RALEIGH, Caroline du Nord - La LNH a pris un risque en changeant le format du match des étoiles. Le repêchage de ce soir pourrait s’avérer un succès retentissant comme un flop monumental et de la mauvaise télé. Toutefois, peu importe le résultat, on ne pourra jamais reprocher cette audace aux penseurs du circuit.
Qu’y avait-il de plus ennuyant que l’ancienne formule de l’Est contre l’Ouest ?
« J’aime le nouveau format, mentionne le vieux Nicklas Lidstrom. J’ai hâte au repêchage. Je suis persuadé qu’on aura du bon temps. »
Lidstrom avait carrément boudé la dernière édition de la classique, en 2009, à Montréal. « Been there, done that », disent les anglais. La LNH lui avait gentiment tapé sur les doigts, avec une suspension d’un match.
L’humain parfait (c’est son surnom dans le vestiaire des Red Wings) a simplement haussé les épaules.
Quand les joueurs eux-mêmes se foutent de l’événement, imaginez le public !
Ainsi, Brendan Shanahan, vice-président au développement des af faires hockey de la LNH, avait un lourd mandat : ramener un peu de magie dans ce qui n’était devenu qu’une plate pause dans la saison, un passage obligatoire pour les vedettes à qui on demande un petit effort de guerre, côté marketing, pour mousser le happening annuel.
Pour l’enjeu, on repassera.
Plus de compétition ?
Ce week-end, non plus, remarquez, on n’aura pas droit à la Série du siècle ou à Rendez-vous ‘87.
« La chose la plus importante, dans ce genre d’événement, est de donner un bon spectacle, souligne Martin St-Louis, l’un des deux assistants de Lidstrom.
Toutefois, c’est aussi essentiel de prendre toutes les précautions pour éviter les blessures. On ne veut pas qu’une malchance hypothèque la course vers les séries de notre équipe. Le nouveau format augmentera le niveau de compétitivité, mais pas de là à se mettre dans une position vulnérable. »
Des coéquipiers joueront l’un contre l’autre. Les frères Sedin seront peut-être séparés. Qui sera le dernier joueur sélectionné ? La formule a le potentiel de générer plusieurs petits enjeux croustillants.
La LNH a innové et gagné son pari, avec la sensationnelle série HBO 24/7.
C’était aussi très risqué, de montrer les boys dans le vestiaire, sans quelconque censure, avec des jurons au quart de tour. La série a permis au hockey de la
LNH de rejoindre une autre clientèle. Idem pour la Classique hivernale.
Plus cool
Soudainement, le hockey est devenu un peu plus cool ; encore marginal dans le vaste marché américain, certes, mais avec une plus-value en termes de spectacle.
À la fin du repêchage, ce soir, il restera une dizaine de joueurs. Puis cinq, quatre, trois…
Il sera intéressant de voir comment les caméras de télé capteront les émotions des derniers en lice.
Plusieurs téléspectateurs se rappelleront peut-être leur enfance ces moments d’angoisse où, par manque d’habiletés, on vous choisissait le dernier, dans la cour d’école… « Ok, ok, viens-t’en avec nous, puisqu’on n’a pas le choix. »
« Non, tu ne veux pas te ramasser le dernier, indique Patrick Kane, l’autre adjoint de Lidstrom. Mon coéquipier Patrick Sharp et moi avons fait plusieurs blagues à ce sujet. C’est une situation difficile, mais, en même temps, il ne faut pas oublier qu’il y a plus de 600 joueurs de la LNH qui ne participeront pas à ce match. Y prendre part est déjà un bel exploit. »
Le plus beau scénario pour la LNH: que le dernier choisi, dans une conclusion à la Disney, compte le but vainqueur de son club…
Y aura-t-il un peu de magie, ce weekend ? Rien n’est garanti. Au moins, la LNH a pris un risque, et un beau risque.
Changer, innover, c’est toujours bien mieux que rester les mains dans les poches, à ne rien faire.
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