 18 millions pour quatre ans, ce qui amènera l'ex-joueur des Hurricanes à l'âge de 36 ans à la fin du contrat, elle cadre parfaitement avec la situation qui prévaut actuellement dans la Ligue nationale.
Combien de buts a marqués Brian Gionta, l'an dernier ? Exactement 29. Combien de points a-t-il accumulés? 46. Cole a présenté une fiche de 26-26=52 points, ce qui lui aurait conféré le deuxième rang chez les marqueurs du Tricolore. Gionta gagne 5 millions par saison.
POLICE D'ASSURANCE
Et, quand vous embauchez un joueur autonome sans compensation, vous payez pour le passé du joueur et qu'on le veuille ou non le marché de Montréal est bien différent des autres marchés de la ligue.
Pour le moment, disons que le Canadien vient de s'offrir une police d'assurance. Cole est un bon marqueur, on ne peut pas lui enlever cette qualité. Appartient-il au groupe des six meilleurs attaquants de l'équipe ?
Assurément.
Est-ce à dire que le poste d'Andrei Kostitsyn pourrait être en danger ?
Possible. Ça dépend aussi du rôle qu'on entend accorder à Max Pacioretty. Le jeune homme a exercé un impact dès son arrivée de Hamilton mais je suis convaincu que les dirigeants du Canadien vont suivre sa progression avec beaucoup d'attention.
LE TRICOLORE EST MEILLEUR
Il ne fait aucun doute que l'embauche de Cole fait du Canadien une meilleure équipe.
Elle fournit aussi à l'entraineur d'autres options. Si Kostitsyn ne remplit pas le mandat qu'on entend lui confier, il pourrait bien se retrouver sur le marché des transactions.
Dans une ligue où la parité est bien présente, on n'hésite pas à sauter sur l'occasion d'ajouter un autre marqueur de 25 buts à son attaque. C'est ce que le Canadien a fait hier.
Quant à Peter Budaj, je n'ai jamais été un grand fan de ce gardien. Il a loupé plusieurs occasions d'être le gardien numéro un de l'Avalanche du Colorado. Il faut dire à sa défense que l'Avalanche n'a jamais été une équipe de premier plan.
Probablement a-t-il compris qu'il est un gardien auxiliaire et qu'il aura un rôle important avec le Canadien? Un gardien auxiliaire n'est plus strictement le 20e joueur d'une équipe.
Il disputera entre 15 et 25 matchs. Cela représente entre 30 et 50 points.
Il peut faire toute la différence entre une place dans les séries éliminatoires ou une saison décevante.
Il compte sur quelques années d'expérience et si Jacques Martin veut limiter les présences de Carey Price, si on songe à 65 matchs pour le gardien du Tricolore, Budaj devient un atout important pour le Tricolore.
Une bonne journée pour Gauthier... sauf qu'on aurait pu s'informer sur le dossier de Maxime Talbot, on ne l'a pas fait et on comprend pourquoi maintenant : c'était avant tout Erik Cole qui intéressait le Tricolore.
Mathieu Garon aurait-il été un meilleur choix que Budaj ?
Probablement.
On connaîtra la réponse lors de la prochaine saison d'autant plus que le Canadien et le Lightning seront au plus fort de la course pour une place dans les séries éliminatoires...
