mardi 4 janvier 2011

Maxim Lapierre, le CH et ses petites PME

http://www.ruefrontenac.com/mleclerc/32049-chronique-leclerc-lapierre

Blogues - Martin Leclerc

Il y a un petit bout de phrase de Maxim Lapierre qui a retenu mon attention quand on lui a demandé de commenter la transaction qui venait de le faire passer dans le camp des Ducks d’Anaheim: «Ce sera mieux pour ma carrière […] je suis content d’avoir la chance de passer à une équipe qui me donnera la chance de jouer plus souvent.»

À chaque saison, on nous raconte les mêmes bobards au sujet de l’esprit d’équipe «exceptionnel» qui règne dans le vestiaire du CH. Mais en bout de ligne, et c’est la nature du business qui est ainsi, ce sont toujours les intérêts individuels qui finissent par prendre le dessus sur les objectifs du groupe. Il peut y avoir une bonne ambiance de travail. Mais il y a rarement un véritable esprit d’équipe.

Rappelez-vous il y a deux ans. Le Canadien avait connu un début de saison exceptionnel. Mais dans le vestiaire, il y avait 11 vétérans sur le point d’accéder à l’autonomie complète (en plus de quatre jeunes joueurs qui en étaient à leur dernière année de contrat). Aux fêtes, certains avaient commencé à se concentrer un peu plus sur leur production personnelle que sur le plan de match, et d’autres commençaient à protester ouvertement contre leur temps d’utilisation.

Ceux qui jetaient les gants pour secouer l’équipe étaient laissés à eux-mêmes. On aurait dit 20 solitudes qui portaient le même chandail. Puis, au fil des semaines, lentement mais sûrement, Guy Carbonneau avait fini par devenir le bouc émissaire de ses joueurs. On connaît la suite…

L’an dernier? Il n’y en a pas eu, de problèmes!

Tomas Plekanec disputait sa dernière année de contrat, mais il connaissait la meilleure saison de sa carrière et Jacques Martin lui donnait tout le temps de glace du monde. Il était certain de faire banco. L’autre «futur joueur autonome» de l’équipe était Glen Metropolit, qui connaissait aussi la saison de sa vie, tout en sachant qu’il n’en avait plus pour longtemps dans la LNH.

Les autres joueurs susceptibles de profiter de leur autonomie étaient simplement heureux d’être là: Mathieu Darche (rappelé en cours de saison),
Dominic Moore (acquis dans une transaction dans le dernier droit du calendrier) et Marc-André Bergeron (boudé par toutes les équipes jusqu’à ce que Andrei Markov se blesse).

Dans toute la saison 2009-2010, les seuls vrais irritants auxquels les dirigeants du Canadien ont eu à faire face furent les protestations de l’agent de Jaroslav Halak, Allan Walsh.

Le gardien slovaque écoulait sa dernière année de contrat. Il allait enfin pouvoir profiter du droit à l’arbitrage. Et Walsh se déchaînait sur Twitter (et auprès de certains journalistes) parce que son client n’était pas équitablement utilisé par rapport à Carey Price.

Cette année? L’équipe a connu un départ canon. Mais depuis quelques semaines, on dirait que quelqu’un a lancé un tas de merde sur l’hélice d’un ventilateur. On dirait qu’on voit ressurgir la même indifférence ou le même phénomène qu’il y a deux ans…

Quatre défenseurs de l’équipe (Hal Gill, Roman Hamrlik, Andrei Markov et maintenant James Wisniewski) seront autonomes à la fin de la saison. Alexandre Picard et Josh Gorges écoulent aussi leur dernière année de contrat.

Et P.K. Subban (l’un des deux seuls défenseurs du club ayant un contrat en poche pour la prochaine saison) s’est soudainement mis à «déranger» le groupe. Coïncidence?

Peut-être. Peut-être pas. Ce qu’on sait par contre, c’est que d’ici la fin de la saison, la plupart des arrières de cette équipe ne seront préoccupés que par un objectif: leur prochaine entente contractuelle.

Du côté des attaquants, il y a tout de même six joueurs réguliers qui écoulent la dernière année de leur contrat. Maxim Lapierre était le septième.
Additionnez le nombre d’attaquants et de défenseurs en fin de contrat et ça fait beaucoup de monde qui, bien humainement, pense un peu plus, chaque semaine, aux intérêts de sa propre PME…

Andrei Kostitsyn, par exemple, se plaint de ne pas être utilisé suffisamment. Normal. Il est le troisième marqueur de l’équipe et il ne joue que 15 minutes par match. À la fin de la saison, n’a-t-il pas un important contrat à négocier?
Pendant un instant, chaussons maintenant les bottines de Lapierre.

