mardi 31 mai 2011

Les Canucks dans le sillon du Canadien de 1993 ?

http://lejournaldemontreal.canoe.ca/journaldemontreal/sports/hockey/archives/2011/05/20110531-015422.html


Les amateurs de hockey de Vancouver sont en liesse. Non seulement leurs Canucks bien-aimés sont de la finale de la coupe Stanley, mais pour la première fois à leur troisième participation au grand spectacle de fin de saison de la Ligue nationale, leur équipe est grande favorite.
 
Les partisans des Canucks n’accepteront rien de moins que la coupe Stanley. Ils attendent ce moment depuis 40 ans.Une défaite effacerait tout le travail accompli par leur formation pour se rendre en finale.
Pour eux, les conquêtes du trophée du Président, accordé aux champions du classement général, et du trophée Clarence Campbell, remis aux champions de l’Ouest dans les séries, ne veulent rien dire.
 
C’est l’année des Canucks, c’est la coupe ou rien.
S’ils arrivent à leurs fins, les Canucks deviendront la première équipe canadienne, depuis le Canadien en 1993, à remporter le Saint Graal du hockey.
 
Équipe Cendrillon
Le Shawiniganais d’origine Martin Gélinas, qui a connu une belle carrière de 19 saisons dans la Ligue nationale, était avec les Canucks lorsqu’ils sont passés à une victoire de la coupe, en 1994.
« On était entrés dans les séries par la porte arrière (septièmes dans l’Ouest avec 87 points) », se rappelle-t-il.
 
« Mais on avait de bons joueurs comme Trevor Linden, Sergio Momesso, Kirk McLean et Pavel Bure.
« Geoff Courtnall et Bure avaient marqué de gros buts qui nous avaient permis d’éliminer les Flames de Calgary au premier tour.
 
« Cette victoire nous a fait croire qu’on pourrait faire quelque chose de bien dans les séries. On gagnait en confiance d’un match à l’autre.
« On n’avait pas vraiment de pression parce que les experts nous voyaient comme les négligés. »
 
Après avoir éliminé les Flames en sept matchs, grâce à ce but de Bure en prolongation, les Canucks ont pris la mesure des Stars de Dallas et des Maple Leafs de Toronto, dans les deux cas en cinq rencontres.
En finale, les Canucks se sont retrouvés face aux Rangers de New York qui, comme les Canucks cette année, étaient vus comme l’équipe à battre.
 
« C’était à l’époque où il n’y avait pas de plafond salarial », reprend Gélinas.
« Les Rangers avaient dépensé beaucoup pour aller chercher Mark Messier, Glenn Anderson et Kevin Lowe.
« Mais on leur en avait donné pour leur argent. »
 
Satané poteau !
Dans les dernières secondes du septième match, au Madison Square Garden, Nathan Lafayette tira sur le poteau avec un recul d’un but. Bure avait raté aussi une belle chance de marquer.
 
Le but que personne n’a vu
Gélinas est passé près à nouveau de remporter la coupe une dizaine d’années plus tard, cette fois avec les Flames de Calgary.
 
En fait, les Flames auraient dû la gagner. Son équipe étant en avance 3 à 2 dans la série qui l’opposait au Lightning de Tampa Bay, Gélinas marqua ce qui aurait dû être le but victorieux dans la sixième rencontre.
 
Le gardien Nikolai Khabibulin avait fait l’arrêt, mais sa jambière droite était derrière la ligne rouge. Le jeu s’était déroulé à une vitesse telle que personne ne s’en est aperçu.
Seule une caméra d’un réseau de télévision américain a capté la scène. L’image n’a été décortiquée qu’après le match, mais ça n’a rien changé.
 
« Quand on nous en a informé, notre entraîneur Darryl Sutter nous a dit d’effacer ça de notre mémoire et de porter toute notre concentration sur le septième match », continue Gélinas.
Le Lightning a défait les Flames 2 à 1 pour remporter la première coupe de son histoire.
C’était tourner le fer dans la plaie.
 
« J’ai donné ce que j’avais », dit Gélinas en pensant à son fameux but.
« On avait encore la chance de gagner la série après l’incident survenu dans le sixième match, mais on a perdu. »
Les gens de Calgary n’ont pas oublié.
« Des personnes viennent me dire, quand elles m’aperçoivent, qu’on a gagné la coupe cette année-là. »
Comment se sent un joueur qui passe près de la coupe, sans la gagner ?
 
« La déception augmente avec l’âge », répond Gélinas.
« Quand j’ai remporté la coupe à 19 ans avec les Oilers d’Edmonton, en 1990, je me disais que j’aurais plusieurs autres chances de la gagner.
 
« Lorsque j’ai perdu avec les Canucks, je me suis dit qu’il me restait encore du temps. Quand je me suis retrouvé en finale avec les Flames, j’ai pensé que c’était peutêtre ma dernière chance de jouer pour la coupe. »
Gélinas faisait partie également de la première édition des Hurricanes de la Caroline à avoir participé à la finale en 2002.
Aujourd’hui, comme le chantait Jean Gabin, Gélinas sait qu’on ne sait jamais.

« Dans mon rôle de directeur du développement des joueurs avec les Predators de Nashville, mentionne-t-il, je répète aux jeunes de saisir leur chance quand elle se présente, car on ne sait jamais lorsqu’elle repassera. »