Yvon Pedneault
16/12/2010 00h07
«Aucun doute», soutient Gretzky.
Il aurait marqué autant de buts que Gretzky, ajoutent plusieurs intervenants.
Crosby est dans une classe à part.
Il est un véritable professionnel.
Il est un grand leader.
Il pratique son sport avec passion.
Il veut être le meilleur de sa profession, même si son attitude peut parfois déplaire à certains adversaires. Il est à son mieux dans les moments les plus stressants. Sa séquence de 19 matchs avec au moins un point soulève évidemment le jeu des comparaisons.
On le compare à Gretzky.
On dit qu’il a le même profil que Peter Forsberg.
D’autres estiment qu’il a un style de jeu qui s’apparente à celui de Brian Trottier.
Sans avoir un coup de patin aussi fluide que Mark Messier, on ne peut pas ignorer que son leadership offre plusieurs similitudes avec celui qu’affichait l’ex-joueur des Oilers.
C’est flatteur… mais Sidney Crosby est Sidney Crosby. Oublions les comparaisons. Comme on doit oublier les époques.
Aurait-il connu autant de succès pendant les années 1980? Aurait-il soulevé l’attention pendant les années 1970? Et on pourrait remonter dans le temps, à l’époque où Maurice Richard attirait les foules. À l’époque où Jean Béliveau dominait sa profession. À l’époque où Gordie Howe se démarquait.
«On ne peut pas comparer les époques, me disait Scotty Bowman tout récemment. Cependant, on peut affirmer que le talent s’adapte à toutes les situations, à tous les changements, à toutes les modifications au sujet des règles du jeu et de l’équipement proprement dit. Les joueurs passionnés comme lui, les joueurs doués et vaillants franchissent les barrières pour établir des standards, peu importe les époques, peu importe les styles de jeu.»
Le bon vieux Scotty a toujours fait des comparaisons en tenant compte du style de l’athlète, de sa réaction face à l’adversité et de l’impact qu’il exerce au sein de son équipe. C’est la raison pour laquelle il a toujours précisé que Nicklas Lidstrom joue un peu comme le faisait Serge Savard. Des défenseurs grands et doués, des arrières qui n’ont pas à écraser le nez de l’adversaire contre la baie vitrée pour lui enlever la rondelle. Ils utilisent leur talent et surtout leur imagination pour créer des revirements.
Crosby est un joueur unique comme le fut Guy Lafleur à cet égard. Ce qui lui permet de faire bande à part, c’est l’engouement qu’il a pour leur sport. Il prend constamment des initiatives parce qu’il désire polir cette grande qualité qu’on découvre chez les meilleurs.
Il veut avant tout être un joueur imprévisible.
Il ne néglige aucun détail afin de pouvoir défier l’adversaire. Créativité et improvisation sont deux éléments qui en font un athlète spécial.
S’il y a une comparaison qu’on peut apporter dans les discussions, c’est au niveau de l’impact qu’exerce un joueur à l’égard de son équipe. Gretzky jouait avec un formidable groupe. Guy Lafleur pouvait exprimer son talent encadré par des joueurs talentueux et surtout, par des joueurs sachant partager leurs ressources avec le grand «Flower».
À cet égard, on peut affirmer qu’Alexander Ovechkin, lui aussi, jouit d’un encadrement particulier avec les Capitals de Washington. Dans le cas de Crosby, ne questionnait-on pas la décision de Ray Shero, directeur général des Penguins, d’avoir négligé d’apporter un soutien offensif à Crosby?
On croyait qu’il tenterait d’embaucher un ailier de premier plan. Il a préféré combler le départ de Sergei Gonchar avec deux nouveaux défenseurs. Une erreur stratégique dans les circonstances, puisque Kris Letang est de loin le meilleur arrière de l’organisation et que Paul Martin et Zbynek Michalek ne justifient pas tout l’argent dépensé par les Penguins.
Mais, l’une des grandes qualités de Crosby est de rendre les joueurs autour de lui meilleurs. Au cours de la séquence de 12 victoires des Penguins, Crosby a composé sans la présence d’Evgeni Malkin, enfin pour au moins quatre à cinq matchs, et surtout, sans la présence de Jordan Staal.
Malgré tout, les Penguins ont accumulé des points dans 15 des 16 derniers matchs de l’équipe.
C’est ça, l’impact qu’exerce un joueur sur son équipe. Combien gagnerait Lafleur?
La question a été posée par le chef d’antenne à TVA, l’excellent Pierre Bruneau. «Au niveau des dollars, comment pourrait-on évaluer Guy Lafleur, dans le contexte d’aujourd’hui, considérant qu’il avait signé une entente de dix ans à raison de 100 000 $ par saison?» La réponse d’un économiste en tenant compte du taux d’inflation et des intérêts composés: disons près de 600 000$. Mais, dans la réalité du sport professionnel, Lafleur gagnerait, dans les standards d’aujourd’hui, quelque chose comme 8 700 000$, soit le salaire de Crosby. Ou encore, 9 200 000$, le salaire d’Ovechkin.
Ou encore, 10 000 000$, le salaire pour les six prochaines années de Vincent Lecavalier.
Avez-vous déjà tenté d’imaginer un instant, quelle aurait été la masse salariale des Canadiens, l’équipe qui n’avait subi que huit défaites. Faites le calcul en comparant le talent des joueurs à ceux qui occupent les mêmes positions en 2010-2011 et en oubliant un instant le plafond salarial. Parce que les Canadiens qu’on a connus pendant les années 1970, les Islanders et les Oilers des années 1980, ces équipes n’auraient jamais pu être formées avec un plafond salarial.
Mort de rire
Je viens de compléter quelques chapitres du dernier livre de Michel Beaudry, «Beaudry Tome 4». Du bonbon. Un livre qui réflète bien la personnalité de l’auteur. «Ti-Baud», comme on se plait à l’appeler, a réuni plusieurs de ses meilleures chroniques, et je vous le dis, vous allez bien vous amuser.
Un beau cadeau à offrir pour le temps des fêtes. Enfin, vous pouvez le lire avant de l’emballer et de l’offrir à un ami ou à une amie. Mais, je suis convaincu que «Ti-Baud» préférerait que vous en achetiez deux. Un pour vous et l’autre pour offrir en cadeau.
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