mercredi 23 février 2011

Desharnais l’imprévisible ; Gomez le robot

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Mario Leclerc sur le trottoir

La présente semaine a commencé par la fête des amoureux à la Saint-Valentin et, pour demeurer dans le ton, laissez-moi vous parler de mon coup de cœur de la saison du Canadien jusqu’ici : David Desharnais.
D’entrée de jeu, j’étais de ceux qui avaient haussé les épaules en apprenant la venue de l’attaquant de 24 ans à Montréal.
Dans le contexte où le Tricolore présentait la plus petite attaque de toute la LNH, je trouvais que l’ajout d’un autre schtroumpf dans la formation ne contribuait pas à améliorer la situation.
Or, Desharnais a mis très peu de temps à s’adapter à la LNH. Après seulement 19 matchs, le voilà maintenant parmi les joueurs importants de l’attaque du Canadien. De fait, depuis que Jacques Martin a décidé de l’utiliser davantage, le petit joueur de centre brille de tous ses feux, lui qui a récolté sept points à ses quatre derniers matchs.
Boucher l'avait prédit
Lorsque je pense à Desharnais, j’ai toujours en mémoire les propos de son ancien entraîneur chez les Bulldogs de Hamilton, Guy Boucher. Ce dernier, grand allié de Desharnais, expliquait les succès de son attaquant par sa capacité exceptionnelle à s’adapter à toutes les situations.
« C’est un joueur doté d’une intelligence peu commune, avait louangé Boucher. Partout où il est passé, on a émis des doutes à son sujet. Peu à peu, il est devenu le meilleur joueur de son équipe dans toutes les phases du jeu. Il l’a fait chez les juniors à Chicoutimi, puis dans la Ligue de Côte atlantique (Cincinnati), puis avec nous chez les Bulldogs. Il ne fait pas de doute dans mon esprit que David va trouver le moyen de s’ajuster si on lui donne la chance de jouer dans la LNH. »
Or, nous y voilà ! Desharnais a mis une quinzaine de matchs seulement à forcer la main de son entraîneur. Désormais, Jacques Martin ne peut plus élaborer un plan de match sans tenir compte de Desharnais. Non seulement l’athlète de Laurier-Station produit à un rythme régulier, mais il crée constamment des opportunités pour ses ailiers.
Savoir diversifier son jeu
La principale différence entre Desharnais et son principal « rival », Scott Gomez, est frappante.
La recrue du Tricolore utilise toute la largeur de la patinoire dans ses entrées de zone adverse lorsqu’il est en possession de la rondelle.
À l’opposé, Gomez a plutôt développé une habitude qui fait de lui un joueur sans imagination. Il s’avance à toute vitesse en zone centrale, pénètre avec le disque en territoire adverse, puis se dirige irrémédiablement sur le bord de la rampe avant de s’arrêter et de voir s’il n’y a pas un coéquipier à qui refiler la rondelle.
Le contraste est vraiment frappant : David Desharnais déroute ses adversaires par son caractère imprévisible, alors que Scott Gomez répète constamment la même recette qui fait les délices... de ses rivaux !
Photos d'archives Rue Frontenac
Match après match, présence après présence, tel un robot, Gomez répète et répète le même patron de jeu avec le résultat que tout s’étouffe rapidement. Très rarement voit-on Gomez bifurquer vers le centre de la patinoire pour créer un déséquilibre dans le camp adverse.
Or, c’est justement ce qui fait la force de Desharnais : son imprévisibilité. Il déconcerte ses rivaux par la diversité de son jeu.
À Martin de jouer
Bien sûr, Jacques Martin se retrouve dans une position délicate. D’une part, Gomez est un vétéran de 12 saisons qui commande un salaire astronomique (8 M$), mais qui, dans l’ensemble, est un bon joueur d’équipe. D’autre part, Desharnais est parmi les plus petits salariés de l’équipe (550 000 $) et son statut permet à l’organisation de le retourner aux ligues mineures quand bon lui semble.
Mais le temps semble arrivé pour Martin d’imiter ceux qui, avant lui, ont eu Desharnais sous la main à Chicoutimi, à Cincinnati et à Hamilton.
À son tour, Martin constate que Desharnais s’impose comme un élément indispensable à l’équipe. Reste maintenant à voir si l’entraîneur osera déboulonner Gomez du deuxième trio au profit du Québécois.
Les prochaines semaines nous diront si l’entraîneur en chef du Canadien est capable de placer les intérêts supérieurs de l’équipe avant les conventions.
À mon avis, tant Desharnais que Gomez ne lui donnent plus le choix.