vendredi 11 mars 2011

Un verdict décevant, mais pas surprenant

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Le dangereux coup de Zdeno Chara à l'endroit de Max Pacioretty polarisait les opinions mercredi.

D'un côté, vous aviez les partisans du Canadien qui souhaitaient que la saison du « Grand Z » soit terminée, comme celle de l'attaquant montréalais l'est vraisemblablement alors qu'il a subi une sévère commotion cérébrale doublée d'une fracture de la quatrième vertèbre.

Les fans des « Big Bad Bruins » voyaient les choses d'un autre oeil, certains avançant même que la peine déjà purgée - une majeure et une expulsion du match de mardi au Centre Bell - était amplement suffisante.

Dans un tel dossier épineux, je pensais la LNH chercherait à couper la poire en deux. Deux ou trois parties de suspension auraient été un juste milieu à mon avis car l'ancien défenseur des Sénateurs devait savoir où il était sur la patinoire quand il a amené l'attaquant du CH vers la partition qui sépare les bancs des deux équipes, et il est responsable des conséquences de son geste, comme un joueur est responsable de son bâton quand il le porte de façon trop élevée, même accidentellement.

Quand le verdict final de la ligue est tombé en fin d'après-midi et que Chara est sorti blanc comme neige de cet incident, j'ai été déçu, mais pas surpris.
Zdeno Chara a été blanchi par la LNH... (Photo: André Pichette, La Presse) - image 2.0
Zdeno Chara a été blanchi par la LNH pour le geste qu'il a posé à l'endroit de Max Pacioretty.
Photo: André Pichette, La Presse

Deux poids, deux mesures

On parle de la LNH, après tout, un circuit où il y a toujours eu deux poids et deux mesures selon qu'on est un « plombier » ou une vedette du circuit.

Chara, ancien récipiendaire du trophée Norris et candidat à celui-ci encore cette saison, tombe dans la deuxième catégorie. À cause de ça, le circuit Bettman lui donne le bénéfice du doute quant à son intention de blesser sur la séquence un joueur qui, comme par hasard, l'avait bousculé légèrement le 8 janvier dernier après avoir compté un but gagnant en prolongation.

« Après une révision exhaustive de la vidéo, je ne peux pas trouver de base pour imposer de la discipline supplémentaire », a déclaré Mike Murphy, le vice-président aux opérations hockey qui a hérité de ce dossier chaud vu que le préfet de discipline Colin Campbell ne se mêle (supposément) pas des incidents impliquant les Bruins, qui alignent son fils Gregory.

« Le coup a été le résultat d'un jeu qui a évolué et est arrivé très rapidement... Je ne trouve pas de preuve qui suggère, au-delà de l'imposition correcte d'une punition pour obstruction, que Chara a visé la tête de son adversaire, a sauté ou donné la mise en échec d'une façon qui serait considérée dangereuse », a ajouté Murphy, qui a aussi spécifié qu'il a pris en considération le fait que le Slovaque n'a jamais été suspendu au cours de sa carrière de 13 ans dans la LNH (ce qui n'est pas exactement vrai, il a été suspendu pour un match en 2005, quand il jouait pour les Sénateurs, il avait été l'instigateur d'un combat dans les cinq dernières minutes d'un match contre Los Angeles).

Il y a une certaine logique dans ce qu'il dit, mais il reste que la ligue paraît mal - encore une fois - quand elle ne condamne pas un tel geste violent.

En regardant la reprise, et Dieu sait qu'on va la voir souvent dans les prochains jours, on voit un défenseur qui était battu pour la rondelle commettre de l'obstruction sur son adversaire. À n'importe quel autre endroit sur la patinoire, Chara aurait obtenu une punition mineure et Pacioretty s'en serait tiré indemne.

Ce n'est pas ce qui est arrivé, pour les raisons que l'on sait : ces partitions au bout des bancs constituent l'endroit le plus dangereux sur une patinoire de la
LNH, malgré la présence des coussins rembourrés qui entourent les barres de métal supportant les baies vitrées.

(Petite question en passant : pourquoi y a-t-il de telles baies vitrées entre les bancs à Montréal, mais pas dans la plupart des amphithéâtres de la ligue ? À la Place Banque Scotia, par exemple, il y a seulement un espace entre les deux bancs, souvent occupé par un commentateur ou un caméraman.)

Au criminel ?

La décision de la LNH va donner des munitions à ceux qui, comme le chroniqueur de La Presse Yves Boisvert sur son blogue mercredi, souhaiterait qu'un tel geste fasse l'objet d'une enquête au criminel et d'accusations devant les tribunaux. Mais ça, ce n'est pas réaliste : on parle ici d'une infraction qui n'est vraiment pas comparable à l'attaque sournoise d'un Todd Bertuzzi à l'endroit de Steve Moore, ou d'un Marty McSorley envers Donald Brashear, des cas où la préméditation était beaucoup plus évidente.

Parce qu'il fait 6' 9" et 255 livres et qu'il est probablement l'homme le plus fort de la LNH, Zdeno Chara passe pour un vilain dans cette histoire, mais il ne faudrait surtout pas le mettre dans la même catégorie que des récidivistes comme Matt Cooke ou Trevor Gillies.

Une chose est certaine en tout cas : avec cette absolution de la LNH, il va y avoir de la grogne à Montréal d'ici la fin de la campagne et ça risque de barder dans les gradins du centre Bell si jamais les Bruins affrontent le Tricolore en séries éliminatoires. Comme s'il n'y avait pas déjà assez de piquant dans les affrontements entre ces deux éternels rivaux.