jeudi 24 mars 2011

Pas un prélude

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Chronique - Pas un prélude
 

Il ne faut pas voir, dans ce dernier affrontement entre le Canadien et les Bruins de Boston, ce soir, un prélude aux séries éliminatoires, en présumant que les Bruins terminent au premier rang dans la division Nord-Est et que le Canadien s’affiche au 6e rang dans l’association de l’Est.

 
Habituellement, au printemps, il y a un affrontement entre les deux équipes.
 
C’est évident que le match de ce soir retient l’attention. Y a-t-il des matchs entre les deux formations sans point de motivation, sans point d’intérêt ? On a encore tout frais à la mémoire la dernière visite des Bruins au Centre Bell, l’attaque de Zdeno Chara à l’endroit de Max Pacioretty, un événement qui meuble encore les conversations. Par conséquent, ce sera un match où l’émotion sera au rendez-vous.
 
Cependant, je ne pense pas que cette rencontre aura des répercussions si jamais les deux formations devaient s’affronter, lors de la première ronde des séries éliminatoires.
Les Bruins connaissent les forces et les faiblesses du Tricolore.
 
De fait, le Tricolore connaît les forces et les faiblesses des Bruins.
Sur le plan de la robustesse, je ne pense pas que le Canadien puisse envisager cette stratégie ; les Bruins ont trop de ressources, et ce serait courir au suicide. Par contre, le Tricolore a des qualités que les Bruins n’ont pas, par exemple, sur les plans de la rapidité, de l’exécution et des unités spéciales.
Surtout, il y a les gardiens.
 
Tim Thomas connaît une saison étonnante. Au cours de la saison morte, les Bruins ont fait chou blanc dans leur tentative d’expédier le vétéran gardien et son lourd contrat dans une autre ville. Thomas modifie la donne au point qu’il a repris son rôle de leader au sein de la formation.
 
De son côté, Carey Price a connu une saison tout aussi reluisante que Thomas, peut-
être plus. Si, l’été dernier, les Bruins ont tenté d’échanger Thomas, à Montréal, c’est tout le contraire qui s’est produit. Plutôt que de confier le poste de gardien numéro un à Jaroslav Halak, le magicien du printemps dernier, Pierre Gauthier et son groupe ont fait un pari audacieux, risqué et, forcément, controversé. Ce s’avérerait Price.
 
C’est à lui que l’on a confié l’équipe.
Sept mois plus tard, on se demande où serait le Canadien sans les prestations exceptionnelles du gardien, sans doute parmi les équipes luttant pour une place dans les séries éliminatoires avec très peu de chances d’atteindre l’objectif. Price a été à ce point dominant, et il est tout à fait logique que son nom apparaisse parmi les candidats au trophée Vézina et, aussi, au trophée Hart.
Ainsi, le match de ce soir soulèvera les passions, mais de là à croire que ça influencera la stratégie des deux formations si jamais elles s’affrontaient, dans trois semaines, dans le cadre du tournoi printanier, j’en doute.
 
Price, le saboteur
 
Il y a un point sur lequel on doit s’arrêter.
Claude Julien sait très bien qu’il dirige une équipe plus robuste, plus imposante, plus susceptible de gagner les batailles à un contre un ; cependant, il sait que son plan de match peut être saboté par un homme.
Cet homme, c’est Price.
 
Aucune équipe n’aime se frotter à un rival misant sur un gardien capable d’élever son jeu dans l’adversité. Aucune équipe ayant des grandes aspirations n’aime affronter des gardiens avec plusieurs ressources.
 
De fait, Price en a plusieurs. Il est grand et il est rapide avec ses jambières. Il possède une bonne lecture du jeu et il est fiable quand il décide de manier le disque. Un gardien comme Price peut contrecarrer les plans d’une équipe. Il peut bousiller le plan de match de l’adversaire avec des arrêts à des moments opportuns.
 
Les Bruins et le Canadien ont marqué 14 buts lors du dernier affrontement à Boston, le 9 février dernier. Il y a eu du brasse-camarade et des bagarres, et on a rapidement sauté à la conclusion qu’on ne pouvait pas faire la guerre avec des tire-pois. On aurait pensé que Gauthier et les penseurs du Centre Bell auraient profité de la date limite pour conclure des transactions et ajouter des éléments pouvant refroidir les ardeurs des Bruins.
 
On ne l’a pas fait, à moins que vous considériez Paul Mara et Brent Sopel, deux défenseurs pouvant s’interposer et remettre quelques joueurs des Bruins à leur place…
Gauthier et Martin croient qu’ils ont la bonne formule, qu’ils ont les effectifs pour répéter les exploits du printemps dernier. Les Bruins, de leur côté, ont ajouté Tomas Kaberle, Rich Peverley et Chris Kelly. Ils croient avoir ajouté les pièces manquantes à leur organisation. Les Bruins sont une équipe supérieure à celle qu’avait affrontée le Canadien, le 9 février dernier.
 
Aucun secret
 
Par contre, c’est aussi cette équipe qui s’est fait varloper au Centre Bell, il y a deux semaines, dans un match marqué par la controverse.
Est-ce un prélude aux séries éliminatoires ? Pas vraiment. Ce ne sera pas un match comme les autres, parce que, comme je le précisais, il n’y a jamais de match comme les autres quand les deux organisations s’affrontent et qu’il y a un enjeu important, soit le premier rang de la division Nord-Est.
Cependant, il ne faudra pas sauter trop rapidement aux conclusions.
 
Les deux équipes n’ont plus de secrets. Elles n’ont pas besoin du sixième et dernier match de leur série annuelle pour laisser leur carte de visite.
Le 10 avril prochain, elles partiront avec des fiches identiques, et toutes les statistiques auront été basculées par-dessus bord.
Comme toutes les autres formations qui seront impliquées dans les séries éliminatoires, elles embarqueront dans l’inconnu.