lundi 14 février 2011

Mario Lemieux mord la main qui le nourrit

http://lejournaldemontreal.canoe.ca/journaldemontreal/sports/hockey/archives/2011/02/20110214-010057.html

 
Mario Lemieux n’est pas un bavard. Lorsqu’il ose se prononcer, la LNH devrait tendre l’oreille sérieusement.
 
L’ancien joueur devenu propriétaire a critiqué son circuit, dimanche, en commentant les scènes grotesques qui ont entaché l’image du hockey lors du match entre son équipe, les Penguins de Pittsburgh, et les Islanders de New York, vendredi.
 
Ce n’est pas la première fois que Lemieux mord la main qui le nourrit. En 1992, il avait qualifié la LNH de «ligue de garage». Il en avait marre de l’accrochage et de l’obstruction qui étaient tolérés afin de permettre aux clubs de l’expansion de rivaliser avec les équipes établies, au nom de la parité.
 
Une super vedette devenue dirigeant de concession, voilà qui défraie les manchettes. Et ce serait plus gros encore si Lemieux n’était pas un brin hypocrite.
 
Ses propos ont moins d’impact quand on considère qu’il est celui qui signe (et autorise) les chèques de paye versés à l’ailier Matt Cooke. Il est celui qui a asséné un coup à Marc Savard, des Bruins de Boston. De fil en aiguille, et quelques commotions plus tard, la saison de Savard est terminée et l’on craint même pour sa carrière.
 
D’accord, le geste avait été jugé légal par la suite. Mais il avait tout de même mené à l’instauration du règlement 48, qui tente de prévenir les coups à la tête venant d’un angle caché.
 
Où était Lemieux?
 
Où était Mario Lemieux quand son capitaine Sidney Crosby – dont la saison est compromise après avoir subi des chocs à la tête - a critiqué son propre coéquipier Cooke pour son comportement à l’égard de Savard?
 
C’est bien connu dans ce circuit : si des incidents impliquent ses propres ouailles, on demeure muet comme une carpe; lorsque c’est la faute des autres, on s’époumone.
 
Mario Lemieux est même allé jusqu’à déclarer que si la LNH continue de ne pas réagir plus rigoureusement pour contrer ce genre d’incident, il pourrait réévaluer son implication.
 
Le point de vue de Brian Gionta des Canadiens
 
«Des matchs de hockey, c’est émotif, a déclaré Brian Gionta, le capitaine des Canadiens de Montréal, dont l’équipe a été impliquée dans des mêlées avec les Bruins de Boston, mercredi dernier. À ce temps-ci de l’année, il y a beaucoup d’enjeux. Les équipes luttent pour l’accès aux éliminatoires et c’est pourquoi ces situations peuvent survenir.»
 
Il y a l’émotivité, certes, mais aussi… hum… comment dire… autre chose.
J’aime voir une bagarre entre deux gardiens ou deux joueurs étoiles sous prétexte de fébrilité et d'intensité. Peut-être suis-je un homme du Néandertal pour n’y voir aucune objection, quoique je déplore par contre les combats qui surviennent à la mise au jeu initiale, en début de rencontre.
 
Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est la nouvelle tendance où l’on improvise avec le «code de conduite» non écrit pour se donner la permission d’infliger le plus de dommage possible à ses rivaux.
 
Dans les années 1970, réputées pour avoir été plutôt troubles et violentes dans la LNH, on ne voyait pas ce type d’incident malheureux et c’est aujourd’hui devenu presque quotidien.
 
Mario Lemieux vient de parler haut et fort. Il est à espérer que le tout entraînera des changements sur les patinoires qui sont devenues des endroits dangereux. Demandez à Savard. Ou Crosby. Ou à tous ceux qui ont été victimes de coups salauds, vendredi, lors du match Islanders-Penguins.
 
Ne retenez toutefois pas votre souffle.

Ça n’a pris que 13 années à la LNH – et un lock-out - pour donner suite aux vieilles critiques de Lemieux à l’endroit de la «ligue de garage», en 1992.