mercredi 8 décembre 2010

Jacques Martin ne doit pas exagérer avec Subban...

http://www.ruefrontenac.com/pierredurocher/31291-durocher-chronique

Blogues - Pierre Durocher
Habituellement, une équipe gagnante est sans histoire. Sauf chez le Canadien, où ça ne lâche à peu près jamais. Le dossier du retrait de la formation de P.K. Subban est sur toutes les lèvres depuis une semaine.

Je ne m'en cache pas : j'ai sursauté jeudi dernier en apprenant que Jacques Martin laissait de côté Subban.

J'étais en désaccord avec cette décision parce que je jugeais qu'en l'absence d'Andrei Markov, le Canadien ne pouvait pas se permettre le luxe de se priver des services de son défenseur le plus talentueux et le plus dynamique.

On sait ce qui est arrivé : le Canadien a battu les Devils par la marque de 5 à 1 et Yannick Weber a formé une bonne paire avec Alexandre Picard.

Croyant qu'un match hors de la formation était suffisant comme punition pour les écarts de conduite de Subban, je m'attendais à le voir de retour dans la formation contre la puissante attaque des Sharks samedi au Centre Bell. Erreur. La pénitence de P.K. s'est poursuivie.

Le Canadien a de nouveau disputé un solide match sur le plan défensif, battant les Sharks par la marque de 3 à 1 et Weber a été excellent.

Après cela, je me doutais bien que Martin reviendrait avec la même formation face aux Sénateurs mardi soir. Le Canadien a une fois de plus bien joué défensivement pour l'emporter 4 à 1. Weber et Picard ont de nouveau bien paru, pendant qu'un Subban songeur et fin seul regardait le tout du haut de la galerie de la presse.

Il sait ce qu'il fait mais...

En résumé, le Canadien n'a accordé en moyenne qu'un seul but par match depuis la mise à l'écart de Subban. Force est d'admettre que Martin doit savoir ce qu'il fait et qu'il est fort difficile de critiquer ses décisions.

L'entraîneur est payé pour gagner des matchs et Martin le fait très bien depuis le mois d'avril dernier. Le rendement du Canadien est au-delà de toutes les attentes, surtout quand on pense que Markov n'est pas là. C'est bien la preuve que le système de jeu mis en place par le groupe d'entraîneurs fonctionne.

Le Canadien ne se pavane-t-il pas avec la deuxième meilleure moyenne défensive (1,92) de la LNH ? On n'a pas vu ça à Montréal depuis les belles années de Patrick Roy !

Ce n'est pas la première fois depuis le début de sa carrière que Martin se montre sévère et intransigeant à l'endroit d'un joueur recrue talentueux. Il avait agi de la même façon avec Jason Spezza à Ottawa, me faisait remarquer le confrère du quotidien Le Droit, Sylvain Saint-Laurent, mardi soir. Spezza était même retourné dans la Ligue américaine...pour apprendre à «jouer selon le système».

Il ne faudrait pas exagérer !

J'espère toutefois que Martin ne va pas exagérer avec cette leçon qu'il sert présentement à Subban. Si P.K. ne participe pas à l'un des deux matchs de la fin de semaine à Detroit et à Toronto, il y aura lieu de se poser de sérieuses questions.

C'est bien beau de faire confiance à Picard et à Weber, mais Subban est, à ce que je sache, le défenseur le plus talentueux de l'organisation du Canadien, le plus prometteur. Il sera le défenseur numéro 1 du CH pour plusieurs années.

En prolongeant le supplice qu'il impose à P.K., qui est littéralement piqué dans son orgueil, Martin risque de miner la confiance du défenseur de 21 ans.

L'exemple de Claude Lemieux
L'entraîneur nous disait vendredi dernier qu'il ne veut pas changer la façon de jouer de Subban, qui a tout de même présenté une fiche défensive de plus 5 en 25 matchs. C'est à souhaiter, car le Canadien a besoin de ce genre de joueur spectaculaire, hargneux et robuste au sein de sa formation.

L'équipe a besoin d'un joueur qui peut être « baveux » et arrogant. Le style flamboyant de Subban dérange ses adversaires.
Il n'y a rien de mal à tomber sur les nerfs de l'équipe adverse. Claude Lemieux était un spécialiste en la matière et il a connu une très belle carrière. Subban devra juste apprendre à ne pas tomber sur les nerfs de ses propres coéquipiers !

Qui veut être son grand frère?

Il est à souhaiter que Subban finira par se trouver un grand frère chez le Canadien qui le mettra sous son aile, comme le gros Alex Henry avait si bien fait avec lui la saison dernière à Hamilton.

Ce jeune homme exubérant a besoin d'un mentor, qui saura rappeler Subban à l'ordre à l'occasion, lui dire à quel moment il doit se « calmer le pompon ».

Selon l'analyste Dany Dubé, Subban n'aurait pas pris soin d'écouter les vétérans qui lui disaient de se calmer, de se fermer la trappe. Visiblement au-dessus de ses affaires, il les auraient même envoyé promener. Ça ne se fait pas.

On a d'ailleurs vu le pacifique Tomas Plekanec y aller de quelques coups de bâton dans le dos de Subban lors de séances d'entraînement. P.K. avait beau nous dire que les joueurs s'amusaient, personne ne l'a cru.

Un joueur recrue ne peut pas jouer les fanfarons s'il veut se faire accepter par ses nouveaux coéquipiers, qui forment déjà un groupe uni. Subban doit se faire plus discret dans le vestiaire. Il ne choisira probablement plus la musique à l'avenir !

L'abcès a été crevé avant qu'il ne devienne trop gros

Il y avait un malaise et Jacques Martin n'attendait qu'un mauvais match de la part de Subban pour lui passer le message que l'équipe doit passer avant tout. Il a décidé de crever l'abcès avant qu'il ne devienne trop gros.

Maintenant, il faut espérer, pour le bien du développement de P.K., que son purgatoire ne se prolongera pas plus longtemps.

Martin a été clair là-dessus : il veut établir une saine compétition parmi ses jeunes défenseurs. C'est parfait. Sauf qu'il doit aussi réaliser qu'il n'a pas affaire à un joueur comme les autres en Subban, qu'on voit comme un futur défenseur étoile dans la Ligue nationale.

Je suis convaincu que lorsqu'il retrouvera sa place dans la formation, P.K. sera meilleur que jamais. Car c'est en surmontant l'adversité qu'un athlète de grand talent s'améliore.

benhur88