François Gagnon
Journaliste à La Presse
Difficile de ne pas se réjouir pour Marc-André Bergeron qui vient d’obtenir l’occasion qu’il attendait depuis longtemps de revenir dans la LNH.
On ne sait pas ce que James Wisniewski présentera comme statistiques une fois la saison terminée, mais je vous pose une question : si on vous donnait le choix, si les bâtons des deux joueurs étaient au centre de la patinoire et que vous étiez l’un des capitaines qui forment leur équipe en sélectionnant les bâtons étendus sur la glace, est-ce que vous saisiriez celui de Bergeron avant celui de Wisniewski?
On ne sait pas ce que James Wisniewski présentera comme statistiques une fois la saison terminée, mais je vous pose une question : si on vous donnait le choix, si les bâtons des deux joueurs étaient au centre de la patinoire et que vous étiez l’un des capitaines qui forment leur équipe en sélectionnant les bâtons étendus sur la glace, est-ce que vous saisiriez celui de Bergeron avant celui de Wisniewski?
Difficile aussi de ne pas aimer Bergeron.
Petit gars de la place, armé d’un tir frappé foudroyant et d’une franchise toujours bienvenue lorsqu’on le croisait dans le vestiaire du Canadien comme de toutes les équipes dont il a défendu les couleurs, Bergeron s’est fait bien des amis l’an dernier avec ses 13 buts, dont sept en attaque massive, et 34 points récoltés en 60 matchs avec le Tricolore.
À cause de ces statistiques favorables et du fait qu’il soit un Québécois, une denrée rare chez le Canadien, plusieurs partisans et observateurs ont poussé les hauts cris parce que Pierre Gauthier lui a simplement souhaité bonne chance une fois que Bergeron, remis de l’opération au genou subie l’été dernier, s’est mis à la recherche d’un contrat dans la LNH.
Pas question de dénigrer Bergeron. Loin de là. Mais je crois humblement que plusieurs capitaines s’assureraient de saisir le bâton de «Cheez Wiz» avant celui de «Bergie».
Les deux transforment leur bâton en canon. Les deux sont capables de relancer les attaques avec de bonnes passes, les deux ne sont pas les meilleurs dans leur territoire, mais Wisniewski me semble – après trois matchs en tout cas – plus solide physiquement et en mesure de racheter les erreurs qu’il commet.
Et comme le Canadien savait exactement ce que Bergeron avait à offrir, il me semble juste normal d’avoir misé un sur un autre défenseur qui pourra peut-être en donner plus.
Et si Pierre Gauthier arrive à mettre Wisniewski sous contrat, pour longtemps et à bon prix, ce sera une excellente acquisition.
Cela dit, il faut s’attendre à des éclairs de la part de Bergeron une fois qu’il se retrouvera avec le Lightning.
Déjà que Tampa compte sur une attaque massive dévastatrice, les Lecavalier, Stamkos et Gagné vont se croire au paradis lorsqu’ils n’auront qu’à sauter sur des retours accordés parce qu’il est très difficile pour les gardiens de contenir les tirs de Bergeron en attaque massive.
Et Bergeron récoltera des points. Plusieurs points. Peut-être même beaucoup de points. Il faudra alors se demander s’il aurait été en mesure d’en récolter autant avec une équipe moins explosive en attaque, comme le Canadien.
Mais il y a plus.
La défensive du Lightning est beaucoup plus suspecte que celle du Canadien. Derrière les Suédois Ohlund et Hedman, il y a peut-être Brett Clark qui peut rivaliser à certains points de vue avec Bergeron. Et encore. C’est pour cette raison que lorsque le nom de Bergeron est revenu à la surface dans les discussions autour de la LNH, Tampa Bay arrivait tout en haut de la liste des équipes susceptibles de présenter de l’intérêt et de représenter une bonne affaire pour le Trifluvien.
Il sera donc plus facile pour Marc-André de tailler une place au sein du groupe de six arrières à Tampa qu’à Montréal. Et avec la qualité des passes qu’il effectue en relance, il se fera vite des amis.
Comment vite?
Ça dépendra de Bergeron qui dictera la durée de son apprentissage dans la
Ligue américaine à Norfolk en Virginie.
Avant de se joindre au Canadien l’an dernier, Bergeron est passé par Hamilton où il a joué sous les ordres de Guy Boucher. Ça l’aidera lorsqu’il le retrouvera.
Je me souviens qu’au-delà des points récoltés à Hamilton lors des premiers matchs, Bergeron me disait qu’il était toujours en sens contraire du jeu à ses premiers matchs tant il revenait de loin lorsque le Canadien l’a mis sous contrat.
Il revient de plus loin encore cette année. Et il a dû attendre pas mal plus longtemps qu’il ne l’avait envisagé et accepter un contrat d’une saison seulement, un contrat à deux volets en plus, avant d’obtenir la chance qu’il réclamait.
Si je comprends très bien la décision du Canadien et que les derniers jours lui donnent raison selon moi, je croyais vraiment que Bergeron se trouverait une niche dans la LNH beaucoup plus rapidement.
Mais bon!
Il ne fait pas de doute qu’il passera des plages de Virginia Beach à celles de St.Petes ou Clearwater assez vite.
C’est du moins la grâce qu’on lui souhaite.
Et une fois Bergeron bien campé à la ligne bleue, une fois Dwayne Roloson bien campé devant le filet, avec les St-Louis, Stamkos, Lecavalier, Gagné, Malone et Bergenheim, je crois bien que le Lightning me donnera raison de l’avoir placé devant le Canadien au classement final de la saison régulière.
Et puis, j’aimerais pas mal mieux me retrouver à Tampa qu’en Caroline une fois en séries…
Entre les lignes
J’ai une autre petite question à vous poser. Après deux victoires avec le Lightning, dont sa toute première aux dépens du Canadien, Cédrick Desjardins a été renvoyé dans les mineurs. En plus, Steve Yzerman a complété une transaction pour obtenir Dwayne Roloson des Islanders. Quelles auraient été vos réactions si le même scénario s’était déroulé à Montréal? L’émeute? Des grands cris à l’injustice? Un autre affront aux Québécois, même si Desjardins vient du Nouveau-Brunswick, un complot des fédéralistes?
Je vous demande ça parce que cet exemple reflète exactement ce que je veux dire lorsque je parle d’excès d’émotions dans les réactions des amateurs et des observateurs lorsque vient le temps d’analyser les décisions du Canadien…
Et c’est peut-être pour ça que le Tricolore a misé sur un anglophone nébuleux comme Alex Auld à titre d’adjoint de Carey Price, plutôt que sur un Martin Biron ou un autre Québécois qui aurait enflammé les passions dès les premiers signes de faiblesse du gardien numéro un…
Bonne journée.
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