Quand nous avons commencé à publier RueFrontenac.com, Saku Koivu était encore capitaine du Canadien. Ça fait longtemps!
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Koivu sera de retour en ville en fin de semaine. Le combatif attaquant finlandais – dont le règne à titre de capitaine (9 saisons) a été le plus long de l’histoire du Canadien après celui du grand Jean Béliveau (10 saisons) – endossera l’uniforme des Ducks d’Anaheim samedi soir et disputera son tout premier match au Centre Bell en tant que «méchant adversaire» du Tricolore.
Pour répondre aux très nombreuses demandes d’entrevue qui lui ont été acheminées ces dernières semaines, le service des communications des Ducks a organisé une conférence de presse qui aura lieu vendredi après-midi.
Ce sera l’occasion pour Koivu de rappeler qu’il a passé de très bons moments à Montréal et de souligner que les partisans y sont extraordinaires. Il ajoutera peut-être, même, que son plus grand regret est de n’avoir pu remporter une coupe Stanley dans cette ville.
Ah oui! Il racontera aussi que la vie de hockeyeur à Anaheim est bien différente de celle qu’il a connue ici. Il dira qu’il y a moins de journalistes et que la Californie lui permet de savourer une existence un peu plus «privée».
Montréal l’a sérieusement magané
Après cela, il n’y aura plus grand-chose à soulever. Une question peut-être.
Quel souvenir gardez-vous de Saku Koivu? Quelle empreinte a-t-il laissée chez les féroces amateurs de hockey que nous sommes?
Personnellement, je me souviens d’un homme éloquent et très intelligent. Je me souviens aussi d’un formidable guerrier qui n’a vraiment pas eu la vie facile.
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| Saku Koivu mérite une bonne place dans le livre d'histoire du Canadien. Photo d'archives Reuters |
Soyons honnêtes. Les Québécois l’ont joliment magané, leur capitaine. D’ailleurs, le seul fait qu’il soit parvenu à porter l’uniforme bleu-blanc-rouge pendant 13 ans témoigne à lui seul de sa pugnacité et de l’épaisseur de sa carapace.
Ses dernières années en ville ont notamment été empoisonnées par une histoire de langue. Son constant refus de s’exprimer publiquement en français, alors qu’il avait acquis une certaine maîtrise de la langue de Molière, a été interprété par de nombreux partisans comme un manque de respect.
De quoi s’agissait-il en fait? Entêtement? Timidité? Manque de sensibilité? Crainte de devoir doubler le temps consacré aux médias? Allez savoir.
Son expérience aura au moins servi à ses successeurs. Dès leur arrivée à Montréal, Brian Gionta et Scott Gomez ont témoigné de leur «vif désir» de communiquer en français avec les partisans. Ils ont tant bien que mal répondu à quelques questions en français et n’ont plus jamais été inquiétés par la suite.
Mauvais casting
Koivu a aussi eu sur le dos des centaines de milliers de gens qui lui reprochaient de ne pas offrir une production digne d’un premier trio. Il était en fait la simple victime d’un mauvais casting. Si un cinéaste confie à un acteur un premier rôle que ce dernier est incapable de porter, à qui la faute? Au cinéaste ou à l’acteur?
D’ailleurs, avec un peu de recul, on se rend compte aujourd’hui que Koivu n’était pas aussi déphasé que le prétendaient ses détracteurs. Lorsqu’on divise sa carrière en tranches de 82 matchs, on obtient une production moyenne de 20 buts et 44 mentions d’aide, ce qui est supérieur à ce que Scott Gomez offre au Canadien.
La manière dont il s’est acquitté de ses tâches de capitaine a aussi soulevé beaucoup de mécontentement et de questionnements au fil des années. Et comme ce fut le cas pour tous les autres «irritants» notés durant son séjour à Montréal, je me suis toujours demandé si c’était attribuable à sa personnalité ou à un simple fossé culturel.
Par exemple, la vision des Nord-Américains, lorsqu’ils évoquent le rôle d’un capitaine, est celle d’un leader fort et rassembleur qui déploie tous les efforts pour que l’harmonie règne au sein d’une équipe
Koivu ne semblait pas issu de cette école de pensée. Lorsqu’il évoquait le «nous», on avait souvent l’impression qu’il parlait de lui et de sa garde rapprochée (allô Craig Rivet) et que les autres, les jeunes surtout, n’étaient que des figurants.
Dans tous les cas, les histoires et les rumeurs de division dans le vestiaire ont été nombreuses durant son règne. Et, en fin de compte, elles ont probablement aidé Bob Gainey et Pierre Gauthier à conclure, à l’été 2009, qu’il fallait donner un grand coup de vadrouille et renouveler le leadership du club.
Un vrai guerrier
S’il y a une chose qu’on ne pourra jamais lui reprocher, par contre, c’est de ne pas avoir prêché par l’exemple. La combativité et l’esprit guerrier de Koivu ont été reconnus par tous ceux qui l’ont affronté ou côtoyé sur la patinoire.
Par ses admirateurs comme ses détracteurs.
Son retour au jeu, survenu à trois matchs de la fin de la saison 2001-2002 après qu’il a combattu un cancer, figure parmi les très grands moments de l’histoire du Centre Bell. Et même de la très longue histoire de cette équipe.
Et que dire de la grave blessure à l’œil droit que lui avait infligée Justin Williams (un coup de bâton accidentel) durant les séries de 2006?
Malgré des séquelles permanentes (avec lesquelles il compose depuis ce temps), Koivu était revenu au jeu la saison suivante comme si de rien n’était.
Et il s’était offert une récolte de 75 points, la meilleure de sa carrière…
Ne serait-ce que pour cet incroyable aspect de sa personnalité et de son jeu, Koivu mérite une bonne place dans le livre d’histoire de cette équipe. Mais pas dans les premières pages. Car ce serait un autre mauvais casting.
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