Vous avez marqué 15 buts dans la LNH à l’âge de 23 ans. Vous avez maintenant 25 ans. Vous venez d’accepter un contrat modeste parce que votre dernière campagne a été décevante (vous avez joué en dépit d’une blessure durant de longs mois), mais vous vous êtes bien repris en connaissant d’excellentes séries éliminatoires.

Vous vous dites que les meilleures années de votre carrière s’en viennent.

Vous vous dites que vous avez mangé votre pain noir au sein de l’organisation et qu’après vous avoir développé durant toutes ces années, on finira par vous confier davantage de responsabilités. Vous vous présentez au camp extrêmement bien préparé. Vous vous impliquez davantage et vous vous faufilez même parmi les meneurs de la LNH au chapitre des mises en échec.

Votre production offensive? Elle n’est certainement pas gênante en comparaison avec celle des joueurs qui vous entourent.

Mais voilà, la gestion du temps de jeu fait en sorte que bien des coéquipiers passent devant vous. Le jeune qu’on vient de rappeler de Hamilton évolue au sein d’un des deux premiers trios. Et de votre point de vue, il n’a rien que vous puissiez lui envier. Que dire de ce vétéran qui ne fout rien sur la patinoire et qui a disputé plus de la moitié des matchs au sein du second trio? Et cet autre jeune sur lequel les dirigeants trippent parce qu’il joue bien en désavantage numérique, mais qui ne génère ni ne provoque jamais rien?

Bref, vous comparez. Vous savez que votre contrat d’un an achève. Vous pensez pouvoir faire plus, mais vous êtes conscient que votre sort ne s’améliorera jamais si on ne vous donne par l’occasion de jouer.

Le cas de Maxim Lapierre n’est pas unique. Tous les joueurs pensent de cette manière! Il est donc parti à Anaheim. Et il ne faudrait pas se surprendre qu’il finisse – comme bien d’autres avant lui – à démontrer qu’il avait raison de vouloir occuper une plus grande place chez le Canadien.

Il ne faudrait pas se surprendre non plus que, au cours des prochains mois, Jacques Martin doive peu à peu avoir plus de difficulté à diriger les 12 ou 13 autres joueurs qui vont continuer d’égrener les dernières semaines de leur contrat dans le vestiaire du Canadien.

Les Islanders à vendre?

Il y a des signes qui ne mentent pas. Les dernières transactions bouclées par les Islanders de New York démontrent que cette équipe éprouve de sérieuses difficultés financières et que ses dirigeants sont beaucoup plus préoccupés par leur budget que par la position de leur équipe au classement.
L’attaque des Islanders croupit au 28e rang de la LNH. Quel intérêt Garth Snow pouvait-il bien avoir à échanger James Wisniewski (son seul défenseur capable de générer un peu d’offensive) au Canadien? Pourquoi procéder à cet échange entre Noël et le jour de l’An alors que Snow aurait fort bien pu attendre jusqu’à la date limite des transactions? Était-ce si urgent pour les Islanders de mettre en banque un choix de deuxième ronde?

D’un point de vue sportif, cette transaction avait bien peu de sens. D’un point de vue comptable toutefois, elle permettait à l’organisation d’économiser la moitié des 3,250 millions de dollars que commande Wisniewski. Et il n’y a pas de petites économies quand on flirte avec le plancher salarial…

Samedi soir, Snow a encore resserré sa ceinture d’un cran en échangeant le vétéran gardien Dwayne Roloson au Lightning de Tampa Bay en retour de Ty Wishart, un défenseur sélectionné en première ronde en 2006, mais confiné à la Ligue américaine depuis le début de sa carrière.

À quoi bon échanger son deuxième gardien au jour de l’An quand le gardien numéro un de l’équipe, Rick DiPietro, se blesse constamment?

Roloson n’accaparait que 1,156 million sur la masse salariale de l’équipe.
Mais son salaire pour la saison s’élève quand même à trois millions. Une autre économie.

Les Islanders seraient à vendre que je ne serais pas surpris le moins du monde.

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