samedi 30 juillet 2011

Therrien se considère tout de même privilégié

http://lejournaldemontreal.canoe.ca/journaldemontreal/sports/hockey/archives/2011/07/20110730-014705.html


Pour la première fois en 14 ans, Michel Therrien n’est affilié à aucune organisation de la Ligue nationale. Vous pensez bien qu’il n’est pas sans être déçu. On connaît le dicton : entraîneur un jour, entraîneur toujours. Mais l’ancien entraîneur du Canadien et des Penguins n’est pas en colère. Il se considère même chanceux.
« Il ne faut pas oublier que c’est un privilège de diriger dans la Ligue nationale », dit-il sur un ton philosophe.
C’est vrai.
Les entraîneurs en herbe et les gérants d’estrades se comptent par milliers, mais une trentaine d’hommes seulement ont la chance de faire ce travail dans la meilleure ligue de hockey du monde.
À moins d’être à l’emploi des Sabres de Buffalo (Lindy Ruff) ou des Predators de Nashville (Barry Trotz), le poste n’offre aucune sécurité, quoique certains aient neuf vies.
Therrien a été congédié moins d’un an après avoir mené les Penguins à deux victoires de la coupe Stanley, il y a trois ans.
À son arrivée à Pittsburgh, les Penguins étaient une équipe moribonde, malgré l’arrivée de Sidney Crosby.
Tout était à refaire.
La saison suivante, les Penguins prenaient part aux séries pour une première fois en cinq ans.

Cinq ans auparavant, Therrien avait conduit le Canadien à une première présence aux séries en quatre ans, sans Saku Koivu, qui combattait un cancer.
Certes, José Théodore avait connu une saison extraordinaire, mais cela n’enlève rien au mérite de Therrien, au contraire.
Le Canadien traversait l’une des pires périodes de son histoire. Therrien disposait d’une formation peu talentueuse.
Rencontre avec Fletcher
Avec six postes disponibles à la fin de la dernière saison, Therrien était en droit de penser qu’il reprendrait du service derrière le banc d’une formation de la LNH.
En mars, il a décliné une offre de l’équipe de Fribourg, de la Ligue nationale A de Suisse, circuit dans lequel son bon copain et ancien patron Bob Hartley a décidé de réorienter sa carrière.
« Je ne voulais pas m’engager pour deux ans et on me demandait de donner une réponse tout de suite, dit-il.
« J’étais confiant d’avoir le poste au Minnesota ou au New Jersey. »
Le Wild a arrêté son choix sur Mike Yeo, son ancien adjoint à Pittsburgh, tandis que les Devils ont embauché Peter DeBoer. Pourtant, Therrien faisait partie de l’organisation du Wild, à titre d’éclaireur des ligues professionnelles, et il connaissait bien le directeur général Chuck Fletcher, qu’il avait côtoyé dans l’organisation des Penguins.

Il a eu droit à une rencontre avec Fletcher.
« C’était la première fois que je passais une entrevue pour un poste d’entraîneur, quoiqu’on ait plus jasé qu’autre chose, raconte-t-il.
« Au niveau junior, Bob Hartley m’avait amené avec lui à Laval. J’ai suivi ensuite la famille Morissette à Granby.
« À Montréal, Réjean Houle m’a offert le poste en plein milieu de la nuit alors que je revenais d’un match à Hamilton avec les Citadelles de Québec. »
Enfin, Therrien dirigeait la filiale des Penguins, à Wilkes-Barre, lorsqu’il a succédé à Ed Olczyk au cours de la saison 2005-2006.
Lamoriello lui a expliqué
La semaine dernière, le dernier poste vacant était comblé avec l’embauche de DeBoer au New Jersey.
« Lou Lamoriello m’a appelé pour me dire qu’il avait décidé de prendre une autre direction », confie-t-il.
C’est donc dire qu’il était dans la mire du directeur général des Devils.
Therrien accepte son sort.
« Je n’y peux rien, c’est hors de mon contrôle, dit-il.
« Mais je ne suis pas convaincu que les portes sont fermées. »

Interprétation de journalistes
Or, certains journalistes new-yorkais se demandaient, dans les jours précédant la nomination de DeBoer, si son style corrosif pourrait plaire aux joueurs des Devils.
Cette remarque le fait sourire.
« À Montréal, j’étais un player’s coach et, à Pittsburgh, j’étais trop tough ! », réagit- il en pouffant de rire.
« Je suis un entraîneur qui croit aux vertus des sacrifices et de la discipline. À mon arrivée à Pittsburgh, j’ai hérité d’une équipe dont il fallait changer les habitudes et la culture. Un choc culturel s’imposait.
« De plus, l’équipe comptait plusieurs jeunes. C’est une chose de leur inculquer des choses inhérentes au jeu, mais il faut les guider aussi dans la vie.
« Il faut instaurer une structure et une discipline pour qu’une équipe joue au maximum. »
Therrien est bien conscient qu’il n’a pas plu à tous les joueurs qu’il a dirigés, mais il ne pense pas avoir mauvaise réputation.
« Les médias interprètent souvent à leur manière et ça déborde avec l’Internet et les médias sociaux, estime-t-il.
« Je prends ça avec un grain de sel. Plusieurs joueurs des Penguins me font l’accolade quand on se voit. »
Ainsi va la vie d’un entraîneur professionnel.
Drôle de métier quand même.