mercredi 20 juillet 2011

Chronique - Une autre surprise

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Yvon Pedneault
20/07/2011 01h10 


En réalité, Jacques Lemaire n’a jamais songé à revenir derrière le banc. Même les gros sous du propriétaire n’auraient rien changé à la situation… Peut-être qu’un « dix roues » de la Brink’s…
 
Mais les noms avancés pour assurer la relève ont tous disparu d’un coup de baguette, le genre de coups auxquels nous habitue Lou Lamoriello. J’avais eu vent que les joueurs des Devils et leur patron questionnaient le passé de Michel Therrien, pourtant un candidat au poste d’entraineur en chef de l’équipe depuis deux ans.
 
On m’avait dit également que le nom de Guy Carbonneau, même s’il n’a pas été pressenti, revenait dans les discussions. Certains préféraient Carbonneau à Therrien.

Sauf que Lamoriello avait un autre plan.
 
Tout d’abord, il convoitait un entraineur d’expérience.
 
Il recherchait un entraineur avec un modèle de gestion basé sur la défense.
 
Et, il voulait aussi un pilote capable de diriger des vétérans.
 
Un entraîneur méthodique
 
J’ignore si Peter Deboer, embauché par les Devils, hier, saura composer avec les joueurs des Devils. J’ignore comment il se comportera devant autant de patineurs ayant passé des années et des années dans le régime de Lamoriello.
 
Au niveau de sa façon de bien préparer son équipe, les notes sont tout de même intéressantes. DeBoer est méthodique, il possède un bon système mais sur le plan de la motivation, on ne le sait pas. Il a échoué en Floride, ne l’oublions pas.
 
Cependant, à sa défense, il faut reconnaître que Jacques Martin lui a donné tout d’abord une équipe bien ordinaire et n’a rien fait pour l’améliorer. Par la suite, sous un nouveau régime, les résultats furent similaires.
 
Les Panthers n’ont jamais réussi à se qualifier pour les séries éliminatoires bien qu’ils aient raté le rendez-vous printanier au bris d’égalité avec le Canadien, il y a deux ans. Il y a cependant un élément qu’on ne peut pas négliger, quand on accepte un poste dans l’organisation des Devils, il faut savoir que les règles du jeu sont celles de Lamoriello. Il dirige tout, il prend les décisions et il a toute la confiance des joueurs.
 
Julien sacrifié
 
Les patineurs des Devils ont une relation particulière avec le grand patron. Ils ont décidé du sort de Claude Julien en précisant que l’équipe n’irait nulle part en séries éliminatoires si le pilote demeurait en place.
 
Lamoriello l’a remplacé par… Lamoriello. Quelques jours plus tard, les Devils étaient éliminés. Mais, personne n’a crié mea culpa.
 
Le défi de DeBoer sera de gagner la confiance des joueurs des Devils. De gagner le respect de ceux qui vivent dans cette organisation depuis plusieurs années.
 
Avec Lemaire derrière le banc, c’était bien différent. Le patron dans le vestiaire, c’était l’entraineur. On le connaissait bien, on l’appréciait au plus haut point et on savait qu’il pouvait avoir une grande influence sur Lamoriello.
 
Le dossier Langenbrunner
 
Le dossier de Jamie Langenbrunner le démontre clairement.
 
La saison précédente, alors que Lemaire a décidé qu’il en avait assez, il a déposé un dossier sur le bureau de Lamoriello, l’informant de ses états d’âme. Dans le document, il faisait une analyse approfondie de tous les effectifs de l’équipe.
 
Est-il besoin de préciser qu’il ne fut pas trop tendre à l’endroit de Langenbrunner, le capitaine de l’équipe? Au cours de la saison, il avait eu maille à partir avec son vétéran, l’invitant même à prendre quelques « matchs » de congé.
 
Quand Lemaire s’est présenté dans le vestiaire des Devils, tout juste avant la période des fêtes, la saison dernière, on savait très bien que les jours de Langenbrunner étaient comptés. Le pilote est un entêté et quand il a une idée sur un joueur, on peut difficilement le convaincre de modifier son analyse.
 
Langenbrunner a été échangé aux Stars de Dallas, une décision confirmant l’influence qu’exerçait Lemaire sur le directeur général de l’équipe.
 
Des pro-Lemaire
 
Dans ce vestiaire, il y a plusieurs pro- Lemaire, notamment Ilya Kovalchuk qui a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’avait jamais évolué pour un entraineur aussi clairvoyant que Lemaire. Et quand une équipe se permet une séquence de 23-3-2, la relation entre les joueurs et le pilote est plutôt cordiale.
 
Ce que DeBoer sait déjà, c’est que, depuis le lock-out, les Devils ont eu six entraîneurs. Si Lamoriello prône la stabilité au sein de son entreprise – il a accordé des contrats de plusieurs saisons à des vétérans ayant connu leurs meilleurs moments – on ne peut pas dire qu’il applique la même gestion quand vient le temps d’analyser ses entraineurs.
 
DeBoer est un bon pilote selon les informations recueillies, hier. Mais, dans le monde de Lamoriello, il faut être un brillant pilote. Et encore.
 
Claude Julien, entre autres, était un excellent pilote. Les joueurs et Lamoriello l’ont jugé sans attendre le plaidoyer de l’accusé.
Pourtant, ils auraient dû. Celui qu’ils ont chassé cavalièrement du New Jersey vient de gagner la coupe Stanley avec les Bruins…
 
Dommage pour Michel Therrien. On croyait vraiment qu’il avait de fortes chances de remplacer Lemaire. Ce qui est triste, c’est que les portes se ferment. On pensait que le Minnesota aurait été un endroit idéal pour Therrien.
 
Mais non.

Et voilà que le New Jersey vient de combler le dernier poste disponible.