vendredi 8 juillet 2011

Quelles seront les demandes des propriétaires ?

http://fr.canoe.ca/sports/chroniques/yvonpedneault/archives/2011/07/20110708-042729.html

Yvon Pedneault
08/07/2011 04h27 


 La stratégie de Donald Fehr, le nouveau négociateur et patron de la NHLPA, est de retarder le début des négociations avec les propriétaires.
 
Je vous rappelle que les joueurs et les administrateurs des équipes devront bientôt s’entendre sur les modalités d’une nouvelle convention collective. Le 30 septembre 2012, c’est la date butoir.
 
Fehr veut retarder le début des pourparlers parce qu’il réalise très bien que les propriétaires de la Ligue nationale de hockey sont tombés sur la tête et que l’appât de la victoire les rend fous. Ils sont prêts à tout pour gagner la Coupe Stanley, allant même jusqu’à surévaluer des joueurs de 35 ans ou encore des patineurs qui ont conservé une moyenne de 19 buts au cours des quatre dernières saisons.
 
On dépense plus d’argent qu’avant le lockout et l’application du plafond salarial. Ce système tant convoité par le commissaire Gary Bettman est en train de déraper.
 
Le négociateur de la NHLPA est un administrateur rusé. Regardez ce qu’il a fait avec le baseball majeur. Et Fehr se présentera à la table des négociations dans un contexte bien particulier.
 
DES NÉGOS DIFFICILES AILLEURS
 
Il se peut fort bien que la NBA, déjà en lockout, n’ait pas repris ses activités en janvier 2012, date prévue pour la première ronde de négociation dans la LNH.
 
Il se peut aussi que la NFL ait une nouvelle convention de travail, mais avec des restrictions importantes au chapitre du partage des revenus.
 
Il est d’autre part possible que le baseball majeur entre dans une période difficile au niveau des relations de travail entre les propriétaires et les joueurs.
 
Fehr connaît déjà ce que les patineurs de la Ligue nationale désirent avant tout.
 
Ils ne veulent plus de ce compte en fidéicommis dans lequel ils doivent verser une partie de leur salaire afin de combler le manque à gagner entre les revenus et le taux de 54 % consacré aux salaires des joueurs.
 
Le fait est qu’un taux de 18 % a été imposé l’an dernier par les gestionnaires de la convention de travail. Par conséquent, 18 % des salaires des joueurs ont été déposés dans un compte en fidéicommis.
 
Comme les joueurs et les propriétaires ont signé une entente basée sur le partenariat, les joueurs acceptent donc de combler le manque à gagner sur la somme devant être consacrée uniquement aux salaires. En bout de ligne, les joueurs ont reçu un remboursement de six pour cent.
 
Les joueurs veulent également freiner la tendance des propriétaires à reléguer aux ligues mineures des patineurs avec des contrats imposants (comme Wade Redden), afin de libérer de l’espace dans la masse salariale de leur formation.
 
COMME DANS LA NFL ?
 
Les propriétaires de la Ligue nationale ont déjà en tête, de leur côté, l’idée d’exiger des contrats dans le style de la NFL. Des contrats n’offrant pas les mêmes conditions que ceux en application présentement.
 
Les joueurs signent des contrats coulés dans le béton. Les performances futures des athlètes n’influencent aucunement les salaires consentis par les propriétaires.
 
Dans la NFL, les propriétaires peuvent réagir et licencier un joueur après la première année d’une entente de plusieurs saisons. C’est la raison pour laquelle plusieurs joueurs de la NFL acceptent des contrats avec un boni signature représentant plus de 50 % de la valeur de l’entente.
 
Dans la NBA, le commissaire David Stern soutient que les négociations avec les joueurs ne vont nulle part parce que les athlètes ne sont pas conscients des ennuis financiers qu’éprouvent les propriétaires de la ligue. Stern parle même d’une réduction minimale de 800 millions au niveau des salaires.
Pas 80 millions, mais bien 800 millions.
 
On dira évidemment que les portes risquent de s’ouvrir toutes grandes pour le hockey de la Ligue nationale si jamais les trois autres sports majeurs ne parviennent pas à régler leurs différends.
 
ENTENTE HISTORIQUE
 
Déjà, au cours des deux dernières années, la Ligue nationale de hockey a connu une hausse importante au niveau des revenus et au niveau de la popularité. Elle vient de signer une entente historique avec le réseau NBC, un contrat de 2 milliards sur 10 ans, du jamais vu.
 
Dans la même veine, les Canucks de Vancouver ont réalisé des revenus de 6,5 millions par match pendant la série finale pour l’obtention de la coupe Stanley.
 
Et les Bruins de Boston ont récolté 4,5 millions par match au cours de la série contre les Canucks.
 
La question qu’on doit maintenant se poser est : quelles seront les demandes des propriétaires ?
 
Peuvent-ils prétendre qu’ils ont du mal à joindre les deux bouts ?
 
Ils ont dépensé plus de 200 millions à l’ouverture du marché des joueurs autonomes sans compensation. Les Panthers de la Floride et Dale Tallon, au cours du weekend dernier, ont sorti 60 millions de leur compte de banque. Tallon a investi 100 millions en une semaine.
 
Pourquoi ?
 
Pour répondre au règlement du « plancher salarial » et non du plafond salarial. Ils ont même poussé la farce jusqu’à accorder 16,5 millions pour quatre ans à un défenseur de 35 ans, Ed Jovanovski, qui la saison dernière a récolté l’imposant total de 14 points.
 
FEHR PREND DES NOTES
 
On peut s’imaginer un instant que Fehr prend des notes. Qu’il aura la réplique facile quand viendra le temps de parler des problèmes financiers de la ligue.
 
Quand on lui mentionnera que ça va très mal à Phoenix, que les Prédateurs de Nashville ont des ennuis à équilibrer leur budget, que les Blues de Saint Louis sont toujours à la recherche d’un nouveau propriétaire, que les Panthers dépensent comme des fous et ils accumulent année après année des déficits importants, que les Thrashers d’Atlanta ont déménagé à Winnipeg, que les Islanders de New York attirent autant d’amateurs que la ligue de garage du voisinage, etc., il leur répondra, à titre de partenaire, que certaines concessions changent de décor.
 
Avec des villes ayant des affinités avec le hockey et avec des propriétaires possédant des entreprises pouvant se marier avec une concession de la Ligue nationale, les joueurs n’auraient plus à s’inquiéter de la clause en fidéicommis.

En bout de ligne, Fehr pourra toujours leur mettre sur le nez les millions de dollars versés lors des dernières semaines. Évidemment, il ne mentionnera pas que les joueurs embauchés n’appartenaient sûrement pas à l’élite de la Ligue nationale, à l’exception de Brad Richards.