jeudi 16 décembre 2010

Le hockey canadien à l'agonie?

http://www.ruefrontenac.com/mleclerc/31579-hockey-lnh-joueurs-americains

Blogues - Martin Leclerc
En feuilletant un magazine de hockey l’autre jour, une statistique saugrenue m’a bondi en plein visage. Après trois relectures, elle était toujours aussi saugrenue, mais elle était encore là. Saviez-vous qu’en l’espace d’une année, il se construit plus d’arénas dans le seul État du Minnesota que dans tout le Canada?

À lui seul, ce constat dépeint ce qui est en train de se produire avec notre sport national. Lentement mais sûrement, il est en train de nous glisser entre les doigts. En fait, peut-être pas si lentement que ça...

Cette statistique m’a fait repenser à une conversation que j’avais eue la semaine dernière avec un ami qui vit en Arizona. Son fils joue au hockey mineur là-bas. «Ça coûte 1500$ pour inscrire un enfant de six ans, me disait-il, scandalisé. Et tu sais quoi? Ils refusent du monde! Il y a plus d’inscriptions que de places disponibles.»

Et cette conversation m’a rappelé un reportage que j’avais fait au Texas, il y a quelques années. Grâce aux nombreux programmes d’initiation et aux nombreux arénas construits par les Stars de Dallas depuis leur arrivée dans cette ville, il y avait à l’époque plus de joueurs de hockey mineur à Dallas que dans l’île de Montréal.

De plus en plus de joueurs Américains

C’était aussi saugrenu que le rythme auquel on construit des arénas au Minnesota. Mais c’était aussi réel. Ou surréel.
Toujours la semaine dernière, la LNH révélait que 225 de ses 789 joueurs sont américains (28,5%). C’est un sommet dans l’histoire de la ligue. Et Paul Kelly, l’ex-directeur exécutif de l’Association des joueurs devenu responsable du marketing du hockey collégial américain, soutient que nous n’avons encore rien vu.

«Le jour n’est pas loin où plus du tiers des joueurs de la LNH seront américains», a-t-il annoncé au USA Today. Et les repêchages des dernières années donnent du poids à sa prédiction: pas moins de 34,6% des joueurs sélectionnés au cours des trois dernières années provenaient des États-Unis.

Et de notre côté de la frontière, il se passe quoi? Sais pas. Il y a le Hockey News, dans son édition du 20 décembre, qui demande en première page si le hockey n’est pas en train de mourir au Canada!

Nous aimons bien raconter que les enfants de notre pays naissent avec des patins aux pieds. Mais la réalité est bien différente, constate avec effroi la bible canadienne-anglaise du hockey: au pays, seulement 15,7% des jeunes garçons pratiquent le hockey.
Au Québec, selon mes calculs, cette proportion est de 16,1%. Il n’y a donc qu’un garçon sur 6,25 qui joue au hockey chez nous...

En Ontario, le plus gros bastion de hockeyeurs au Canada, il ne reste plus que deux des huit ligues maison qui accueillaient les enfants de la région de Toronto il y a 30 ans. Au cours de cette période, le nombre de joueurs est passé de 20 000 à 4000!

Et dans le nord de l’Ontario, de petites municipalités disent maintenant avoir de la difficulté à composer une seule équipe par catégorie. Et encore là, dans certains cas, il ne faut pas qu’un joueur soit malade parce qu’on manque de remplaçants sur le banc.

Inquiétude

Les dirigeants de Hockey Canada disent qu’ils ne paniquent pas. Mais ils sont inquiets. Ils sont en train de revoir tous leurs programmes et de remettre en question leur façon d’organiser le hockey.

Pendant ce temps, le nombre d’inscriptions chez les enfants de 6 ans a grimpé de 8% l’an dernier aux États-Unis. Je sais, je sais. C’est surréaliste. Mais c’est en train de se produire.

Au Québec? Nous semblons nous accrocher davantage à nos traditions sportives qu’ailleurs au pays. Au cours des 10 dernières années, le nombre de garçons pratiquant le hockey est passé de 85 000 à 96 000. Comme quoi les dirigeants de notre fédération – que je salue au passage – ne font pas que de mauvaises choses...

Tant qu’à faire dans le surréalisme, sautons dedans à pieds joints. Si la tendance se maintient, dans une vingtaine d’années, le monde du hockey sera dominé par les Américains. Et quand le temps des fêtes pointera son nez, les Canadiens anglais rêveront de voir deux ou trois des leurs – dans les bonnes années – se tailler une place avec 20 Québécois au sein d’Équipe Canada junior.

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