mercredi 25 mai 2011

Quand le Colisée crée des vagues à l'Assemblée

http://www.ckac.com/hockey/nouvelles/quand-le-colisee-cree-des-vagues-a-l-assemblee-77828.html

QUÉBEC - La chef péquiste Pauline Marois a été accusée de s'ingérer dans le processus judiciaire, mardi, après avoir affirmé que le maire de Québec Régis Labeaume a conclu une entente légale avec Quebecor.
Mme Marois a défendu un projet de loi spécial que les péquistes parrainent afin d'empêcher, à la demande de M. Labeaume, les poursuites judiciaires contre une entente de gestion obtenue par Quebecor pour la gestion d'un futur amphithéâtre.

« Alors que des juristes du gouvernement croient que le maire aurait dû procéder par appel d'offres, Mme Marois s'est montrée de l'avis contraire. Je crois qu'il faut s'assurer que l'entente est légale et quant à moi j'en ai eu l'assurance qu'elle est légale », a-t-elle dit lors d'un point de presse, après avoir prononcé un discours devant des gens d'affaires.

Cette affirmation a fait bondir un ancien directeur général de la Ville de Québec, Denis De Belleval, qui a lui-même soulevé des doutes quant à la légalité de plusieurs aspects de l'entente conclue avec Quebecor.

M. De Belleval, un ancien ministre péquiste, a estimé que Mme Marois s'est substituée aux tribunaux en tirant ainsi cette conclusion. « Je croyais que Mme Marois n'était pas juge en chef de la Cour du Québec, a-t-il dit dans une entrevue téléphonique. Elle est chef de l'opposition. Normalement, c'est les tribunaux qui décident si quelque chose est légal ou pas. »

À l'Assemblée nationale, où le projet de loi spécial doit être déposé cette semaine pour ensuite être étudié, les péquistes sont les seuls à avoir conclu que l'entente avec Quebecor est légale, tous les autres partis ayant émis des réserves.

«Arrêter de niaiser» -Marois

Dans son discours devant les membres de la Chambre de commerce et d'industrie de Québec, Mme Marois a expliqué que les péquistes sont convaincus de la valeur du projet de 400 millions $, cofinancé par le gouvernement et la Ville de Québec.

Selon Mme Marois, l'édifice contribuera à l'activité économique de la capitale québécoise et c'est pourquoi elle a déclaré qu'il faut éliminer toute entrave au projet. « Une fois qu'on a pris une décision, moi je crois qu'il faut avoir le courage de l'assumer, de foncer, je vous dirais même qu'il faut arrêter de niaiser », a-t-elle déclaré.

« Nous voulons un amphithéâtre, nous voulons des événements internationaux sportifs, culturels à Québec? Nous voulons une équipe de la Ligue nationale de hockey? Agissons en conséquence et c'est pour ça que nous avons supporté le projet. »

Lors d'un point de presse qui a suivi son allocution, Mme Marois n'a pas nié que ses propos s'adressaient à M. De Belleval, qui pourrait demander aux tribunaux d'annuler l'entente avec Quebecor si elle n'est pas modifiée. « Ce qui est niaiser, c'est empêcher que des projets avancent alors qu'on pourrait les voir se réaliser à un rythme qui permet de satisfaire la communauté québécoise », a-t-elle dit.

Dans son discours, Mme Marois s'est montrée satisfaite de l'entente, en raison notamment du loyer que Quebecor versera pour obtenir le gestion de l'édifice, qui se situera entre 110 millions $ et 200 millions $ sur une période de 25 ans.

« Nous souhaitions que le privé s'implique et que ce ne soit pas que des fonds publics, a-t-elle dit. À nos yeux donc, toutes les conditions sont réunies. Nous n'avons pas hésité à parrainer un projet de loi privé pour permettre à la Ville de poursuivre ses démarches pour accueillir une équipe de la LNH ici dans la région. »

La députée péquiste Agnès Maltais a pour sa part déclaré que si elle est adoptée, la loi spéciale n'empêchera pas les poursuites judiciaires. Mais, lors d'un point de presse précédant le discours de Mme Marois, Mme Maltais a refusé de dire si elle empêcherait les requêtes en nullité. « Je n'entrerai pas dans les débats, a-t-elle dit. Je dis que c'est un projet de loi qui n'empêche pas les poursuites. »

La semaine dernière, M. Labeaume avait pourtant affirmé le contraire, réclamant le projet de loi pour mettre fin aux menaces de poursuites. M. De Belleval a estimé que les propos de Mme Maltais manquaient de clarté. « On est en pleine confusion, a-t-il dit. Si ça n'empêche pas les poursuites, pourquoi un projet de loi? J'essaie de comprendre. Il y a des raisonnements que j'ai de la difficulté à suivre. »