samedi 5 mars 2011

Des gradins vides

http://fr.canoe.ca/sports/chroniques/yvonpedneault/archives/2011/03/20110303-015429.html

Yvon Pedneault
 
«Tu as vu le match d’hier?», me demande un amateur de hockey. «Oui et je présume comme bien des téléspectateurs, tu as noté qu’il n’y avait pas beaucoup de partisans dans les gradins.»  
«C’est fou. Et la Ligue nationale maintient une équipe dans cette ville?»
«Parfois, il ne faut pas chercher à comprendre.»
 
Les Thrashers, ma foi, seraient plus intéressants, j’imagine, dans un vrai marché de hockey. Ils seraient beaucoup plus attrayants dans l’uniforme des Nordiques que dans celui qu’ils endossent actuellement, un uniforme qui m’avait causé des ennuis sur Facebook, il y a quelques années. J’avais dit à mon ami Pierre Houde, ne sachant pas que le microphone était ouvert : «Ces chandails, ils sont laids en taba…».
 
Mais, revenons à l’interrogation de la plupart des amateurs de hockey.
«Pourquoi s’entêter à garder une équipe dans cette ville?» C’est plus complexe quand on doit composer avec le monde de la finance et aussi, avec une ligue professionnelle. C’est plus complexe parce que le transfert d’une équipe se traduit habituellement par un échec de la part du commissaire, ayant mal jugé les retombées qu’aurait le hockey dans cette région des États-Unis.
 
Il y a aussi les propriétaires actuels qui veulent un certain retour sur leur investissement. À Atlanta, la société Atlanta Spirit a perdu une somme de 130 millions $ au cours des sept dernières années. Les propriétaires veulent récupérer une partie de leurs pertes.
 
Enfin, il y a une ligue qui ne veut pas soulever les interrogations sur la santé financière de l’entreprise et qui, présentement, est en discussion avec la télévision américaine dans l’espoir d’obtenir un contrat très lucratif.
 
Cependant, pour les gens de Québec et Winnipeg, parce qu’il ne faut pas oublier Winnipeg, il y a de l’espoir. On doute fort qu’on trouve une société prête à accumuler les déficits avec les Thrashers. On a beau dire que la fiscalité américaine est plus conciliante que la fiscalité canadienne dans le cas d’une entreprise en difficulté. Il n’en demeure pas moins qu’il n’y a aucune entreprise qui aime perdre de l’argent… même si ça peut servir d’abri fiscal. La situation à Atlanta est alarmante dans les circonstances.
 
Les propriétaires veulent vendre. Les acheteurs ne se bousculent pas à la porte et on se donne des échéanciers. Je présume que dans le cas des Thrashers, on attendra à la fin de la saison pour prendre une décision… à moins qu’un acheteur de la région ne se manifeste. Dans le dossier des Coyotes, le «Phoenix Business Journal» rapportait dans son édition de mercredi matin que Matthew Hulsizer se donne jusqu’au weekend pour décider de son avenir en Arizona. Il veut savoir si Goldwater Institute entend bel et bien intenter une poursuite contre la Ville de Glendale, qui voudrait vendre des actions aux payeurs de taxes dans le but de remettre plus de 100 millions $ à Hulsizer.
 
Il se pourrait fort bien qu’Hulsizer laisse tomber l’aventure et regarde ailleurs pour s’associer avec des investisseurs à Dallas ou encore au New Jersey. Et, il ne faut jamais négliger l’Association des joueurs de la LNH, qui n’apprécie guère que ses membres soient dans l’obligation de fouiller dans leurs poches pour combler le manque à gagner au chapitre des revenus.
 
Une chose est certaine : si jamais une occasion d’affaires se présente pour le groupe Quebecor, son président et chef de la direction, Pierre-Karl Péladeau, a confirmé mercredi matin qu’il n’hésitera pas à faire une offre.

Il n’hésitera pas non plus à accueillir une équipe dans le Colisée actuel, même s’il est pratiquement assuré qu’il subira des pertes. Le président de Quebecor sait mieux que quiconque qu’on ne doit jamais tourner le dos à une bonne occasion d’affaires.